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Comment sélectionne-t-on le meilleur du cinéma français ?

Alliance Française French Film Festival organisation Attié Mahé GuanAlliance Française French Film Festival organisation Attié Mahé Guan
Jean-Sébastien Attié, Xavier Mahé, Victoria Guan (de g. à d.)
Écrit par Marc Schildt
Publié le 1 novembre 2017, mis à jour le 18 février 2021

51 films sont présentés au Hong Kong French Film Festival cette année. Tous les genres, trois thèmes et une rétrospective. Nous avons demandé aux organisateurs comment on arrive à un tel concentré.

« L’objectif du Hong Kong French Film Festival consiste à montrer le meilleur du cinéma français chaque année, et à le montrer dans toute sa diversité. »

Pour aboutir aux 51 films sélectionnés, il aura fallu choisir parmi plus de 200 films français sortis en 2017. C’est dire la tâche des équipes de l’Alliance Française de Hong Kong. Si l’association s’est bâtie une grande réputation depuis le lancement du festival en 1972, et aussi une longue expérience, le travail reste fastidieux.

Le résultat pour cette 46ème édition :

  • 51 films projetés dans 7 cinémas
  • 3 thèmes majeurs : Identité, sexualité et amour // Origine, famille et rêves // Biographies de grands maîtres dans l’histoire
  • 5 invités prestigieux : Ana Girardot, Cédric Klapisch, Claire Denis, Etienne Comar, Michel Hazanavicius
  • Un ambassadeur de 1ère classe : Johnie TO
  • Et tout, de la comédie au film social, en passant par le documentaire et les films d’animation

La rédaction a voulu plonger dans les coulisses de cette sélection, comprendre comment l’on passe de plus de 200 à 51 films, les choix, les visionnages, les critiques, comment l’accueil à Hong Kong est anticipé. Xavier Mahé, le responsable culturel de l’Alliance Française, nous explique.

 

« Le meilleur du cinéma français »

« Concrètement, on s’intéresse aux films sortis depuis le 1er janvier 2017. On va tous les passer en revue : les films dotés d’une grosse production, ceux classés plutôt comme indépendants, les films avec un grand casting ou ceux avec des acteurs qui sont moins connus. »

Pour assurer la variété, l’équipe va classer les films par genre et chercher à les équilibrer dans chaque catégorie.

Vient alors le visionnage, « on va les regarder au fur et à mesure, le but est vraiment de tous les voir. Si on en écarte quelques-uns d’emblée, c’est vraiment exceptionnel et c’est quand les critiques sont unanimement négatives ou que le sujet n’est pas pertinent pour Hong Kong. » Mais même sur ce point, il nous confie que la pertinence sera discutée en équipe.

«Les films seront regardés par une personne, ou deux, ou trois. Nous échangeons ensuite sur les coups de cœur, les nouveautés dans tels ou tels films, leur résonnance avec des questions de société et l’impact qu’ils ont eu ».

L’équipe se demande aussi ce qui va plaire, « on veut montrer le meilleur mais pas dans des salles vides ». Le festival reste à vocation commerciale !

Alors combien sont-ils ? L’équipe qui participe directement à la sélection n’est pas très large. Trois personnes comprenant Victoria Guan, l’attaché culturelle de l’Alliance Française, Xavier, notre hôte, Jean-Sébastien Attié, le directeur de l’AF.

Voilà pour le premier cercle. Mais derrière, il y a de nombreux échanges avec les autres membres de l’Alliance Française, certains ayant participé à plus d’une dizaine d’éditions. « Honnêtement, notre force c’est aussi d’avoir une équipe multiculturelle, largement composée de personnes de Hong Kong, en contact avec des étudiants hongkongais. On échange sur ce qu’on pense des films, comment ça peut être perçu par le public ici, les sujets et leur traitement. Ça vaut aussi bien pour le cinéma que pour les autres programmes culturels. »

Dans la sélection, ils s’appuieront aussi sur quelques dates importantes du cinéma, notamment le festival de Cannes, sur l’accueil par les critiques et l’écho auprès du public français.

Les derniers échanges se font avec les distributeurs. L’Alliance et le Consulat ont une relation forte et historique avec eux. Il y a environ 20 films français achetés par an. « On va faire le pari avec les distributeurs que les films vont marcher et on les accompagne dans la promotion. Ce festival est un moment important, c’est une belle vitrine. »

 

Hong Kong French Film Festival Tramway
Promotion du cinéma français sur un tramway à Hong Kong

 

Montrer les questions qui agitent la société

« Une fois qu’on a notre liste de films, on peut dire qu’on a tous nos ingrédients. On va chercher à donner une couleur au festival, un fil rouge en fonction de ce que nous disent les films. Et étonnamment, un film fait écho à un autre qui lui-même fait écho à un autre. »

Trouver des thématiques ne semble pas le plus compliquer. « Le cinéma français a une fibre sociale très marquée. Les films traitent des questions économiques et sociales. C’est une preuve vivante des débats politiques et sociologiques qui agitent la France. Mais en même temps, ils ont un contenu universel. »

Pour le premier thème « Identité, sexualité et amour », ça leur a semblé assez évident : « la question du genre était récurrente dans plusieurs films,120 battements par minute, Marvin ou la belle éducation, ou Ava avec la question de l’éveil ou de la différence dans la sexualité".

La famille aussi a été très représentée cette année. « C’est même surprenant cette similitude dans les scénarios entre Ce qui nous lie et La Villa de Robert Guédiguian. On est face à des familles où l’un de ses membres, après s’être éloigné, revient et va être confronté aux souvenirs, à l’enfance et aux valeurs portées par la famille. Avec le Prix du succès, c’est aussi la famille mais plutôt dans ce qu’elle a d’étouffante, avec ce frère qui est agent d’un showman à succès."

Enfin pour les biopics, il y a eu plusieurs films d’hommage cette année, de très beaux films. « Leur charme, c’est qu’ils ne sont pas des films sur la vie entière des personnages, ils ont choisi des moments précis de leur vie. Par exemple, ce qui a nourri ces personnages dans leur création, ce qui les a captivé. On a des hommes à double facette, qui sont complexes. Le Redoutable sur Godart, ce n’est pas un film sur sa vie, mais seulement une année, 1968. C’est pareil avec le film magnifique Barbara ou avec Rodin. »

Une fois les thèmes décidés, ils reprennent la sélection, « on la remet sur l’ouvrage », pour lui donner une nouvelle cohérence et faire quelques ajustements, « mais avec 51 films ça laisse un peu de place. »

Vu la qualité de la sélection, on s’est laissé aller à demander ce qu’il pensait du succès à venir. « Il n’y a pas de recette miracle, tous les festivals à Hong Kong le savent ! Certaines salles sont remplies alors qu’on craignait pour les ventes. L'inverse peut aussi arriver ». Mais, le cinéma français est apprécié à Hong Kong et l’an dernier, le HKFFF a cartonné avec 9 600 spectateurs sur trois semaines.

 

Voir l'intégralité du programme sur le site du HKFFF 

On a plus parlé de sélection que de programme - le site de HKFFF est plutôt bien fait - mais voilà un petit teaser pour se faire pardonner.
 

Propos recueillis le 27/09 à l'Alliance Française de Wan Chai

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