Mercredi 8 mai, au Satsuma House à Thao Dien, un événement artistique captivant a eu lieu, mettant en vedette une œuvre murale vibrante de l'artiste québécoise Ilana Pichon. Grâce à une bourse accordée par le Conseil des Arts et des Lettres du Québec (CALQ), Ilana Pichon a pu apporter son talent de muraliste au Vietnam, offrant une nouvelle perspective artistique à la communauté locale.
Pour mieux comprendre son parcours et son processus créatif, Le Petit Journal a eu l’opportunité de s’entretenir avec cette artiste pluridisciplinaire, à l’occasion du vernissage de son œuvre in situ.
Parcours et inspiration
Originaire de la Suisse et habitant à Québec depuis plus de 20 ans, Ilana Pichon a débuté sa carrière artistique après avoir étudié l'architecture, obtenant une maîtrise dans ce domaine. Elle a renoué avec les arts après 5 ans d’université et a doucement atterri dans l’univers des arts imprimés et de la peinture murale grand format à partir de 2015.
L'influence de ses études en architecture est évidente dans son travail de création. Elle explique : "L'architecture m'a suivie dans la manière dont j'observe le territoire, dont je transcris ce que je vois." Cette vision attentive de l'espace se manifeste dans ses œuvres, où elle cherche à capturer l'essence même du lieu.
En plus de la peinture murale, Ilana réalise des œuvres d’art public grâce à la politique d'intégration des arts à l’architecture et à l’environnement du Québec. Ce programme contribue à démocratiser l’art actuel en appuyant la création. Il permet de diffuser des œuvres d’art public réalisées par des artistes professionnels et de sensibiliser la population à l’art contemporain. Elle crée également à son atelier durant les saisons plus froides (sérigraphie, touffetage en laine, dessin). Cette diversité d'approches lui permet d'explorer différents médiums, tout en restant fidèle à sa passion pour le grand format et l’art public.
Style artistique et approche créative
Ilana décrit son style comme abstrait et graphique, caractérisé par l'utilisation audacieuse de la couleur et des motifs géométriques. Elle cherche à simplifier la réalité pour la réinterpréter à sa manière, permettant ainsi à chacun de trouver sa propre signification dans ses œuvres. Pour elle, l'art public, tel que la peinture murale, est essentiel car il offre un accès direct à l'art, sans barrières ni contraintes, permettant aux gens de s'approprier l'espace dans lequel ils vivent.
Lorsqu'on lui demande quels artistes l'inspirent, Ilana mentionne Hense, un artiste américain aux murales monumentales, mais souligne que son inspiration vient surtout de l'expérience de peindre en plein air et d'interagir avec les gens dans l'espace public. Elle trouve gratifiant de voir les réactions des gens à son travail et d'engager des conversations sur l'art et la créativité durant la réalisation des murales.
« Je trouve que faire de la murale est une belle façon d’être en contact avec un artiste, de comprendre sa démarche, de lui poser les questions que tu ne pourrais peut-être pas poser si tu vas en galerie ou au musée »
Exploration artistique au Vietnam
Concernant son processus créatif, Ilana explique qu'elle s'imprègne d'abord de l'environnement dans lequel elle travaille, observant attentivement la cartographie, l'architecture, les détails et la nature qui l'entourent. Cette immersion dans le lieu lui permet de créer des œuvres qui s'intègrent harmonieusement à leur contexte, tout en ajoutant une nouvelle dimension artistique à l'espace.
Lauréate de la bourse du Conseil des Arts et des Lettres du Québec, en collaboration avec l’Institut français de Ho Chi Minh Ville, elle dispose de deux mois pour concevoir, créer et partager ses œuvres sur les façades de Ho Chi Minh. Durant son séjour, deux projets principaux l’occupent ; les deux murs à l’entrée du Satsuma House, dont l’inauguration a eu lieu ce mercredi, et un mur au sein de l’École Internationale Allemande (IGS) dans Thao Dien, en pleine réalisation avec les élèves durant les prochains jours.
Impact et perspectives
L'œuvre d'Ilana Pichon résonne dans l'espace public et s’intègre au sein de la scène culturelle vietnamienne, invitant les spectateurs à réfléchir sur leur propre relation avec leur environnement urbain au quotidien. Avec un regard tourné vers l’avenir, elle envisage de poursuivre son exploration artistique à travers de nouveaux projets et collaborations, continuant ainsi à repousser les limites de l'art urbain et élargissant la diffusion de la culture québécoise dans de nouvelles destinations.
Pour voir les œuvres d’Ilana Pichon, n’hésitez pas à faire un tour au Satsuma House, ou de guetter la date du vernissage de la murale à l’École Internationale Allemande (IGS). Vous pouvez aussi voir son travail en images sur son compte Instagram: @ilanapichon