Édition internationale

FRANÇAIS DE HONG KONG - Maurice Benayoun, vagabond des tunnels virtuels

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 février 2018

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Maurice Benayoun, alias MoBen, est un artiste français basé à Hong Kong. Pionnier de l’art multimédia, son travail, très divers, explore tous les champs artistiques de l’expression, utilisant différents médias de la photographie et la vidéo aux installations urbaines de grande échelle.

Son travail a été exposé dans de grands musées d’art contemporain comme le centre Pompidou en France, le musée d’art contemporain de Montréal, the Museum of Moving Image à New York, le musée d’art contemporain Kiasma en Finlande, etc. Objet de commandes publiques pour les biennales et autres manifestations artistiques, part de nombreuses collections publiques et privées, les œuvres de MoBen lui ont valu de très nombreux prix, comme le Golden Nica et Ars Electronica visionary.

Le tunnel virtuel des nouveaux médias

Le concept originel du tunnel remonte à vingt ans quand Internet et les appels vidéo n’étaient pas encore populaires. Le premier tunnel virtuel, le «  Tunnel sous l’Atlantique » a été achevé en 1995, c’était un projet virtuel télécommandé qui non seulement allait au-delà de la prouesse technique de la performance mais constituait en fait la première réalité visuelle au travers d’installations artistiques interactives et géographiquement éloignées.

Le « Tunnel sous l’Atlantique » reliait le Centre Pompidou à Paris et le Musée d’Art contemporain à Montréal, permettant aux spectateurs de creuser le tunnel et de se rejoindre finalement sous l’Atlantique au travers des téléobjectifs de l’ordinateur. La matière creusée était d’ordre culturel, incluant vidéos, peintures, cartes et sons. L’un des témoins de cette première expérience, le critique d’art du journal Le Monde Jean-Paul Fargier la relate ainsi dans l‘édition du 22 septembre 1995 :

« Il s’agit en effet d’entrer dans les images. Pas seulement dans ce qu’elles représentent, mais dans leur tissu même. S’y promener, y découvrir des canaux secrets, se lover dans leurs plis, se perdre dans leurs trames, les regarder palpiter de près, rebondir de l’une à l’autre comme sur une marelle courbe infinie. Cinq cents images appartenant au passé commun de la France et du Canada tissent une immense tapisserie de Bayeux numérique: des caravelles, des caribous, des parchemins, des fortifications, Jacques Cartier, Champlain, des Indiens, des drapeaux, des batailles, des arbres, Trois-Rivières, etc. Cinq cents images tassées, emboîtées, épaisses, denses. Elles ne forment pas un couloir qu’il suffit de longer. Elles dorment, tels des minerais qu’il s’agit de dénicher - virtuellement - au fond d’un gisement. ».

L’idée originale du concept vient de MoBen : mettre ensemble les concepts de la dialectique de Socrate et du Livre de sable de Jorge Luis Borges, fruit du hasard et de la fatalité. En creusant, les gens sont amenés à penser. L‘idée n’est pas d’annihiler la pensée originale et le désir mais au contraire, de les amplifier et les mettre en vedette. 0n peut dire que c’est un travail d’analyse de soi, un processus pour permettre aux gens de développer leur potentiel inhérent. La sensation éprouvée dans le tunnel est celle d’un vagabondage dans la scène culturelle du passé et d’aujourd’hui, le plaisir de construire un projet multi-sensoriel.

Le développement continu du concept du tunnel, de la Cité des Sciences de Paris à New Delhi en Inde, de Séoul à San José en Californie, de la City University of Hong Kong à beaucoup d’autres sites dans le monde, à travers des matériaux culturels spectaculaires, comme des couches d’épaisses mémoires, nous dirigent d’abord dans une immense grotte et creusent ensuite le terrain selon le processus d’un kaléidoscope. Les couches du kaléidoscope et les chuchotements entendus rappellent des fragments de mémoire, nous mènent à voyager et à traverser les frontières des circonstances culturelles. Comme dans ces mots de David Rosenberg : 

« …changeant et évoluant constamment. Il suggère aussi que les processus variés que nous expérimentons ou dont nous sommes témoins, sont sujets à des changements imprévisibles, nous permettant d’aller du connu à l’inconnu. C’est un spectacle fascinant…comme des graines poussant libres de toutes limites. C’est comme si l’imagination avait finalement trouvé un sujet ou un medium capable d’assumer toutes les formes, toutes ses métamorphoses, toute intuition pouvant apparaître immédiatement devant nos yeux. »

Vingt et un ans plus tard, en avril de cette année 2016, MoBen déploie le « Color/Border Tunnel » à partir de Hong Kong,  permettant aux spectateurs témoins d’expérimenter de nouveau les travaux de creusement. Différentes couleurs différencieront les éléments de race, de religion, d’esthétique, envelopperont une vision superficielle du monde ou refléteront la réalité de ses tensions, exploreront les problèmes politiques et sociaux. Le tunnel mène le public dans un sens du temps et de l’espace plus diffus et fait ressentir un élan émotionnel et mental. C’est comme entrer dans un monde virtuel empoignant, chacun peut sentir la vitalité unique de ce nouveau média artistique, comme un voyage symphonique sur un arc en ciel.

Ann Mak (www.lepetitjournal.com/hong-kong) lundi 18 avril 2016, article extrait du magazine Paroles n°248 daté de janvier-mars 2016

Maurice BENAYOUN : JUST DIG/IT
20 AVRIL-25 MAI
The virtual tunnel of new media
VERNISSAGE OUVERT À TOUS 20 AVRIL 2016 A 18HOO
Osage Gallery 4/F, Union Hing Yip Factory Building, 20 Hing Yip Street, Kwun Tong

L’exposition aura lieu à la veille du 22e Symposium international de l’Art électronique organisé cette année à Hong Kong par la City University Hong Kong School of Creative Media, la Hong Kong Polytechnic School of Design, le Videotage et le Microwave International New Media Arts Festival (du 16 au 22 mai 2016).

lpj 20
Publié le 17 avril 2016, mis à jour le 9 février 2018

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