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Women of Impact : quand leadership féminin et innovation se rencontrent

Jeudi 25 septembre 2025, la conférence Women of Impact : Cross-Perspectives on Leadership, Innovation & Science a réuni à Ho Chi Minh Ville quatre femmes d’exception issues de la science, de l’industrie et de la diplomatie. Entre parcours inspirants et échanges sur la diversité, le leadership féminin et les quotas, ces intervenantes ont partagé leurs expériences et livré des pistes concrètes pour encourager l’innovation, la coopération et l’égalité des genres, dans un contexte marqué par le renforcement des partenariats franco-vietnamiens.

Women of Impact : quand leadership féminin et innovation se rencontrentWomen of Impact : quand leadership féminin et innovation se rencontrent

Jeudi 25 septembre 2025, au cœur du district 1 de Ho Chi Minh Ville, s’est tenue la conférence Women of Impact : Cross-Perspectives on Leadership, Innovation & Science. Organisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie France Vietnam (CCIFV), en partenariat avec La French Tech Vietnam, Airbus et le Centre culturel français, cette soirée d’exception a rassemblé des voix féminines de premier plan dans les domaines de la science, de l’innovation et de l’entrepreneuriat. 

La conférence s’est déroulée dans le prestigieux hall AWS au 26ᵉ étage de la Bitexco Financial Tower, et a commencé à 17h30, par des discours d’ouverture, suivis d’un discours prononcée par Claudie Haigneré, avant de laisser place à une table ronde, une session de questions-réponses avec le public, puis une conclusion officielle.

 

Quand leadership féminin et coopération franco-vietnamienne se rencontrent

Au centre du débat, plusieurs enjeux essentiels : la visibilité et le leadership des femmes dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes, la valeur de la diversité pour l’innovation, et comment des perspectives différentes peuvent stimuler la créativité mais aussi  les liens possibles entre les collaborations franco-vietnamiennes dans l’éducation, la recherche et l’industrie.

La conférence Women of Impact a trouvé un écho particulier dans le contexte de la visite récente d’Emmanuel Macron à Hanoï. Quelques jours auparavant, le président français avait insisté sur l’importance de l’innovation et des coopérations scientifiques entre la France et le Vietnam, avec à la clé plusieurs accords économiques et technologiques. À travers cette rencontre, où la parole a été donnée à quatre femmes d’influence, c’est une autre facette de ce partenariat qui s’est illustrée : celle de la diversité et du leadership féminin comme moteurs d’un avenir plus inclusif et créatif.

 

Des parcours d’exception au service de l’innovation

Dans le cadre prestigieux de la Bitexco Financial Tower, quatre femmes de premier plan ont pris la parole pour partager leurs expériences et croiser leurs perspectives sur le leadership, l’innovation et la place des femmes dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes.

 

Claudie Haigneré
Claudie Haigneré

 

Invitée d’honneur, Claudie Haigneré a marqué l’histoire en devenant la première femme française astronaute. Médecin et scientifique de formation, elle a mené deux missions spatiales avant de poursuivre une carrière politique en tant que ministre déléguée à la Recherche puis aux Affaires européennes. Aujourd’hui conseillère auprès de l’Agence spatiale européenne, elle milite pour la diffusion de la culture scientifique et pour une meilleure visibilité des femmes dans les domaines de l’innovation. Son parcours illustre l’importance de la persévérance et de l’audace face aux défis.

Ancienne ambassadrice du Vietnam auprès de l’Union européenne et figure reconnue de la scène internationale, Madame Tôn Nữ Thị Ninh s’est imposée comme l’une des voix vietnamiennes les plus influentes en matière de diplomatie et de coopération culturelle. Députée et vice-présidente du Comité des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, elle a travaillé à renforcer les relations entre le Vietnam, l’Europe et l’Amérique du Nord. Aujourd’hui présidente de la Hồng Đức Foundation for Education Development, elle continue de promouvoir l’éducation, l’engagement citoyen et le leadership féminin.

Avec plus de vingt ans d’expérience dans l’aéronautique, Tri Mai Hoang est une dirigeante qui incarne la montée en puissance des femmes dans des secteurs technologiques exigeants. Après avoir occupé des responsabilités régionales chez Rolls-Royce, elle est aujourd’hui en charge du développement stratégique d’Airbus pour le Vietnam, le Laos et le Cambodge. Polyglotte et formée au Royaume-Uni comme en France, elle défend une approche multiculturelle de l’innovation et du commerce, tout en inspirant la nouvelle génération de femmes à investir les métiers de l’ingénierie et de l’industrie.

Dulin Tan représente quant à elle le groupe  Thales, acteur majeur français des technologies dans les secteurs de la défense, de la sécurité, de l’aéronautique et des systèmes d’information. En tant que directrice de recherche, elle a su se faire connaître par son talent inné en sciences et sa capacité à se  maintenir dans un milieu scientifique toujours quasi exclusivement masculin. 

