Lepetitjournal.com vous invite à participer au Làm Giỗ, cérémonie de commémoration mortuaire traditionnelle au Vietnam. La pratique consiste à célébrer annuellement le décès d’un proche, un an jour pour jour après sa mort. Au carrefour de la religion et de la tradition, découvrez cette pratique ancrée dans la culture vietnamienne.
Dans l’une des nombreuses ruelles sinueuses de la ville d’Hanoï, la famille des Thanh s’active. Alors qu’on allume des encens autour de l’autel familial, d’autres déposent des salades colorées et du poisson grillé sur les tables. Les convives s’activent, les mains se serrent, dans une ambiance de retrouvailles. Les ventres grognent, mais ils ne tarderont pas à être satisfaits, à table c’est l’abondance qui règne en maître.
« Ça faisait deux ans que je n’avais pas pu commémorer la mort de mon grand-père, je suis si heureuse de retrouver ma famille », se réjouit Van Nguyen, petite-fille du défunt. Précautionneusement, les oncles sortent des tréfonds des tiroirs l’alcool de riz aux fruits fermentés, tandis que les nouvelles générations vagabondent entre les jupons.
« Một Hai Ba Vô ! »
À l’étage de la résidence familiale, chaussures ôtées, les mains se joignent face au bàn thờ [autel de la famille] pour honorer les ancêtres. « Chacun est invité à déposer de la nourriture et des offrandes pour appeler les divinités à venir célébrer au sein du foyer », précise Van.
« Chacun est invité à déposer de la nourriture et des offrandes pour appeler les divinités à venir célébrer au sein du foyer »
Le portrait du défunt, entouré de fleurs et d’encens, est exposé sur la table rougeâtre de l’autel. Quelques minutes plus tard, la famille se rejoint autour de la table. « Je me rappelle du temps passé avec mon grand-père, on échange tous autour des bons moments qu’on a pu passer à ses côtés. Le Làm Giỗ permet de se retrouver, et de passer un moment convivial », continue Van.
Les hommes de la famille sont ensuite invités à se retrouver autour d’une table, où les shots d’alcool de riz décollent et s’abattent sur la table à répétition. Après avoir scandé le célèbre « Một Hai Ba Vô ! », des poignées de mains fraternelles sont échangées. Autour de la table, les mamans, grands-mères, et jeunes femmes se rappellent les histoires familiales. La culture patriarcale fait encore partie d’une majorité de familles au Vietnam.
Les origines du Làm Giỗ
La tradition reflète l’attachement dans la culture vietnamienne pour le respect des ancêtres et le sentiment d’unité familiale. Elle est un moyen de maintenir la mémoire et l'héritage des ancêtres vivants au sein de la famille et de la communauté. Le Làm Giỗ est pratiqué depuis l’époque pré-Bouddhiste, environ 1000 av. J.-C. à 100 apr. J.-C. Plus tard, cette commémoration a également été influencée par le confucianisme et le taoïsme.
Le Làm Giỗ descend aussi de pratiques bouddhistes. Les prières, rites et offrandes sont populaires chez les pratiquants bouddhistes. Aussi, cette religion enseigne le respect pour les ancêtres et les défunts, ce qui se reflète dans la pratique du "Làm Giỗ". Cette tradition relève d’une fusion d’influences culturelles et religieuses, enrichie par des siècles de traditions locales.
Il est 22 heures, les bouteilles laissent apercevoir leur fond, les quelques survivants peinent à regagner leur lit, la fête est finie.