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Madeleine Riffaud nous a quittés le 6 novembre 2024

Madeleine Riffaud, figure emblématique de la Résistance et des luttes anti-coloniales, vient de s’éteindre ce 6 novembre 2024 à l'âge de 100 ans. Entrée en résistance à 18 ans, rescapée de la Gestapo, elle est devenue après-guerre une grande reporter, portée par sa soif de justice. Compagne de combat du peuple vietnamien et amie d’Ho Chi Minh, elle a couvert la guerre d’Indochine au péril de sa vie, jusqu'à en faire l'un de ses grands engagements. « Résister, c'est aimer les gens », disait-elle, laissant en héritage un message puissant de courage et d’humanité.

Madeleine-Riffaud décésMadeleine-Riffaud décés
Écrit par Lepetitjournal.com de Hanoi
Publié le 8 novembre 2024

 

 

Elle venait tout juste de passer le cap des cent ans. C’était le 23 août dernier et le Petit journal lui avait alors consacré un article. Incarnation de la résistance avec un R majuscule, Madeleine Riffaud aura vécu mille vies, sans jamais se départir d’une combativité et d’une soif de justice pour les opprimés qui lui fait honneur. Le Vietnam restera l’un des grands combats de son existence qui en a tant connu. Compagne un temps du poète Nguyen Dinh Thi, elle a vécu les deux guerres d’Indochine aux côtés du peuple vietnamien et d’Ho Chi Minh, qui l’a bien connue.

 

Madeleine Riffaud a cent ans

 

C’est donc une grande amie que le Vietnam a perdu ce mercredi 6 novembre… « Résister, c’est aimer les gens », avait-elle déclaré un jour. « Si on a tenu, c’est parce qu’en toute situation, au lieu de se dire ‘je suis un martyr, je suis une victime’, on s’est toujours dit ‘je suis un résistant ! Je suis un combattant ! »… C’est par ces mots que Madeleine Riffaud résumait sa capacité de survie… L’éternelle révoltée est donc décédée ce mercredi 6 novembre, à l’âge de 100 ans, dans son domicile parisien. 

 

 

Une figure emblématique de la résistance et des luttes anti-coloniales

Entrée en résistance à l’âge de 18 ans, en pleine Seconde guerre mondiale, Madeleine Riffaud est arrêtée et torturée par la gestapo, avant d’échapper par miracle au peloton d’exécution et d’être libérée à la veille de la libération de Paris, à laquelle elle participe : elle fêtera ses 20 ans sur une barricade, avec ses camarades de combat…      

Après la guerre, c’est une nouvelle vie qui commence pour Madeleine Riffaud, une vie de grand reporter, pour L’Humanité notamment. Et c’est en 1951 que son destin croise celui du Vietnam en lutte pour son indépendance, par l’entremise de Nguyen Dinh Thi, le « Gérard Philippe vietnamien », alors secrétaire général du comité culturel pour le salut national, avec qui elle va entretenir une liaison (elle le rejoint au Vietnam) qui prendra fin en 1955 à la demande de Ho Chi Minh lui-même : « Ta place est en France, pour y éclairer ton peuple, pour y participer aux luttes », lui signifie-t-il alors.

 

 

mort madeleine ruffaud

 

 

Pour autant, Madeleine Riffaud n’oubliera jamais le Vietnam, qui reste, avec l’Algérie, l’une de ses grandes causes... Elle y retournera en 1965 pour un reportage dans les maquis du sud avec le journaliste australien Wilfred Burchett, qui sera diffusé dans la presse française et étrangère. Elle couvrira ensuite la guerre pendant huit ans, jusqu’en 1973, en n’hésitant pas à braver les bombardements américains…

« Elle était un personnage de roman, à l'existence tramée par la lutte, l'écriture, trois guerres et un amour. Une vie d'une folle intensité, après l'enfance dans les décombres de la Grande guerre, depuis ses premiers pas dans la Résistance jusqu'aux maquis du Sud-Vietnam », a écrit L’Humanité à l’annonce de sa mort.

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