Modératrice de la conférence, Diep Tran occupe le poste de Directrice Éditoriale chez Ubisoft Vietnam et s’implique activement au sein de La French Tech Vietnam. Spécialiste de la création de contenus et des industries culturelles, elle œuvre à faire dialoguer technologie, innovation et créativité. Grâce à son rôle d’animatrice, elle a su donner du rythme aux échanges et mettre en valeur la complémentarité des parcours des intervenantes.

Au fil des échanges, ces femmes aux parcours différents mais complémentaires ont mis en évidence l’importance de la diversité dans la prise de décision et la création de solutions innovantes. Leurs interventions ont illustré comment le leadership féminin peut transformer les entreprises, la diplomatie ou la recherche scientifique. 

Quatre parcours, quatre motivations

Interrogées sur ce qui les avait poussées à s’engager dans des domaines longtemps dominés par les hommes, les intervenantes ont livré des réponses aussi diverses que leurs parcours. Pour Claudie Haigneré, première astronaute française, la clé a été le rêve : après une carrière de médecin, elle a osé viser plus haut, jusqu’à l’espace. Unique femme parmi les sept candidats sélectionnés lors de son recrutement, elle a affirmé qu’aucun obstacle n’aurait pu l’arrêter, si ce n’est la difficulté inattendue de trouver un costume spatial adapté à sa taille, les modèles étant conçus en taille unique masculine. 

Tôn Nữ Thị Ninh, ancienne ambassadrice, a pour sa part confié que ce n’était pas un choix mais une destinée : professeur d’université en 1979, elle a accepté l’appel du gouvernement vietnamien à Hanoï, consciente que sa connaissance de l’Occident constituait un atout rare à un moment critique pour le pays. 

Tri Mai Hoang, aujourd’hui à la tête d’Airbus au Vietnam, a expliqué que son moteur avait été l’envie d’apprendre, qui l’a menée à accepter un poste exigeant malgré les hésitations initiales. 

Enfin, Dulin Tan, directrice recherche et technologie chez Thales, a insisté sur la passion qui l’a guidée vers les microélectroniques. Peu de femmes l’entouraient durant ses études, mais pour elle, la science ne fait pas de distinction : dans un laboratoire, hommes et femmes sont jugés sur leurs résultats, pas sur leur genre.

Quotas : progrès ou égalité de façade ?

Depuis plusieurs années, la question des quotas féminins suscite de vifs débats dans le monde entier. Pensés comme un outil de rattrapage, ils visent à garantir une présence minimale de femmes dans les écoles, les conseils d’administration ou les postes de direction, afin de corriger des siècles d’exclusion. Ces dispositifs ont permis d’accélérer la progression de l’égalité, mais ils divisent encore : pour certains, ils constituent un levier indispensable, tandis que pour d’autres, ils risquent de créer une égalité de façade si les compétences ne restent pas au cœur des critères de sélection. 

Durant la conférence, les intervenantes ont reconnu que ces mesures représentaient un progrès et pouvaient avoir un impact positif sur la société. Mais Madame Ninh a nuancé ce constat en soulignant un effet pervers : laisser penser qu’une femme obtient sa place uniquement parce qu’elle est femme, et non grâce à ses compétences. Elle a insisté sur la nécessité de mettre en avant les talents réels plutôt que d’instaurer une égalité symbolique. Selon elle, les politiques publiques restent essentielles pour éduquer les citoyens et offrir des opportunités équitables, mais elles doivent être appliquées avec discernement afin d’éviter toute nouvelle forme d’injustice.

Diversité, valeurs et transmission : des pistes concrètes pour faire évoluer les mentalités

En partageant leurs conseils, les intervenantes ont livré de véritables pistes de réflexion pour l’avenir. Claudie Haigneré a insisté sur le rôle central de la diversité : faire converger les sexes, les âges et les nationalités permet, selon elle, d’exploiter le maximum de talents et d’enrichir les approches. Mais elle a rappelé qu’« un gap subsiste » : même si les femmes sont plus présentes qu’hier dans la société, elles doivent encore constamment convaincre et inspirer pour trouver leur place. D’où l’importance, pour elle, de semer les graines de la passion dès le plus jeune âge, afin qu’elles deviennent profondes et durables, loin des stéréotypes qui enferment les enfants et limitent leur potentiel. 

Tri Mai Hoang a prolongé cette idée en pointant la responsabilité des entreprises : il ne suffit pas de proclamer l’importance de la diversité, il faut aussi donner aux collaborateurs les clés pour la comprendre et l’intégrer dans leurs pratiques. Lorsqu’on associe diversité et valeurs, a-t-elle affirmé, « le résultat est incommensurable ». Pour elle, le mentorat est également essentiel, pensé comme un échange où l’on transmet mais où l’on reçoit aussi, l’énergie des jeunes étant une source d’inspiration inépuisable. 

De son côté, Madame Tôn Nữ Thị Ninh a rappelé que les femmes vietnamiennes, fortes et résilientes, ont toujours su surmonter les épreuves. Mais elle a surtout insisté sur la nécessité d’un apprentissage continu : chaque rencontre, chaque contexte de vie peut devenir une leçon et une source d’inspiration, à condition de rester ouverte et curieuse.

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