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Journal d'une famille confinée à Hoi An - Petites routines

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Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 12 août 2020, mis à jour le 12 août 2020

Quelle place occupent les routines dans notre vie et quelles sont les routines spécifiques au Vietnam ? C'est à ces questions que s'attaque ce quatrième épisode du journal de bord d'une famille confinée à Hoi An.
 

9ème jour - 10 août - Petites routines

Dans notre quartier sous haute sécurité, nous tournons en rond, en carré, en triangle. Nous tournons et retournons. Jamais notre quotidien n’aura été aussi routinier. Et paradoxalement, rien ne pouvait davantage écarter la « routine » de nos vacances, souvent trop identiques et planifiées, que ce temps de confinement imposé.

Il y a les routines individuelles bien entendu. Celles qu’on se choisit et qu’on s’invente au fil des années et qui finissent par nous façonner. Puis, il y a les routines « nationales », « culturelles », partagées par tous les habitants, ou presque, d’un même pays.

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Lors de nos balades quotidiennes, nous sommes témoins de toutes ces petites habitudes des Vietnamiens, si caractéristiques. En voici quelques-unes, sélectionnées au hasard :

  • Les salutations. En réalité, au Vietnam, on ne dit pas « bonjour » à une personne que l’on croise tous les jours, comme un voisin par exemple. D’ailleurs, on ne dit pas non plus « merci ». On réserve les mots et les formules de politesse aux Occidentaux. Entre eux, les Vietnamiens, se contentent d’un signe de tête en guise de salutation, ou s’ignorent. Pour entrer en contact, au lieu de dire « Comment ça va ? », ils préfèrent utiliser des questions contextualisées de type « ăn cơm chưa ? » (qui signifie : est-ce que vous avez déjeuné / dîné ?) ou encore « đi đâu vậy ? » (où allez-vous ?), qui représentent à leurs yeux une meilleure entrée en matière.
  • Les tập thể dục. Il s’agit à mon sens de la meilleure habitude collective partagée par les Vietnamiens de tous âges et de toutes conditions. Chaque matin, entre 4 h et 6 h, quand le soleil n’a pas encore sorti ses armes et que les rues ne sont pas encore prises d’assaut par les motos, les Vietnamiens font de l’exercice : de la marche, des arts martiaux, de la gymnastique… pendant 30 minutes à 1 heure. Les jeunes préfèrent le créneau 18-19 h. Idéal pour s’entretenir.
  • La sieste. Entre midi et 14 h, à l’heure où le soleil est à son zénith, prêt à vous assommer si vous ne sortez pas couvert, les Vietnamiens font la sieste à peu près n’importe où : l’un à même le sol sous son bureau, l’autre allongé sur sa moto, un autre dans un café qui dispose d’une vingtaine de hamacs prévus à cet effet, à l’école, et pas seulement en maternelle comme chez nous. Ici, la sieste, c’est pour tout le monde. Et c’est sacré !

Pour vivre ce temps de confinement, chacun a développé ses propres routines. Pour nous, c’est la marche en milieu de matinée, en milieu d’après-midi et en fin de soirée, un film un soir sur deux ou sur trois, deux pages de cahier de vacances et quelques chapitres de lecture pour les enfants, la cuisine, la rédaction d’un post comme celui-ci chaque jour etc. etc.

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D’un côté, la routine nous évite de perdre de l’énergie et du temps afin de consacrer le meilleur de nous-même aux tâches les plus nobles. Nos habitudes et autres automatismes nous affranchissent en effet de nombreux aspects contraignants et inintéressants de l’existence. S’il fallait sans cesse repeser nos choix, tout rechoisir… ce serait invivable.

D’un autre côté, avec la routine, nous courons le risque de nous enfermer. De nous répéter. De perdre nos heures, obéissant à un programme sans surprise, dans le but de faire face à nos responsabilités et de subvenir à tous nos besoins élémentaires. Cette routine, lorsqu’elle prend le dessus sans qu’on y prête garde, ne nous laisse parfois plus suffisamment d’espace intérieur pour nous écouter et répondre à des besoins plus profonds.

Ce temps de confinement est un peu à l’image d’une année scolaire. Nous devons à la fois l’organiser, le planifier, le ritualiser pour nous assurer d’atteindre un certain nombre d’objectifs. Et en même temps, veiller à laisser des temps vacants ou bien veiller à rester ouvert à l’imprévu qui se présente toujours d’une façon ou d’une autre et qui donne une couleur particulière à chaque journée.


Auteurs : Sylvain Sismondi et sa famille