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Ce qu’il faut retenir du webinaire "Sortie de crise" de la CCIFV

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© Zui Hoang
Écrit par Loanne Jeunet
Publié le 22 mai 2020, mis à jour le 22 mai 2020

Le webinaire « Sortie de crise » organisé par la CCIFV, a réuni les représentants de la France au Vietnam Nicolas Warnery et Vincent Floreani, ainsi que le chef du service économique Hervé Ochsenbein. Lors de ce rendez-vous, ils ont donné quelques éclairages concernant le contexte actuel et répondu à certaines questions que vous vous posez peut-être. 

Thibaut Giroux, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Vietnam (CCIFV) et Adam Koulaksezian, directeur général par intérim, ont animé le webinaire « Sortie de crise »  mercredi 20 mai, qui a rassemblé plus d’une centaine d’auditeurs. Les invités, Nicolas Warnery ambassadeur de France au Vietnam, Vincent Floréani consul général de France à Saigon, ainsi que Hervé Ochsenbein, chef du service économique, ont pu donner un premier bilan de cette période de crise inédite traversée dans le monde entier et particulièrement au Vietnam.

 

Les actions conjuguées de l’Ambassade de France et le Consulat général au Vietnam 

Ouest France, Le Figaro, Les Echos, La Dépêche, le JDD, Le Monde, Le Point, le Nouvel Obs, Courrier International… sont tout autant de médias français unanimes quant à la gestion efficace de la crise du COVID-19 au Vietnam. L’ambassadeur Nicolas Warnery le rappelle d’ailleurs en guise de préambule : « Le Vietnam est le pays qui connaît le mieux la Chine, et le premier à avoir compris ce qu’il se passait. Il avait déjà l’expérience des pandémies : le SRAS, la grippe aviaire, et les a bien surmontées. Il a donc eu des réflexes que nous n’avons pas forcément. » Ainsi, l’identification des malades, les quarantaines forcées, et la fermeture rapide du pays ont permis d’endiguer rapidement la propagation du virus sur le territoire. 

« Nous sommes passés par une phase très lourde durant quatre semaines, reconnaît Nicolas Warnery, l’évacuation de 1500 ressortissants de passage, la plupart des touristes mais aussi quelques hommes d’affaires, stagiaires et étudiants. » 

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© Ambassade de France au Vietnam - Deux brigades ont été mises en place, et à l'ambassade à Hanoï et au Consulat général à Saigon. 

 

Une gestion de crise d’autant plus délicate puisqu’en parallèle de ce dispositif de rapatriement, l’ambassade et le consulat ont dû répondre à des milliers de courriels et appels téléphoniques, communiquer sur les nouvelles restrictions, établir des notes officielles pour permettre à certains ressortissants de repartir en France, se tenir au courant de la situation des Français placés en quarantaine etc. Une cellule de crise a d’ailleurs été mise en place, avec un système de deux brigades, mobilisées 7 jours sur 7. 

Au début de la semaine, l’ensemble du personnel a enfin pu faire son retour au consulat, non sans de nouvelles dispositions sanitaires. « Nous accueillons moins de personnes, pour avoir le temps de désinfecter entre deux passages », précise Vincent Floréani. Ce dernier a présenté les prochains objectifs consulaires : mettre en oeuvre un plan d’aide sociale pour les Français, lequel comporte une allocation de solidarité pour les plus fragiles et des bourses scolaires pour le troisième trimestre 2020 et la prochaine rentrée des classes. « Enfin, nous venons de recevoir des instructions pour que les établissements puissent accorder une facilité de paiement à tous les parents, pas seulement les Français. »

 

Déplacements internationaux et visas : où en est-on ? 

À ce jour, un Français peut toujours revenir dans son pays et ce, sans obligation de quarantaine, même si celle-ci a été encouragée par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. « La loi promulguée le 11 mai dernier, article 3.5 qui prolonge l’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet ouvre la possibilité d’une quarantaine obligatoire à l’entrée en France, à domicile ou dans des lieux adaptés, nuance le consul général. Cette loi nécessite un arrêté du ministère de la Santé, que nous attendons. »

Quant aux Vietnamiens qui souhaiteraient également se rendre en France, ils devront être « soit conjoint.e de Français, avoir un visa long séjour ou témoigner d’une résidence régulière en France ».

Se pose aussi l’épineuse question des vols. Les institutionnels français en lien avec les compagnies aériennes, notamment Vietnam Airlines et Eva Air, affirment que ces dernières ne prévoient pas de reprendre du service avant le mois de juillet. Et le directeur d’Air France Vietnam Nicolas Ricard de confirmer : « Nous aimerions reprendre les vols commerciaux, idéalement dès le début du mois de juillet… Sous réserve que nous soyons autorisés à opérer ces vols. »

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© Ambassade de France au Vietnam - Certains ressortissants français ont pu monter à bord du vol spécial de rapatriement prévu pour les Vietnamiens bloqués en France, au départ de Hanoï.

