À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Lepetitjournal.com met à l’honneur des artistes et des figures engagées rencontrées à Hanoï au fil de l’année. Qu’elles soient musiciennes, militantes ou exploratrices de leur identité, elles partagent un même désir de transmission, de combat et de reconnexion avec leurs racines. À travers leurs voix, leurs luttes et leur art, elles inspirent et témoignent de la richesse des parcours féminins au Vietnam et au-delà. Voici une sélection des portraits réalisés ces derniers mois, retraçant les histoires de ces femmes qui, chacune à leur manière, marquent leur époque.


La Journée internationale des droits des femmes a été célébrée avec éclat à Hanoï et dans tout le Vietnam. De nombreuses activités ont honoré les contributions des femmes à l’histoire et au développement du pays, avec des cérémonies en mémoire des héroïnes nationales, des défilés en costumes traditionnels et des rencontres officielles avec des figures d’exception. Si la tradition veut que les Hanoïennes les plus chanceuses reçoivent des bouquets et des présents, nous avons choisi de mettre à l’honneur celles qui façonnent notre histoire.
Ánh Tuyết
Ánh Tuyết porte la voix des invisibles en jazz et en poésie
Ánh Tuyết, 24 ans, originaire de Da Nang, mêle jazz et poésie pour donner une voix aux invisibles. Après des débuts marqués par la guitare et une écriture influencée par la littérature, elle publie ses premières chansons sur SoundCloud, attirant l’attention d’un collectif indépendant. Son titre Amour et Jours de Tristesse atteint un million de vues en 2019, mais elle ressent vite le besoin d’explorer des thèmes plus profonds. Inspirée par la nature, elle compose des morceaux où les lucioles deviennent une métaphore des travailleurs de l’ombre. Convaincue que le jazz lui permet d’exprimer des récits imprévisibles, elle continue de chercher une nouvelle harmonie musicale après la dissolution de son dernier groupe.
Tran To Nga
Agent Orange : « On continuera de se battre jusqu'à notre dernier souffle »
Tran To Nga est une militante franco-vietnamienne de 82 ans, engagée dans la reconnaissance des droits des victimes de l’Agent Orange, un herbicide toxique utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam. Ancienne enseignante et résistante, elle mène depuis 2014 un combat judiciaire contre 14 entreprises agrochimiques, dont Bayer-Monsanto, accusées d’avoir fourni ce produit responsable de graves maladies et malformations. Malgré le rejet de sa plainte par la justice française, qui invoque l’immunité des firmes ayant agi sous contrat militaire, elle poursuit son combat en cassation, soutenue par de nombreuses organisations et personnalités. Son engagement lui a valu la citoyenneté d’honneur de Villejuif, une distinction précédemment attribuée à Nelson Mandela et Mumia Abu-Jamal.
Yen Linh
Rencontre avec l’artiste engagée Linh : « reconnexion au Vietnam par la musique »
Yen Linh est une chanteuse franco-vietnamienne engagée, qui explore ses racines à travers la musique. Née à Hanoï et arrivée en France à l’âge de deux ans, elle utilise son art pour exprimer son attachement au Vietnam et questionner son identité en tant que femme d’origine vietnamienne en France. Ses concerts mêlent français et vietnamien, traduisant une quête personnelle de reconnexion culturelle. En parallèle, elle a cofondé le collectif Le Studio Jaune, puis PAAF (Collectif PanAsiAFéministe intersectionnel), œuvrant pour la visibilité des femmes asiatiques en France. Aujourd’hui, elle poursuit son engagement à travers des performances artistiques, notamment en participant à la pièce Saigon de Caroline Guiela Nguyen.
Léa Chauvet
Elle retrouve sa famille d'origine dans un village à une heure d’Hanoï
Léa Chauvet est une Franco-Vietnamienne adoptée à l'âge d'un mois et élevée en France. Curieuse de ses origines, elle entreprend à 11 ans un voyage au Vietnam pour retrouver sa famille biologique, avec pour seuls indices une photo et une adresse. Elle découvre alors que sa mère est décédée un an après sa naissance, mais tisse rapidement des liens avec sa famille vietnamienne, qu'elle visite régulièrement. En 2024, elle célèbre sa lune de miel avec son mari François en compagnie de ses proches vietnamiens. Profondément attachée à ses racines, elle encourage les personnes adoptées à entreprendre cette quête identitaire et accompagne certains amis dans la recherche de leurs familles biologiques.
Madeleine Riffaud
Madeleine Riffaud nous a quittés le 6 novembre 2024
Madeleine Riffaud était une résistante, journaliste et militante engagée contre le colonialisme. Entrée dans la Résistance à 18 ans, elle a été arrêtée et torturée par la Gestapo avant d’échapper à une exécution et de participer à la Libération de Paris. Après la guerre, elle devient grand reporter et s’engage aux côtés du peuple vietnamien dans sa lutte pour l’indépendance. Proche d’Ho Chi Minh et du poète Nguyen Dinh Thi, elle couvre la guerre d’Indochine et la guerre du Vietnam, bravant les bombardements américains. Jusqu’à sa mort, à 100 ans, le 6 novembre 2024, elle demeure une figure emblématique du combat pour la justice et la liberté.
Sur le même sujet
