Le zodiaque vietnamien est ainsi fait que les miaulements du Chat vont bientôt céder la place aux rugissements du Dragon, dont l’année approche à grands pas. Traditionnellement considéré comme le plus brillant des douze animaux de l’horoscope, le Dragon est aussi mythique qu’omniprésent dans la vie sociale. Symbole d’honneur, de pouvoir et d’intelligence, il porte chance. Autant dire que cette nouvelle année qui débutera le 10 février sur le calendrier grégorien est placée sous les meilleurs auspices. Beaucoup de couples espèrent d’ailleurs donner naissance à un « petit dragon », a priori vigoureux et paré de tous les attributs de la réussite.
Au Vietnam, le Dragon occupe une place bien particulière dans la culture et les croyances. Il a longtemps symbolisé le pouvoir absolu du monarque.
C’est à tel point vrai que certains meubles ou objets appartenant au souverain étaient jadis désignés par le mot « dragon » : il y avait par exemple le « lit-dragon », le « manteau-dragon », le « char-dragon »…
À tout seigneur son animal sacré
Si le Dragon avec un D majuscule est le premier des quatre animaux sacrés de la mythologie vietnamienne (Dragon, Licorne, Tortue et Phénix), il reste profondément ancré dans la mémoire collective comme étant l’un des deux ancêtres de la nation vietnamienne. Tout Vietnamien digne de ce nom connaît en effet la légende de Lac Long Quan, qui était lui-même un dragon, et qui a épousé une fée, Au Co, pour donner naissance aux cent premiers Vietnamiens.
On retrouve déjà le Dragon à l’ère Đông Sơn (entre le 7e siècle avant et le 2e siècle après Jésus-Christ), sous des formes décoratives. Il apparaît également dans des rituels de vénération des quatre génies - les nuages, la pluie, le tonnerre et la foudre - et dans des prières destinées à s’attirer de bonnes récoltes.
Ensuite, le Dragon commence à s’affirmer comme symbole de prospérité, de puissance et de pouvoir. Mais c’est sous la dynastie des Ly (1009-1225) qu’il semble atteindre son apogée, notamment lorsque Ly Thai To, dont le règne se situe entre 1009 et 1028, décide de faire de Dai La, l’actuelle Hanoï, sa capitale et de la renommer Thang Long, ce qui signifie « le Dragon qui prend son envol ».
Le dragon vietnamien, à l'honneur
En 2010, à l’occasion du millénaire de la capitale, des cinéastes avaient d’ailleurs offert au public un petit film en 3D intitulé Le dragon vietnamien. Tout un programme ! Le film en question ne dure que 3 minutes, juste le temps d’affirmer haut et fort que le Vietnam épouse la forme d’un dragon, et non d’un prosaïque S, comme on l’entend trop souvent dire !
« J’ai vu ce film sur le Dragon. J’ai trouvé ça très émouvant. On voit un dragon qui vole puis qui se pose à terre pour former le Vietnam, sa tête figurant alors le Nord, et sa queue la pointe de Ca Mau, à l’extrême-Sud », avait alors affirmé le regretté Trân Van Khê, éminent musicologue que l’on ne présente plus.
Dans le folklore, le Dragon est très présent. On le retrouve bien évidemment dans la danse qui porte son nom, mais aussi dans des courses de pirogues dont il est la tête de proue, ou dans de nombreux jeux populaires.
Quant aux temples, aux pagodes et aux palais, le Dragon y règne en maître incontesté, en véritable mâle alpha qu’il est, la tête levée bien haut, la crinière au vent et une perle dans la gueule. Parfois, dans certaines représentations, son corps est ondulé en douze méandres, comme autant de mois de l’année.
Cette année du Dragon qui va débuter dans quelques jours est donc placée sous les meilleurs auspices, et si le Vietnam est parfois surnommé « le petit Dragon » (le « grand » étant la Chine, mais il ne faut pas le dire trop fort !), il y a gros à parier qu’il n’attend que cela pour prendre son envol et affirmer sa puissance.
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