 

Dans l’autre sens, seules certaines personnes aux qualifications particulières sont autorisées à rejoindre le Vietnam : experts, gestionnaires d’entreprise, ouvriers très qualifiés. Tous sans exception devront s’acquitter d’une quatorzaine à l’arrivée, assortie d’un dépistage du COVID-19. « La quarantaine ne sera épargnée à quiconque, quel que soit son statut, avertit Nicolas Warnery, mais tout le monde n’ira pas dans un camp. Il semble que lorsqu’on dispose d’un logement individuel avec une porte privée, on puisse effectuer la quarantaine chez soi. C’est plus délicat si l’on vit dans un immeuble avec ascenseur et parties communes. Mais ce n’est pas encore clair. »

Quid des visas ? « Paris nous autorisera peut-être à redélivrer un visa gratuitement sur présentation d’un billet d’avion annulé, indique Vincent Floreani, mais je ne peux le garantir à 100%. Nous ne pouvons signer de papier pour une personne qui n’a pas eu de vol annulé ; et de la même façon pour ceux qui vivent ici depuis plusieurs mois ou années sous le régime du visa-run. Ce serait aller à l’encontre des consignes de l’immigration vietnamienne ; nous n’avons pas le droit de les aider. »

 

« Il faut reconnaître que le Vietnam est dans une espèce de bulle économique qui le protège des courants d’air du vaste monde, et c’est le pari du gouvernement. » - Hervé Ochsenbein, chef du service économique à l'Ambassade de France au Vietnam

« Beaucoup d’entreprises ont licencié, beaucoup de gens se sont retrouvés au chômage et souffrent. Je pense que cette couche de population aujourd’hui sans revenus peut tenir quelques mois, mais cela finira par poser des problèmes économiques sérieux », constate Thibaut Giroux, en lien constant avec une importante communauté d’affaires de plus de 300 membres. Pour autant, plusieurs notes positives peuvent être tirées de cette crise sanitaire sans précédent, selon Hervé Ochsenbein, chef du service économique de l’Ambassade de France : « Le Vietnam s’en sort le mieux, des six pays de l’ASEAN ayant déjà publié des statistiques de croissance pour ce premier trimestre. » Ainsi, avec un résultat de +3,82%, il domine l’Indonésie (+3%), la Malaisie (+0,7%), les Philippines (-0,2%), la Thailande (-1,8%) et Singapour (-2,2%). 

Mieux encore, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque asiatique de développement et la Banque mondiale pensent que le Vietnam sera l’un des rares pays du monde à échapper à la récession. « Initialement la prévision de croissance officielle du gouvernement vietnamien statuait à 6,8%, détaille l’expert. Le 9 mai, cette prévision a été revue à la baisse, à au moins 5%. »

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© Ipsos 

 

Certaines entreprises ont pu bénéficier d’un report de cinq mois de taxes et de charges, ainsi que d’un plan de soutien bancaire, dans le cadre d’un décret signé par le Premier ministre en avril dernier. « La banque centrale du Vietnam a demandé aux banques de distribuer des crédits à taux préférentiel aux entreprises affectées par la crise, mais c’est compliqué, explique l’économiste. Difficile d’en bénéficier si l’on n’est pas un grand groupe,  et beaucoup d’entreprises ne peuvent être concernées sur la base des résultats de leur chiffre d’affaires des premiers mois de l’année. »

Par ailleurs, Hervé Ochsenbein souligne l’importance de l’exportation (alimentaire, textile, électronique etc.), soit 100% du PNB du Vietnam, et plus largement, les échanges extérieurs qui constituent 200% du PNB. « Le Vietnam peut-il continuer à bien se porter dans un monde qui ne va pas très bien ? » s’interroge-t-il.

 

Toujours est-il que le Premier ministre et son gouvernement semblent croire à la courbe en V, comprendre une croissance rapide de l’économie. Selon une enquête de l’Institut Ipsos menée en avril dans quinze pays du monde, seulement trois d’entre eux étaient optimistes dont le Vietnam en tête avec 80% des Vietnamiens qui pensent que la reprise sera rapide. La France est plus pessimiste, avec seulement 19%. « Quelque part, il faut reconnaître que le Vietnam est dans une espèce de bulle économique qui le protège des courants d’air du vaste monde, et c’est le pari du gouvernement. Mais c’est bien difficile de savoir aujourd’hui exactement quand la reprise aura lieu », conclut Hervé Ochsenbein. 

 

Bon à savoir 

La CCIFV a annoncé la reprise des French Tuesday, soirées de réseautage dès le 9 juin à Ho Chi Minh Ville et le 25 juin à Hanoï

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