Affordable Art Fair, French May… Le mois du muguet se présente chargé pour la sculptrice Antoinette Rozan. Et ce n’est pas pour déplaire à cette avide du mouvement!
Si vous ne connaissez pas encore son nom, vous allez le croiser plus d’une fois en mai. Antoinette Rozan s’est imposée dans les programmations du French May et du Affordable Art Fair avec des oeuvres de taille.
Trois sculptures, dont deux de 2.40 mètres en fibre de verre pour être exact. Dévoilées en avant-première le 3 mai prochain pour la Affordable Art Fair -programmée du 18 au 20 mai- aux côtés de productions de quatre autres artistes, les structures ont nécessité un travail de titan.
Avec de nombreux allers-retours en Chine continentale, la technique complexe de réalisation suit des étapes précises. D’abord, le modèle a été créé en argile par Antoinette Rozan. Ensuite c’est l’usine qui a dû transformer la pièce. Moulée en silicone et en plâtre, elle est reproduite grâce à de fines couches de résine laissant l’intérieur creux. "Une sculpture de valeur est toujours vide", expertise la sculptrice.
Mais avant cela, c’est à la galerie Rouge Éphémère sur Hollywood Road que l’artiste nous donne rendez-vous. À partir du 25 avril, et ce pendant cinq semaines, ses sculptures seront exposées dans le cadre du French May. Cette fois pas de colosses, mais des œuvres "miniatures" habiteront l’espace pour l’exposition Heart Momentum.
Une quête de mouvement et de vie
Chez les Ranjard, l’Art est une histoire de famille. Cinq générations d’artistes se succèdent et parmi elles Antoinette Rozan fait office de petite dernière. Car si ses frères et soeurs avaient déjà un pied dedans, elle suivait une voie de communicante chez Cartier.
"Mon père ne voulait pas que je devienne artiste. Il faut dire qu’on n'a quand même pas une vie évidente", se moque-t-elle des conditions de vie parfois difficiles. Pourtant en 1998, alors âgée de 27 ans, la sculptrice n’a pas résisté à l’appel de la terre. "On m’a mis de la terre entre les mains et je ne me suis plus arrêtée, se souvient-elle. J’ai été complètement absorbée par cette matière, je vibrais littéralement".
Véritable autodidacte, Antoinette a trouvé son identité à travers son personnage Free. Et la naissance de cette silhouette androgyne est plutôt anecdotique. En 2008, l’artiste organise une exposition dans laquelle elle imagine pour la première fois une œuvre en plâtre. "Cette matière a été révolutionnaire pour moi, car elle permet plus de liberté par rapport à la terre", détaille-t-elle. Le nom était alors tout trouvé. "Lors de l’exposition j’ai tout vendu, sauf Free", s’amuse-t-elle.
Selon ses proches, Free serait son véritable autoportrait. La statue commune à toutes ses œuvres reflète la gaité de l’artiste et son besoin de partager sa bonne humeur. "Je veux transmettre de l’amour, du mouvement, de la vie", commente la kinésiologue par intermittence. Les énergies sont d’ailleurs un de ses sujets de prédilection. Une influence asiatique à peine voilée: "c’est bien le dada des Chinois!".
"Free n’a pas le droit d’avoir de socle, poursuit celle qui incite à créer le mouvement avec sa statue malléable. Mes oeuvres en 3D s’accaparent l’espace". Une quête personnelle qu’elle justifie par son handicap: "Je ne vois pas d’un oeil, donc je ne perçois pas les reliefs". Un comble pour une sculptrice!