Carrie Lam a été élue dimanche 26 mars pour devenir le prochain chef de gouvernement de Hong Kong SAR. Dans un contexte tendu, son entrée en fonction, le 1er juillet 2017, coïncide avec la célébration du vingtième anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine. Ce que l'on peut retenir :
Sur son élection : une large victoire soutenue par le camp pro-establishment
La campagne électorale a débuté en décembre 2016. Suite aux nominations, trois candidats se sont affrontés pour remporter le vote des membres du comité électoral, majoritairement pro-Pékin. Carrie Lam Cheng Yuet-ngor a été élue à l'issue du premier tour avec 777 voix sur les 1,194 membres, contre John Tsang Chun-wah, 365 voix, et Woo Kwok-hing, 21. A priori, aucune des voix des membres du camp pro-démocrate (326 électeurs) ne lui aurait été donnée. Le soutien populaire dont était crédité John Tsang (+25 points dans les sondages d'opinion) a eu peu d'effet sur le choix du comité.
Sur ses déclarations pour former un gouvernement : « une équipe ouverte pour aplanir les divisions »
Carrie Lam a réaffirmé sa méthode lors de son discours d'investiture : vouloir associer le maximum de personnes, employés, experts, hommes d'affaires, chercheurs pour venir avec des idées nouvelles et formuler les prochaines réformes. ?Hong Kong a souffert de sérieuses divisions et a accumulé beaucoup de frustrations. Ma priorité sera de rassembler ces personnes divisées et de réduire la frustration dans la société pour que Hong Kong aille de l'avant ».
Il est encore tôt pour connaître le nom des prochains Secrétaires du Conseil Exécutif. Carrie Lam s'appuiera certainement sur son équipe de campagne qui comprenait d'anciens membres éminents de l'administration (notamment Hong Kong Stock Exchange), sur les soutiens des milieux d'affaires et sur des personnalités influentes pro-Pékin.
En revanche, le ralliement ou la nomination de personnalités pro-démocrates, même modérées, semblent délicats (il n'y pas eu de discours des pro-démocrates à l'annonce des résultats et certains qualifient Carrie Lam de ?CY 2.0? en l'assimilant à l'actuel chef de gouvernement Leung CY).
Ses chantiers prioritaires : des réformes certes mais pas de réforme démocratique pour l'instant
L'accès au logement, les mesures sociales, l'éducation et la compétitivité de Hong Kong ont été les thèmes récurrents de la campagne avec, en toile de fond, des inégalités croissantes sur le territoire. Autre thème majeur qui a concentré toutes les crispations : les réformes politiques (dont le suffrage universel).
Carrie Lam l'a dit, elle n'entamera pas son mandat sur des réformes politiques malgré les assauts répétés sur le sujet. Elle a réaffirmé lors de son investiture vouloir procéder par réformes successives dans les domaines social et économique car elle estime ces avancées plus à même de pacifier la société, préalable pour elle à toute nouvelle réforme du système politique.
L'éducation a été citée en premier lors de son investiture avec un plan d'investissement supplémentaire de 5 milliards d'HKD (accent mis sur les formations et les classes restreintes), l'immobilier (augmentation l'offre et recherche de nouveaux terrains), les réformes fiscales (encouragement des dépenses de recherche et de développement et concertation possible sur un impôt progressif) et les politiques en faveur de la jeunesse conformément à son programme politique (à retrouver sur son site de campagne).
Sur son expérience : 36 ans consacrés à l'action publique et politique dans des secteurs très diversifiés
1980 : 1er poste dans le gouvernement colonial britannique après avoir été diplômée en sociologie (Hong Kong University)
1990 : missions dans l'administration dont 7 ans au département financier (budget et contrôle des dépenses)
2000 à 2007 : plusieurs postes de direction dans les affaires sociales, l'habitat et les affaires intérieures après un passage à Londres pour diriger le Bureau Economique et Commercial de Hong Kong (2004-2006)
2007 : 1er poste gouvernemental en tant que Secrétaire au Développement
2012 : Première Secrétaire (n°2 du gouvernement) dans l'administration de Leung Chun-ying
Le 12 janvier 2017, elle démissionnait pour se lancer dans la campagne électorale. A 59 ans, elle sera la première femme à occuper le poste de Chef de l'Exécutif à Hong Kong. Les annonces de nominations et les réactions des pro-démocrates vont rythmées l'agenda politique jusqu'à son entrée en fonction.
Marc Schildt (www.lepetitjournal.com/hong-kong) - mardi 29 mars 2017
Lire aussi :
CHIEF EXECUTIVE ELECTION : les jeux sont faits ?
Une élection du chef du gouvernement sous multiples influences