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ALLAN ZEMAN – Le père de Lan Kwai Fong, évincé d’Ocean Park

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 24 juin 2014, mis à jour le 11 novembre 2014

 

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Après 11 ans de bons et loyaux services, le milliardaire hongkongais Allan Zeman est débarqué de la présidence d'Ocean Park, dont il a fait pourtant l'un des parcs d'attraction les plus rentables au monde.

Allan Zeman, de la lingerie?

Allan Zeman fait partie de ces self-made men dont l'histoire n'en finit pas de faire rêver. Né en 1949 à Ratisbonne, ce Canadien d'origine allemande abandonne ses études à l'âge de 16 ans pour entrer dans une usine de lingerie où il prépare les commandes avant de passer à la concurrence pour apprendre le métier de commercial.

Allan Zeman à Ocean Park, 2009

Trois ans plus tard, le jeune homme est à la tête de sa propre entreprise de textile qui importe au Canada des vêtements pour femme fabriqués en Extrême-Orient. L'année suivante, l'entrepreneur qui a alors tout juste 20 ans déménage son activité à Hong Kong et ouvre en quelques années une trentaine de succursales dans toute l'Asie. En 2000, Zeman cède finalement sa société à son plus grand concurrent local pour un montant de 282 millions de USD (2,2 milliards HKD) en cash et en actions. Une vente qui signe son entrée définitive dans le monde du loisir et du spectacle.

? aux bars de Lan Kwai Fong

Depuis 1983, l'homme d'affaires avisé a investi dans l'immobilier et la restauration dans le quartier de Lan Kwai Fong qui lui vaut son surnom le plus connu. En quelques années, il y développe un véritable petit empire : des dizaines de restaurants, bars, hôtels et boites de nuit regroupés dans sa holding Lan Kwai Fong Concepts qui font de ce quartier du centre la nouvelle référence du monde de la nuit quand Wan Chai n'est plus qu'une sombre évocation du passé avec ses lanternes rouges et ses bars miteux.

11 ans à la présidence d'Ocean Park

Grâce à ce coup de maître, Allan Zeman se taille une réputation d'entertainer dans toute la Chine où diverses villes demandent au Canadien d'adapter son concept à succès. A Hong Kong, le gouvernement lui offre en 2003 la direction d'Ocean Park qu'il refuse près d'une dizaine de fois avant de finalement accepter ce challenge de taille. On est alors en plein marasme économique suite à l'épidémie de SRAS qui a paralysé la ville et le parc largement déficitaire a besoin de faire peau neuve.

Le nouveau président s'attèle donc dès son arrivée à la rénovation de l'endroit. Il fait repeindre les bâtiments, réparer les nombreuses fissures et s'applique à concevoir des attractions festives et éducatives pour séduire à la fois les résidents et les touristes chinois de plus en plus nombreux à visiter la ville. Sous son impulsion, Ocean Park se dote d'une nouvelle offre marketing incluant la gratuité pour les séniors et les bébés, de moyens de transports performants, d'une collection impressionnante de poissons et de mammifères marins et d'espèces en voie de disparition. Depuis 2007, le parc créé en 1977 accueille notamment un couple de pandas offerts par la Chine à l'occasion des 10 ans de la rétrocession.

Pour faire la promotion de son parc, Allan Zeman assure lui-même le show. Pas une conférence de presse, pas un évènement où il n'apparaisse déguisé dans les tenues les plus inattendues. Indien, magicien chinois, méduse, panda en costume de bain? la presse se fait l'écho de chacune de ses extravagances et le public afflue. Entre 2003 et 2014, le nombre de visiteurs passe de 2,95 millions à 7,73 millions tandis que les millions de déficit se transforment en 127,2 millions de dollars (HKD) de bénéfices. Ocean Park est si populaire qu'il dépasse même en fréquentation et en chiffre d'affaires le Hong Kong Disneyland installé sur l'île de Lantau, ce qui vaut à Zeman le second surnom de "mouse-killer".

Une éviction-surprise

Ce succès incontestable rend d'autant plus incompréhensible la décision du gouvernement de Hong Kong de ne pas prolonger Zeman dans ses fonctions, surtout que l'homme fait tout pour montrer patte blanche, allant jusqu'à renoncer à sa nationalité canadienne pour adopter le passeport chinois.

Quelques jours après l'annonce de la fin de son contrat qui sera effective au 30 juin, le sémillant homme d'affaires révélait avant-hier au South China Morning Post qu'il n'avait en réalité aucun souhait d'arrêter et que le gouvernement hongkongais l'avait en quelque sorte démissionné sans la moindre explication.

Interrogé sur les raisons politiques qui pourraient se cacher derrière ce départ forcé, Zeman a exclu toute relation avec son soutien public à Henry Tang Ying-yen, ex-candidat au poste de chef de l'exécutif face à CY Leung. Le sexagénaire attribue plutôt son éviction à une règle gouvernementale limitant à 6 ans l'exercice de certaines fonctions au sein des organismes publics. Ce qui ne l'empêche pas pour autant de contester cette décision : "en affaires on ne casse pas une combinaison gagnante".

Le gouvernement aurait-il donc d'autres ambitions pour Zeman ? Le nommera-t-il, comme certaines rumeurs le prédisent déjà, président du comité du West Kwoloon Cultural district, le nouveau quartier hongkongais dédié à la culture et à l'entertainment ? Difficile à dire mais ce qui désormais sûr en tout cas c'est que le milliardaire quittera le 30 juin la présidence d'Ocean Park, remplacé par Leo Kun Lin-cheng, son adjoint depuis 2003.

Florence Morin (www.lepetitjournal.com/hong-kong) mercredi 25 juin 2014

Crédits photos Wikimedia Commons - Mélanie Ko

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Publié le 24 juin 2014, mis à jour le 11 novembre 2014

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