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Arnaque au logement : victimes d’un Français, 2 étudiantes racontent

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Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 19 février 2020, mis à jour le 5 janvier 2023

Andréa et Emma se sont rendues à Hanoi dans le cadre de leurs études. Si cette expérience à l’étranger leur a apporté de jolis souvenirs, elles n’en ont pas tiré que du bon : escroquées avec leurs colocataires par un Français expatrié, elles témoignent de leur mésaventure. 

Andréa est arrivée au Vietnam en août dernier pour un échange universitaire, avec l’idée d’emménager en colocation à Hanoi. Consciente de l’efficacité des petites annonces sur les groupes Facebook pour trouver un logement, elle rejoint celui des "Français à Hanoi" et entre rapidement en contact avec un certain Robin R. "Il m’a envoyé des messages privés en me disant qu’il gérait des maisons de colocation, explique la jeune femme de 21 ans. Il m’a fait parvenir des photos, les prix, c’était très bien. Concernant mes coloc’, il a bien voulu leur montrer les lieux en appel vidéo, tout était clair. On a rapidement accepté."

De la même manière, Emma s’est installée dans la capitale vietnamienne en octobre dernier, dans le cadre de son master. Tout comme Andréa, elle s’inscrit dans le groupe Facebook Etudiants Français à Hanoi ! pour trouver un logement, et ne tarde pas à faire la connaissance de Robin R, administrateur du groupe : il se trouve qu’il a une maison en colocation à lui présenter. 

Premiers doutes 

Après lui avoir versé une caution de 250€ chacun, Andréa emménage donc le 25 août 2019, avec 4 colocataires -étudiants également-, dans la maison qu’ils partagent avec Robin R., au demeurant "très sympa, serviable et souriant". Un premier événement leur met la puce à l’oreille. "Nous devions payer de 15 à 20€ plus cher que ce qu’il nous avait annoncé  pour les charges." Mais s’il reste tout de même distant, affairé dans sa chambre à développer son commerce de sauces piquantes et vendre des tableaux de sa composition, Robin R. s’entend bien avec tout le monde. 

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Plusieurs personnes semblent avoir été arnaquées par ce même individu. Groupe Facebook Hanoi Massive Community 

Dans la maison d’Emma, même topo : "Les factures d’électricité étaient très chères, mais lorsqu’on lui demandait des explications, Robin était très flou." De 6, le nombre de colocataires passe à deux en moins d’un mois.

Seulement après un mois de cohabitation, Andréa et ses amis reçoivent un message alarmant. "Il avait déjà été signalé sur des groupes Facebook de Français expat’, pour avoir arnaqué des gens", raconte-t-elle. Cette dernière, qui se qualifie comme une "tête brûlée" n’a pas hésité à lui parler de ces rumeurs d’escroqueries qui planaient sur lui. "Il a avoué avoir eu des soucis mais que maintenant c’était réglé, et qu’il ne voulait faire affaire qu’avec des Français pour éviter tout malentendu."

 

L’arnaque se dessine 

Progressivement, Andréa et ses 4 colocataires sentent que Robin R. se fait de moins en moins volontaire, notamment lorsque certains problèmes apparaissent au sein de la maison à la fin du mois de novembre. Climatisation défaillante, panne d’eau chaude, fuite d’eau… Autant de dysfonctionnements qui ne le rendent pas pour autant réactif. "Un jour, une dame âgée vietnamienne est entrée dans la maison et est montée directement dans la chambre de Robin. Ça a crié, et manifestement, sa petite copine qui est vietnamienne lui servait de traducteur. Mais Robin ne nous a pas donné d’explications."

Une semaine plus tard sans crier gare, leur colocataire suspect met les voiles en emportant avec lui toutes ses affaires. Perplexes, Andréa et ses amis voient débarquer deux jours après, le 6 décembre, cette même Vietnamienne, en fait propriétaire des lieux. Criant en vietnamien, accompagnée de deux garçons costauds, elle inscrit sur un bout de papier une date, et leur fait comprendre de le transmettre à Robin R. au plus vite. La traduction est sans équivoque : leurs meubles seront enlevés le 8 décembre. Ils ont deux jours pour déguerpir. 

