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Les villes hanséatiques : un incontournable de l'histoire allemande

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©Pixabay
Écrit par Jean Coudray
Publié le 12 août 2020, mis à jour le 1 décembre 2023

À la fois vestiges historiques et réalités politiques, les villes hanséatiques à l’instar de Hambourg et Brême sont une spécificité unique au monde. Quelques précisions afin de comprendre la nature et la fonction de celles-ci.
Vous vous demandez sans doute ce que signifie la lettre « H » au début des plaques d'immatriculation ou l'appellation de « ville hanséatique » ou « Freie Stadt » que vous croisez sur un écriteau officiel ?


Une fierté locale qui demeure

En Allemagne, 25 villes ont décidé de reprendre l'appellation de « ville hanséatique » pour rendre hommage à leur histoire à la suite de la réunification. Certaines villes comme Hambourg ou Brême ont conservé sur leur bannière les couleurs rouge et blanche et gardent à leur dénomination ce terme de « Freie Stadt » pour affirmer leur souveraineté. Ces deux villes ont aussi la particularité d'être des « Länder »à part entière parmi les 16 régions administratives allemandes.
Cela se remarque aussi sur les plaques d'immatriculation notamment pour Brême, Hambourg et Lübeck qui reçoivent les sigles HB, HH et HL. Après la réunification, la même immatriculation a été appliquée pour Greifswald (HGW), Rostock (HRO), Stralsund (HST) et Wismar (HWI). Ces spécificités sont le fruit d'un héritage et de persistances historiques liées à ce qui fut « La Ligue Hanséatique ».
 

Drapeau, Hambourg, Couleurs
©Pixabay


Apparition et structure de la Hanse

L'histoire de ce qui sera appelé par la suite la Ligue Hanséatique débute au XIIIème siècle par une simple alliance commerciale entre deux villes : Hambourg et Lübeck. Cette dernière fut érigée en 1158 et les élites politiques de l'époque mirent en place un partenariat dès 1241 avec Hambourg dans le but de s'échanger les richesses et les denrées dans le cadre d'un strict échange bilatéral entre chacune des deux cités. Par affinité, d'autres cités s'intégrèrent dans cette alliance commerciale sur le modèle de la « Communauté des marchands saisonniers de Gotland » dont la capitale était Visby, une île au cœur de la mer Baltique, pour finalement former un maillage entre villes marchandes de l'Europe du Nord appelé « Hansa ». Ce terme signifie en vieil allemand une « alliance conclue pour une assistance réciproque ». Au fil des ans, plusieurs villes de l'Allemagne actuelle, comme Brême, Brunswick ou Rostock se greffèrent à cette alliance pour former une structure marchande qui profiterait à chacune.
On pouvait dénombrer jusqu'à 85 villes au sein de la Ligue Hanséatique, elles étaient distinguées en deux groupements liés à leur géographie : les villes maritimes («Seestädte ») ou les villes d'arrière pays (« Binnenlandstädte »).
Aussi, elles se rattachaient selon leur région à une grande ville, à l'image de Cologne pour la Westphalie, Dantzig pour la Baltique ou encore Lübeck pour le Wende. Le processus d'appartenance à la Ligue Hanséatique par différentes cités n'est pas linéaire dans le temps ni irréversible, certaines villes y ont adhéré tardivement tandis que d'autre ont pu s'y extraire librement au gré de leurs propres intérêts.


Une idée issue du pragmatisme économique des élites

L'objectif de cette alliance était avant tout marchand. Il s'agissait d'affirmer son indépendance commerciale pour prospérer mutuellement face aux ogres suédois, danois, hollandais ou anglais mais aussi d'assurer la sécurité des échanges marchands dans le cadre de guerres ou de la piraterie qui sévissait en Mer du Nord ou en Mer Baltique. L'Europe n'était pas à l'époque une entité politique homogène et il était coûteux et risqué de marchander sur son territoire. Les villes s'octroyaient ainsi une souveraineté politique qui leur permettait de fixer leurs propres droits de douanes, leur participation à un effort militaire commun et à la construction d'infrastructures qui permettaient la viabilité du commerce. Certaines des plus grosses villes disposaient de leurs propres comptoirs dans les nœuds d'échanges commerciaux étrangers que furent Bergen, Novgorod, Londres ou Bruges. Ceux-ci bénéficiaient de privilèges d'extra-territorialité et étaient protégés de toute décision arbitraire émanant du souverain local. Les biens et denrées échangées était multiples, il pouvait s'agir d'ambres, de peaux ou de laines, de poissons, de minerais ou encore de productions agricoles. Chaque ville possédait un monopole relatif dans le commerce d'une matière particulière dans le but de ne pas empiéter sur les autres, ce qui évoque une application pratique de la notion d'avantages comparatifs qui ne sera théorisée que bien plus tard par le penseur économique classique David Ricardo.
 

Hanse Carte
La Hanse au XVe siècle ©Wikimedia Commons


Entre conflits et loyautés

La Ligue Hanséatique est substantiellement une coopération économique entre des villes qui se veulent « libres » vis-à-vis d'autres entités plus grosses. Cependant cette liberté se voulait aussi politique et induisait dans l'esprit des élites locales une véritable indépendance malgré une participation financière aux campagnes militaires de la Hanse. Le « Hansetag » constituait le seul organe de la Hanse se réunissant à Lübeck, capitale de la Hanse, tous les 3 ans. Cette assemblée générale des villes hanséatiques prenait de nombreuses décisions économiques et militaires dans un cadre consultatif en respectant la souveraineté de chaque ville. Elles ont par exemple décidé la formation de la Confédération de Cologne en 1365 pour attaquer le royaume du Danemark. Nombre de ses villes appartenant au Saint-Empire romain germanique se référaient directement à l'Empereur à travers le dispositif d'« immédiateté impériale » et non au souverain local le plus proche.
Le pouvoir commercial et politique en Europe de la Ligue Hanséatique s'est étiolé au XVIIe siècle à partir du Traité de Westphalie (1648) qui amorce le déclin du Saint-Empire sur le continent européen au profit de l'avènement d'autres Etats-nations.

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