A l’occasion de la Journée mondiale de la justice sociale, Lepetitjournal.com est allé à la rencontre de trois organisations présentes à Hong Kong, Unison, Uplifters et Justice Centre, qui s’efforcent de rendre notre société plus juste et équitable.
Lutte contre la discrimination
Comment l’organisation a-t-elle commencé ?
Unison (Pete) : cette année est le 20e anniversaire de Unison. Il y a 20 ans (Mars 2001), lorsque Mme. Fermi Wong a réalisé que les minorités, venues notamment de pays sud asiatiques (Nepal, Pakistan, Inde) étaient souvent marginalisées, elle a décidé de créer une ONG. Son but est de fournir des services aux minorités ethniques à Hong Kong, particulièrement aux enfants et aux jeunes issus de la classe populaire et de proposer des changements de politiques dans le domaine de la lutte contre la discrimination raciale.
Uplifters (Marie) : tout a commencé par une conversation avec la nounou philippine de mes enfants, Yvonne, une femme brillante diplômée en finance qui, malgré des années passées à travailler loin de sa famille, n’avait rien mis de côté. Elles sont des millions dans son cas. J’ai travaillé pendant 2 ans pour une ONG offrant des formations à des employées de maison immigrées et je savais l’impact incroyable de ces formations mais aussi que beaucoup d’entre elles ne peuvent pas ou n’osent pas s’y rendre.Il fallait quelque chose qui puisse impacter durablement le plus grand nombre : une formation en ligne, facile à suivre et surtout avec une dimension de coaching par les pairs. L’organisation a commencé en novembre 2017 avec un groupe d’employées de maison qui a suivi notre formation en ligne gratuite (gestion de revenus et développement personnel), suivi d’une formation pour soutenir les nouvelles team leaders. Nous sommes passés de 201 élèves en 2018 à 2,792 en 2020.
Justice Centre (Preston) : Justice Centre a commencé en 2007, lorsque nos fondateurs ont constaté le besoin d’avoir une ONG spécialisée pour travailler avec les réfugiés à Hong Kong. Originalement, nous avons débuté en tant que Hong Kong Refugee Advice Centre, qui fournissait uniquement une aide juridique, mais en 2014 nous avons élargi notre mandat et changé notre nom en Justice Centre. Aujourd’hui, nous proposons des consultations, du soutien à l’accès aux aides sociales et de l’assistance juridique aux réfugiés, demandeurs d'asile, survivants de la traite d’êtres humains et survivants du travail forcé. Nous aidons plus de 300 personnes chaque année et menons un travail de sensibilisation et d’analyse des politiques afin d’améliorer la vie, non seulement de nos clients mais aussi de l’ensemble de la communauté des personnes contraintes de migrer à Hong Kong.
Réduire les inégalités
Sur quels problèmes sociaux l’organisation travaille-t-elle et pourquoi est-ce important ?
Unison : sur deux problèmes, premièrement, l’enseignement du chinois aux minorités : Bien que nées et élevées à Hong Kong, beaucoup des personnes issues d’une minorité ethnique ne sont pas en mesure d’acquérir assez de compétences en langue chinoise pour grimper dans l'échelle sociale. C’est à cause des politiques d’éducation hongkongaises qui ne tiennent pas en compte ceux qui ont le chinois comme deuxième langue. Le deuxième problème est celui de la discrimination raciale. Bien que Hong Kong soit une ville internationale, il y a encore de la discrimination au quotidien, cela peut être de manière consciente ou par des préjugés inconscients envers les minorités ethniques, un exemple récent: lorsqu’un fonctionnaire a pointé du doigt la "culture et religion" des minorités ethniques comme raison de propagation du virus. Cela ne fait qu’accroitre la discrimination quotidienne et stigmatise une partie de la population.
Uplifters : notre travail s’inscrit dans le cadre des objectifs de développement durable définis par l’ONU. De façon plus spécifique nous travaillons à réduire les inégalités et rendre nos sociétés plus inclusives. Les employées de maison migrantes contribuent significativement aux sociétés des pays dans lesquelles elles travaillent. Leur travail permet souvent de libérer une partie de la main d'œuvre qui serait autrement mobilisée sur du soin à la personne. Mais la plupart d’entre elles n’arrivent à pas sortir de la pauvreté. Par ailleurs, elles sont souvent traitées comme des citoyens de “seconde classe” dans les pays où elles migrent, beaucoup expérimentant des conditions de travail abusives voire d'esclavagisme moderne.Il est crucial de faire de leur migration un succès, pour elles et leurs familles mais aussi pour les sociétés qui les accueillent et le développement de leur pays d’origine.