Cette situation fait écho à celle d’Emma, que cette dernière qualifie de chaotique. Elle aussi au mois de décembre a été menacée par sa propriétaire d’être mise à la porte, sous prétexte que Robin R. ne payait plus le loyer. Une semaine après avoir été prévenue qu’elle et sa colocataire devaient quitter les lieux, ces dernières ont trouvé porte close en revenant d’une visite d’appartement. "On a dû appeler un serrurier, la propriétaire était là mais refusait de nous ouvrir." A peine sont-elles entrées pour récupérer leurs affaires qu’elles se font enfermer à double tour dans la maison par la propriétaire. Robin R. viendra tout de même à leur rescousse, accompagné de policiers semble-t-il. 

Cautions volées, loyers impayés, arnaqueur évaporé 

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Le dernier message reçu par la colocation d'Andréa par Robin R. 

Le jour-même, Andréa et ses amis recevront un dernier message de sa part avant sa disparition. Les malentendus avec la propriétaire se sont succédé, son entreprise ayant fait faillite, il est dans l’incapacité de régler les deux derniers mois de loyer impayés. "Deux mois qu’il ne payait pas et l’argent que nous lui avions donné il l’utilisait !", affirme amèrement Andréa. Et puis, silence radio. Robin R. disparait aussi vite qu’il était apparu, ayant pris soin de bloquer leur compte Facebook un à un pour qu’ils ne puissent plus le contacter. 

Comme prévu, la propriétaire les a mis dehors le 8 décembre. Probablement désabusée et escroquée elle aussi par ce mystérieux Robin R, tout comme la propriétaire d’Emma. Leur argent ? Les étudiants savent qu’ils ne le reverront pas. Ayant alerté l’Ambassade de France, leur problème a été éludé. C’est que personne n’y peut grand chose : étudiants, arrivés au Vietnam sans forcément connaître les lois et ses méandres, ni Andréa ni ses colocataires n’ont signé de contrat. Mais pour eux, la démarche est plutôt d’avertir de futurs potentiels locataires des méfaits que ce jeune homme aurait accomplis plusieurs fois. 

"Elise ma colocataire actuelle qui était avec moi dans la maison était en contact avec une fille, locataire avant nous. Dans sa coloc’ très peu ont vu leur caution remboursée", confirme Emma, qui a dû dire adieu elle aussi à ses 230€ de caution. Elle et Andréa sont entrées en contact après leurs déboires respectifs, et échangent avec d’autres étudiants victimes de ce même individu.  

En tout, plus d’une dizaine de personnes affirment avoir été escroquées par Robin R., à Hanoi et à Saigon. Mais qui est ce jeune homme, à priori bien sous tout rapport, dont le sourire et l’expression orale impeccable mettent tout de suite en confiance ? Contacté par notre rédaction et mis au courant de son droit de réponse, Robin R. n’a jamais répondu.

Depuis l’échec de sa société de sauces piquantes, il aurait monté une nouvelle entreprise, laquelle mettrait en contact des développeurs vietnamiens avec des start-ups de la Silicon Valley. « Toutes ses sociétés sont bidons », selon Andréa, qui l’a déjà entendu se vanter de s’être fait faire un faux diplôme en Chine. Au Vietnam depuis plus de 3 ans, il aurait d’abord vécu à Saigon, avant de venir s’installer à Hanoi. Peut-être pour fuir des insinuations d’arnaques à son encontre ? Si le montant général des prétendues escroqueries est impossible à déterminer, la somme des cautions qu’Andréa, Emma et leurs colocataires lui ont confiées s’élève à plus de 1000€.

Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 19 février 2020, mis à jour le 5 janvier 2023