Il n'avait pas d'argent, pas d'architecte fiable, aucun banquier prêt à le soutenir et ne connaissait pas le Vietnam...Comment le docteur Jean-Marcel Guillon, 66 ans, aujourd'hui, a réussi son pari fou : construire son hôpital à Ho Chi Minh Ville. Récit.


Sa vie est un roman. Orphelin de père à 12 ans, bachelier à 16 ans, interne des Hôpitaux de Paris à 23, Jean-Marcel Guillon rêvait depuis l'enfance d'être médecin...
Sur le papier, son destin paraissait tout tracé : une prometteuse carrière universitaire de pneumologue attendait le jeune chef de clinique assistant en France. En l'attente d'un nouveau poste, il décide d'aller exercer quelques mois en Arabie Saoudite. Il y restera deux ans pour ensuite enchaîner avec deux autres années à Brunei.
« A mon retour en France, je n'avais qu'un souhait : participer à la création d'un hôpital dans un pays du tiers-monde ».
Vaste programme...
De médecin à entrepreneur
Coup de chance, il fait la connaissance à Paris d'un petit groupe de médecins français qui voulaient fonder un établissement hospitalier au Vietnam.
« Le seul problème c'est qu'ils n'avaient pas de soutien financier, personne ne parlait anglais et aucun d'entre eux n'avait jamais mis un pied en Asie. Autant dire que les choses s'annonçaient plutôt mal ».
Pas de quoi décourager Jean-Marcel Guillon qui débarque pour la première fois à Ho Chi Minh Ville en 1997.
« A l'époque on était vraiment très loin de la Thaïlande en qualités de soins. Coup de chance, un rapport gouvernemental consacré au système de santé venait d'être rendu public et sa principale préconisation était d'autoriser la création d'hôpitaux étrangers à capitaux 100% privés ».
Sur place, après quelques mois de flottement, le médecin s'adjoint le soutien indispensable d'une avocate de talent et rencontre un étrange promoteur immobilier d'origine chinoise qui lui propose de construire son hôpital dans un bâtiment à demi-achevé, situé à proximité d'un canal puant...
Coup de chance, le promoteur est mis en prison. C'était un spécialiste des faux en écriture.
L'aventure vietnamienne de Jean-Marcel Guillon pouvait enfin vraiment commencer.
La naissance du FV Hospital
A force d'obstination, le médecin décroche le soutien de principe d'IFC, une banque spécialisée dans le développement à l'international de projets privés à caractère humanitaire. Il ne lui reste plus qu'à lever quelques millions de dollars pour bénéficier du soutien effectif de cette banque.
« Il fallait mentir à tout le monde... J'ai fini par lever 5 millions de dollars auprès de médecins. Ensuite, les banques ont suivi et IFC a financé 50% du coût du projet ».
Quelques dizaines de millions de dollars plus tard, ce qui avait commencé comme une aventure digne des Pieds Nickelés devenait réalité. En 2003, Le FVH accueillait ses premiers patients. 60 médecins. 300 salariés et 16.000m2 de bâtiments. Jean-Marcel Guillon avait réussi le défi de sa vie.
Tout naturellement, les actionnaires du projet lui proposaient de diriger l'établissement. En 2022, Thomson Medical Group, a racheté l'hôpital et maintenu le docteur Guillon à la tête de l'établissement.
« Aujourd'hui, je travaille sur la création d'une nouvelle annexe. Le bâtiment devrait être achevé en 2028. J'aurais 70 ans si Dieu me prête vie...Il sera alors temps de quitter la scène ».
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