Oui, si l’on en croit The economist, qui n’a pas hésité à écrire, cet été, que le système scolaire vietnamien était « l’un des meilleurs au monde ». Il faut dire que les élèves vietnamiens excellent dans toutes les évaluations internationales, aussi bien en lecture qu’en mathématiques ou en sciences. Ils auraient même un niveau supérieur à celui de leurs camarades du Royaume-Uni ou du Canada (La Banque mondiale dixit !), deux pays pourtant beaucoup plus riches et développés.
Le Vietnam n’est pas – pas encore ! – ce que l’on peut appeler un pays riche. Son produit intérieur brut reste pour l’instant inférieur à ceux de la Malaisie ou de la Thaïlande.
Il n’empêche. Son système scolaire passe pour être l’un des plus performants (le pays affiche un taux d’alphabétisation de 96%), ce qui, pour bien des observateurs, constitue un paradoxe.
La tradition au Vietnam
Il y a bien sûr une dimension socioculturelle. Le Vietnam est un pays imprégné de confucianisme, dans lequel la transmission du savoir revêt une importance capitale. Les personnes qui en sont chargées jouissent du reste d’une grande considération, qui se manifeste tous les ans, ce 20 novembre, à l’occasion de la fête des enseignants vietnamiens.
Mais, et au risque de paraître prosaïque, si la tradition joue un rôle incontestable, le système lui-même est garant d’une réelle efficacité, semble-t-il.
Pragmatisme du système éducatif
Le fait est que dans certains pays en développement (Inde, Éthiopie, Pérou…), la qualité de l’enseignement a commencé à se détériorer à partir des années 1960. Pas au Vietnam, semble-t-il, où les élèves restent performants, notamment grâce au « calibre des professeurs ». C’est en tout cas l’explication à laquelle se tient The economist :
« Ils ne sont pas nécessairement plus qualifiés ; ils sont simplement plus efficaces », affirme l’hebdomadaire britannique.
Si l’on regarde de plus près, on s’aperçoit que les enseignants vietnamiens sont évalués en fonction des performances de leurs élèves. Le fait n’est d’ailleurs pas nouveau : c’est à la réussite de ses élèves lors des concours mandarinaux que Chu Van An (1292-1370) a vu son prestige croître !
Les collectivités locales, elles, sont contraintes par le Parti communiste vietnamien, de consacrer au moins 20% de leur budget à l’éducation, ce qui contribue à maintenir un niveau non seulement élevé mais surtout homogène sur l’ensemble du territoire.
Il n’en demeure pas moins que le système éducatif vietnamien est à un moment-clé de son évolution : l’ouverture au monde l’exige, l’héritage confucéen dût-il vaciller. Mais le Vietnam reste le Vietnam, c’est à dire un pays où s’il faut aller de l’avant, on le fait si possible à marche forcée et tambours battants.
Il est clair que l’amélioration économique, parfois fulgurante, que connaît le Vietnam depuis plus de trois décennies, va de pair avec celui de son système éducatif, ceci entraînant cela… Il en ressort une sorte d’exode rural qui se traduit par un engorgement des écoles en milieu urbain et donc par un nouveau défi à relever pour le secteur.