Justice Centre : nos services ont pour but de défendre et protéger les réfugiés et les demandeurs d'asile en quête de sécurité à Hong Kong. Nos clients ont fui les persécutions, la torture ou ont été victimes de graves violations de leurs droits dans leur pays d’origine. Une fois à Hong Kong, nous les aidons à accéder à la protection à laquelle ils ont droit sous les obligations juridiques de Hong Kong, nous les accompagnons dans l’ardu processus de faire une demande d’asile et nous leur facilitons également l’accès aux soins et aux ressources sociales primordiales. Lorsqu’il y a des lacunes dans la protection, nous faisons des recommandations d’amélioration. Les questions liées aux droits humains se rejoignent et se chevauchent souvent, nous croyons que la protection des plus marginalisés de notre ville est un moteur de changement pour une société juste et équitable.
Quels ont été les moments charnières pour votre organisation ?
Unison :
2006 : adoption de l’ordonnance sur la discrimination raciale après des années de lobbying par Unison.
2008 : lancement de notre premier programme de soutien dans les écoles maternelles pour des enfants ne parlant pas le chinois.
2017 : mise en place par le gouvernement du programme d’enseignement précisant que toutes les écoles maternelles se doivent d’assurer l’égalité d’accès pour tous les enfants sans distinction de race ni de genre.
2020 : 8 projets d’amendement dans la loi sur la discrimination ont été adoptés au Conseil législatif.
Uplifters :
2018 : phase “pilote” où les premières formations ont été construites et testées avec les premières élèves. Établissement comme ONG et transition vers une plateforme de formation en ligne pour diffuser nos formations. Nos premières alumni formées à encadrer de nouvelles élèves.
2019 : campagne de financement participatif qui nous a permis de grossir et de trouver nos premiers sponsors financiers et nos deux premiers employés.
2020 : célébrer nos 2 000 premiers élèves depuis la création suivant notre formation signature Dare to Dream. Obtention de notre charity status, une étape importante pour toute ONG à Hong Kong.
Actuellement 75% de nos élèves économisent régulièrement et 90% disent qu’Uplifters a eu un impact majeur dans leur vie. Yvonne a investi dans des plantations de cocotiers et Nelie qui n’avait rien mis de côté en 10 ans à Singapour a maintenant sa maison. Vous pouvez lire les interviews de nos élèves ici.
Justice Centre : un moment clef pour nous a été en 2014, lorsque le cadre juridique en vigueur pour le traitement des demandes d’asile a été mis en place. Nous avons réalisé à ce moment qu’il y avait de nombreuses lacunes importantes dans le système, moins de 1% des réfugiés réussissaient à voir leur demande d’asile acceptée sans notre aide. Nous avons également réalisé qu’on ne peut pas se focaliser sur les procédures judiciaires lorsqu’on fait face aux circonstances traumatisantes d’une fuite, lorsqu’on est sans nourriture ni abri et lorsqu’on a besoin d'une assistance médicale. Nous avons donc décidé d’étendre nos services afin d’assurer une approche holistique pour ceux que nous aidons.
Faire de Hong Kong un endroit plus inclusif
Comment peut-on s’impliquer ?
Unison : puisqu’on n’est pas subventionné par le gouvernement, on peut s’impliquer en faisant un don et/ou s’inscrire comme bénévole. Pour approfondir le sujet, on peut également s’enregistrer pour assister à notre séminaire Unison Talk (fin mars) en nous envoyant un mail à info@unison.org.hk. Mais le plus important c’est d’accorder plus d’attention à notre interaction quotidienne avec des minorités ethniques. Pendant la pandémie, les discriminations ne font que se multiplier, il faut essayer d’éviter les préjugés qui renforcent la propagation des stéréotypes raciaux pour faire de Hong Kong un endroit plus inclusif.
Uplifters : nous sommes une jeune organisation et chaque euro compte. 16,50 euros nous permettent de financer la formation d’une élève. Vous pouvez faire un don (déductible d’impôt à Hong Kong) ici. Beaucoup d’entreprises ont des programmes de responsabilité sociale où les dons des employés sont doublés par l’entreprise, vérifiez avec la vôtre! Nos opportunités de bénévolat sont ici. Inscrivez-vous à notre newsletter et suivez-nous sur les réseaux sociaux: Facebook, LinkedIn et Instagram: @uplifters.community
Justice Centre : puisque nous ne recevons aucun financement gouvernemental permanent, votre soutien est vraiment important pour nous et pour nos clients. Vous pouvez faire un don ici. Malgré les restrictions dues au COVID, nous collaborons avec différentes associations pour organiser des évènements et des campagnes de financement comme : virtual screening, virtual marathon, No Coffee Challenge et Squat challenge. Si vous êtes avocat(e), nous disposons d’un modèle de partenariat de longue date avec des avocats individuels et des cabinets d’avocats d’entreprise qui aident nos clients dans leurs demandes d’asile, offrent des conseils juridiques et représentent nos clients devant les tribunaux. N’hésitez pas à nous contacter à : info@justicecentre.org.hk, nous accueillons avec plaisir toute collaboration pour générer du soutien à travers vos réseaux.
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