Finaliste Education des Trophées des Français de l’étranger, Leila Bello, experte dans l’éducation internationale et basée au Vietnam sera-t-elle la lauréate 2023 ? Nous l’avons rencontrée à Hanoi avant la cérémonie (et donc le verdict) le 28 mars prochain…
Le titre du CV qui accompagne la candidature de Leila Bello plante le décor : « Rigoureuse, polyvalente, esprit d'initiative et d’équipe, très bon relationnel, expérience dans l’enseignement et experte en business development ». La pétillante organisatrice, sourire vicé aux lèvres, a accepté de nous rencontrer pour faire connaissance. Finaliste avec quatre autres Français dans le monde, la fondatrice de l’école française internationale “Colibri”, nous raconte son parcours et ses convictions.
Leila Bello, un bagage culturel international fort
Pas de doute, Leila Bello possède un bagage culturel international fort : « J'ai eu la chance d'être élevée avec deux parents de cultures différentes, de religions différentes. Tout pouvait les opposer. Mais il y avait cet amour, cette ouverture d'esprit d’aller vers l'autre, mais aussi l’apprentissage des langues. » raconte la jeune femme qui parle aujourd’hui français, anglais, italien, arabe, amharique (la langue de l'Ethiopie) et le vietnamien conversationnel.
Ancienne élève d’établissements français à l’étranger (en Ethiopie et en Italie), Leila a connu la vie à l’étranger depuis son plus jeune âge. « Après mon diplôme d’une école de commerce, j’ai travaillé dans la communication et le marketing en France. Ayant toujours eu le goût de l’enseignement, j’étais vacataire dans les IAE et des écoles » raconte Leila, souriante. En 2009, elle consacre son mémoire à « la francophonie et l’internationalisation des études à l’étranger. ». Avec l’envie irrépressible « de donner à son tour une ouverture d’esprit et de découverte à ses enfants », Leila Bello fait le choix, avec son mari, de vivre à l’étranger. La famille pose définitivement ses valises au Vietnam en 2013. De plus en plus, Leila s’intéresse à la petite enfance, à ce qu’il se passe entre 0 et 6 ans et à l'impact de l’internationalisation dès le plus jeune âge.
En confinement, Leila Bello imagine son propre centre éducatif multilingue à Hanoi
Leila Bello commence une formation en ligne ”early childhood” en parallèle de ses activités d’enseignement au Lycée Français de Hanoi. « J’avais besoin de comprendre la petite enfance, autre que par le biais d’être mère. » Ne trouvant pas de structure adaptée pour ses enfants en bas âge, l’idée de créer sa propre structure germe doucement dans sa tête « Et si je me lançais ? ». En 2017, elle participe au projet de création d’une structure éducative multilingue et apprend à gérer un budget, des contraintes administratives, un plan de communication et une équipe. Nous poursuivons l’entrevue en la présentant comme une entrepreneure, Leila nous coupe tout de suite :
« Je ne suis pas entrepreneure, j’aime organiser des choses. Quand j’ai une idée, je mène le projet jusqu'à la fin, depuis toute jeune. Ma maman m’a appris à aller jusqu’au bout. Je crois c'est plutôt l’entreprenariat qui m’aime bien, j’aime tant travailler avec les autres. »
Et puis le Covid-19 vient frapper le Vietnam. L’enseignement présentiel s’arrête. « J’ai eu mal au cœur de voir mes enfants devant l’ordinateur. Avec la communauté, on essayait de trouver des solutions, donner des cours, organiser des jeux…Je me prenais à rêver d’un endroit où je pourrai accueillir des enfants de la petite enfance. Et puis un jour je tombe sur une très belle maison, dans le quartier de Tay Ho. » Leila Bello a un coup de cœur. Mais ce coup de cœur coûte très cher. « J’ai pris le pari. Je me suis alliée à une Anglaise d'origine vietnamienne, Nguyen Minh Thu, pour m'aider à mettre en place ce centre d’activités qui deviendrait une autre structure éducative multilingue à Hanoi. Très énergivore, je réalise qu’il est très important de bien s’entourer au Vietnam pour de tels projets. Thu a toujours été bienveillante, nous sommes soudées ». Le bouche à oreilles fonctionne et l’école française multilingue « Colibri » prend son envol…
L’école « Colibri » à Hanoi accueille 50 enfants et s’agrandit bientôt…
Leila se souvient : « Beaucoup n’ont pas cru au projet au début. Je suis très fière de dire qu’ils se sont trompés. Nous avons de plus en plus d’enfants inscrits, des activités diversifiées et innovantes, une cantine avec des produits bio, une équipe de grande qualité, des sorties pédagogiques etc… Nous avons commencé avec 17 familles. Aujourd’hui, 80 familles nous font confiance. ». La directrice se souvient particulièrement d’un enfant qui n’arrivait pas à s’adapter aux autres crèches existantes et pleurait beaucoup. Après quelques jours chez Colibiri, le petit garçon s’apaise, ne pleure presque plus et semble s’épanouir « Ce sont des moments comme ça qui me boostent. Je suis fière, avec une équipe en or, de rendre service à la communauté française et francophone à Hanoi ». Aujourd’hui, 18 personnes travaillent à Colibri, dont 11 personnes permanentes : Cuc, Loan, Phuong, Nga, Trang, Thuy, Shalimar, Yaya, Marie, Katie, Hang, ainsi que Melanie, James et Tuan, intervenants à l'école.
Mais au fait…pourquoi le nom de Colibri ? « Le colibri est un petit oiseau qui vole très vite. Il est aussi capable de voler en avant et en arrière. Comme les Vietnamiens qui partent à l’étranger pour étudier et reviennent ensuite dans leur pays d’origine où ils partageront leur bagage. Enfin, le symbole d’un oiseau est fort car il prend son envol, comme le projet que nous menons depuis des mois. ». Et, pour estampiller cet envol, un beau Colibri a été peint sur les murs de la crèche.
Et après ? « Mon rêve est d’ouvrir une école primaire internationale française. Nous sommes en train de travailler sur l’envol de Colibri vers l’élémentaire et je m’adosse à Odyssey pour créer La Petite Ecole de Hanoi. Je n’en dis pas plus pour le moment… ». Nous souhaitons donc à Leila Bello et son équipe un bel envol et croisons les doigts pour elle pour la Cérémonie des Trophées des Français de l’étranger
« Etre finaliste est déjà une magnifique récompense et une reconnaissance de notre travail à l’étranger autour de l’éducation multilingue, la meilleure arme au monde… »