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HAMBOURG – Altona rend hommage à treize STO morts pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Écrit par Lepetitjournal Hambourg
Publié le 30 janvier 2013, mis à jour le 29 janvier 2013

Claude Minguenau sèche discrètement quelques larmes en regardant le Stolperstein  qui vient d'être dévoilé avec douze autres pavés recouverts de laiton, ainsi qu'une plaque commémorative, 1 Jessenstraße à Altona. Les Stolpersteine rappellent le nom de victimes nazies et sont insérés entre les pavés des trottoirs. Celui qui  émeut Claude porte le nom de son père, Pierre Trillaud, mort avec douze autres Vendéens du service de travail obligatoire (STO). 

600 000 français envoyés en travailleurs forcés durant la guerre

Les Stolpersteine et les fanions vendéens

Ces jeunes hommes faisaient partie des 600 000 travailleurs envoyés contre leur gré en Allemagne, soi-disant pour libérer des prisonniers de guerre, en réalité pour combler la vacance laissée par les soldats allemands au front. C'est dans la nuit du 24 au 25 juillet 1943, que les STO vendéens du camp Norderstraße ont trouvé la mort sous les bombardements de l'opération Gomorrhe, une des attaques britanniques et américaines les plus meurtrières de la seconde guerre mondiale. A côté de Claude, se tient son frère Pierre qui n'a jamais connu son père, mais qui porte le prénom du disparu. Claude raconte que, dans sa famille, on parlait peu de son père, car injustice suprême, à leur retour, les jeunes gens contraints d'aller en Allemagne étaient accusés d'avoir travaillé pour l'ennemi. Et si elle pleure, c'est qu'elle pense à sa mère qui, enceinte du petit Pierre, avait vainement attendu son mari, puis, après avoir acquis la certitude qu'il ne reviendrait pas,  avait dû cacher son chagrin et supporter des allusions désobligeantes voire déshonorantes.

70 ans après la mémoire honorée

Les lycées du Gymnasium Allee ont pris part à la commémoration

Autour de Claude Minguenau et Pierre Trillaud, de nombreuses personnes se sont réunies, dimanche 27 janvier 2013, au Technisches Rathaus d'Altona pour honorer la mémoire des treize hommes. Le maire d'Altona, Jürgen Warmke-Rose, rappelle que le 27 janvier est la date anniversaire de la libération du camp de concentration d'Auschwitz en 1945. Sylvie Massière, Consule générale de France à Hambourg, se réjouit que cette célébration ait lieu au moment où l'on fête les cinquante ans du traité d'amitié franco-allemande et que des lycéens du Lycée Allee soient associés à la cérémonie. En effet, ceux-ci traduisent le discours de Serge Deau, neveu d'un STO décédé lui aussi pendant le raid aérien. Monsieur Deau relate que c'est une lettre de Louis Deslandes, auteur de « Nuit d'enfer sur Hambourg » qui est à l'origine du projet de commémoration. Ce rescapé de l'enfer des bombardements encore en vie, n'est malheureusement plus capable de voyager. Cependant, après de douloureuses hésitations, il a repris contact avec la famille de l'industriel Ludwig Reineke qui l'avait hébergé et aidé après le bombardement. L'amitié née entre l'ancien STO et les descendants Reineke a fait surgir le désir d'élucider un chapitre peu connu du passé d'Altona.

Une lettre de Louis Deslandes à l'origine de la commémoration

Louis Deslandes dans les années 40

Ce sont les membres du groupe Stadtarchiv Ottensen e. V. représenté par Gaby von Malottki, qui se sont chargés de ce travail. Lorsque Jean Chaize, président de la Fédération nationale des victimes du travail forcé en Allemagne nazie, prend la parole le degré d'émotion monte encore d'un cran. C'est que cet homme a lui-même vécu ce qu'est la déportation, mais il se contente d'une courte évocation ; il préfère s'adresser aux jeunes, souhaitant que ceux-ci « prennent le relais de la mémoire pour l'avenir, la confiance réciproque et l'espoir. » Les merveilleuses plaintes du violoncelle de Krischa Weber accompagnent cette commémoration.
Dehors, après que les lycéens ont nommé chaque victime et déposé une rose blanche sur le pavé correspondant, Claude Minguenau a un moment d'hésitation et sourit : « Ça m'a fait du bien. » Avec les autres descendants des victimes, Pierre Trillaud et Serge Deau, elle rentre plus sereine dans sa Vendée natale.

Irène Drexel-Andrieu (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) Mercredi 28 janvier 2013

A relire :
BERGEN-BELSEN - L'histoire de quelques Français à part dans l'enfer des camps

 

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Publié le 30 janvier 2013, mis à jour le 29 janvier 2013

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