Huit élèves du lycée français international Marguerite Duras d'Hô Chi Minh-Ville, membres du club Jeunes Entrepreneurs de l'école, ont fondé Miden (« zéro » en grec). Le but de cette start-up est de produire des masques « zéro déchet » tout en reversant les bénéfices à un orphelinat de la ville. Nous avons rencontré quatre de ces lycéens déterminés à faire bouger les choses.
Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je suis Quoc Thanh, élève en terminale et président fondateur du club Jeunes Entrepreneurs du lycée. Derrière cette initiative, nous voulons réveiller l’esprit d’aventure et d’entreprendre des jeunes.
Je m’appelle Sophie, je suis en seconde au lycée Marguerite Duras. Je m'occupe de la partie marketing du projet. Mon travail, c’est d’utiliser les réseaux sociaux pour montrer nos projets au public.
Je m’appelle Lucie. Je suis élève en terminale et je fais partie du club Jeunes Entrepreneurs et plus précisément du projet Miden.
Je m’appelle Horace. Je suis élève en terminale et je fais partie du club Jeunes Entrepreneurs et plus précisément du projet Miden. (rires)
D’où est venue l’idée des masques Miden ?
En pleine crise du Covid, les masques sont devenus un essentiel, comme les habits. Constatant qu’il y avait beaucoup de masques à usage unique, nous nous sommes dits : « Pourquoi ne pas faire des masques réutilisables, et en plus à partir de tissu recyclé, pour ainsi éviter les déchets textiles ? ». Nous préparons le design, le choix du matériau, la couleur, etc., puis nous passons commande auprès d'une usine spécialisée dans la production de tissu recyclé.
Où en êtes-vous dans le projet ?
Nous avons fait une première vente de 100 masques, lors de laquelle nous avons réalisé 4 000 000 VND (145 €) de bénéfices. Nous allons réinvestir une partie des bénéfices dans la production de 100 autres masques dotés d’un nouveau design. Le reste des bénéfices a été versé en totalité à un orphelinat de la ville sous forme de couches, de lait, etc. Nous faisons ça pour aider les gens et pour mettre notre éducation en pratique.
Quelles sont vos ambitions pour la suite de ce projet ?
Nous voulons tout d’abord lancer une seconde vente de masques, mais nous prévoyons également de créer de nouveaux produits à partir de textiles recyclés, comme des t-shirts, des sacs, etc. Notre projet concerne le recyclage de textile en général car c’est un problème très important, surtout avec les marques de fast-fashion* qui polluent énormément.
En quoi les problématiques de développement durable vous touchent-elles personnellement ?
Horace : La situation s’aggrave de jour en jour. Il faut agir maintenant, peu importe comment, à partir du moment où il y a un impact positif, même si ce sont des actes simples. Et si faire partie d’un club qui essaie d’être écologique, c’est une étape à suivre, alors autant le faire. C’est la mentalité que j’ai et que j’essaie d’avoir.
Quoc Thanh : Si chacun contribue un peu, on peut lutter contre le réchauffement climatique et contre les dégâts environnementaux. Le Vietnam est un pays très pollué, donc le masque devient essentiel, encore plus avec le Covid. Si on regarde dans la rue, il y a des déchets partout. Ça me touche et ça m'attriste car ma vie est ici. Maintenant, c’est nous la génération future. On vit dans un climat qui est déjà pollué donc c’est notre rôle de préserver la Terre.
Sophie : Je pense aussi que les jeunes sont motivés parce que ça fait partie de notre éducation. Depuis qu’on est très jeune, on nous parle de ça. On a conscience qu’on fait face à des problèmes et qu’on doit agir au plus vite.
Horace : C’est aussi le monde dans lequel nos enfants et petits-enfants vont vivre. Est-ce que vous voulez qu’ils vivent avec un ciel gris, pollué, avec des masques beaucoup plus sophistiqués et volumineux ? Ça ne donne pas envie. Je sais qu’on ne peut pas arrêter ce qui se passe, mais on peut le ralentir.
Etes-vous sensibilisés à la thématique du développement durable lors de vos cours au lycée français international Marguerite Duras ?
Maintenant, dans tous les cours, il y a des chapitres consacrés à l’environnement et au développement durable : en histoire, géographie, sciences économiques et sociales, sciences de la vie et de la Terre, langues, etc. C’est vraiment l’enjeu du futur. Et il existe aussi le club Éducation au développement durable du lycée qui crée de petits projets dans ce sens.
Comment et où peut-on se procurer vos masques ?
Vous pouvez nous contacter sur Instagram, sur Facebook ou par email (miden.vn@gmail.com). Pour l’instant, la distribution se fait exclusivement en ligne, mais si on a plus de succès, on contactera des magasins pour essayer d’y exposer nos produits. Nous vendons les masques 50 000 VND (2 €) l’unité. Ils sont constitués de trois couches de tissus et sont efficaces contre le Covid, d’après des tests basés sur un article scientifique du magazine The Conversation : après avoir mis un de nos masques, on souffle aussi fort que possible pour tenter d’éteindre la flamme d’un briquet se trouvant de l’autre côté du masque. Elle ne s’éteint pas.
Avez-vous quelque chose à ajouter pour nos lecteurs ?
Bah… achetez nos masques ! (rires)
L’équipe au complet :
Quoc Thanh DUVAL - Terminale C : Fondateur et chef du projet
Sophie MANTIENNE - Seconde C: Photographe et Marketing
Adrien DO - Seconde A : Marketing et réseaux sociaux
Hoang Khang HONG - Seconde A : Marketing et réseaux sociaux
Horace SOCROUN - Terminale A : Design et production
Rosalie TACONET - Terminale A : Design et production
Nguyen Cindy TRUONG - Terminale A : Comptable
Lucie NGUYEN KHAC SCHEOU - Terminale B : Design et production
*La fast-fashion (en français : mode éphémère ou mode express) est un segment de l'industrie vestimentaire qui se caractérise par le renouvellement très rapide des vêtements proposés à la vente, plusieurs fois par saison, voire plusieurs fois par mois. (Wikipédia)