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CINEMA - Classification FSK et protection de la jeunesse: Un système adapté ?

Écrit par Lepetitjournal Hambourg
Publié le 8 mars 2013, mis à jour le 8 mars 2013

Difficile de ne pas les voir à l'approche des bacs de DVD. Hautement colorées, les vignettes FSK ornent les jaquettes de films. Mais de quoi s'agit-il ?

L'effet des images sur les enfants ne date pas d'hier. Nombreux sont les pays à s'être dotés d'une armada législative permettant la protection des plus jeunes. C'est le cas en Allemagne depuis la fin de la seconde guerre mondiale, lorsque la création des 'labels FSK' (pour "Freiwilige Selbstkontrolle der Filmwirtschaft") fut entérinée selon le modèle américain. Se basant juridiquement sur la loi fédérale de protection de la jeunesse, au même titre que la régulation de la vente d'alcool ou des jeux d'argent, cette classification permet l'interdiction de l'accès aux salles des plus jeunes et la mise en place d'un étiquetage des DVD pour l'usage domestique. A noter également que la FSK a le pouvoir d'interdire la projection d'un film le jour d'une fête religieuse chrétienne. Ainsi, par exemple, Drive de Nicolas Winding Refn ne pourra être diffusé lors du Vendredi Saint ou le jour de la Toussaint. Étonnant ? Pas tant que cela dans un pays reconnaissant toujours le délit de blasphème !

Une classification difficile
Cette classification FSK est effectuée par différentes commissions, dans le cadre de la SPIO, organisme indépendant relevant de l'industrie cinématographie, mais dont les membres sont toutefois majoritairement nommés par l'État. Ces derniers évaluent alors chaque film, en portant une attention toute particulière aux éléments pouvant affecter potentiellement les enfants et adolescents. Après discussion entre membres, la commission vote sur la classification finale du film. Celle-ci est faite de façon optionnelle et non-obligatoire, mais il faut savoir tout de même que les oeuvres non soumises au contrôle de la FSK sont de facto non autorisées aux moins de dix-huit ans. Autant dire que les distributeurs sont plutôt prompts à proposer leurs créations, afin de rentabiliser au mieux la sortie de leurs films !

C'est alors que les difficultés commencent. Les ?uvres sont classées en différentes catégories, correspondant à des classes d'âge pré-établies. A ce petit jeu, l'Allemagne apparaît comme un des pays les plus féconds, avec pas moins de cinq classes: tout publique, visible à partir de 6, 12, 16 ou 18 ans. Mais la catégorisation n'est pas aussi simple qu'elle n'y paraît. Il ne peut y avoir de réponse objective et universelle, au vu de la complexité des paramètres impliqués. L'âge, l'origine sociale, l'éducation, les dispositions psychologiques, le sexe... varient selon les individus, et donc provoquent des réactions différentes face à un même film. De plus, les groupes d'âge sélectionnés sont des constructions légales et ne correspondent pas nécessaires à des stades de développement cognitif de l'enfant, tel que postulé par certains psychologues du développement. Rien d'étonnant donc à ce que paraissent de nombreuses contestations et disparités entre pays.

Des différences nationales manifestes
Se basant principalement sur la présence d'éléments de violence ou de sexualité, comme ses voisins, le résultat n'est toutefois pas toujours identique. L'Allemagne semble, dans l'ensemble, être un pays strict et protecteur. Ces caractères apparaissent d'autant plus flagrants en comparaison avec le système français (les visas de classement), souvent imputé d'être un des plus permissifs.

Ainsi, quand le débat s'élevait en Allemagne pour savoir si l'interdiction aux moins de douze ans du dernier volet des aventures d'Harry Potter n'était pas trop laxiste; la France, elle, autorisait au tout public d'aller le voir en salle. Le même Drive, susnommé, obtenait quant à lui un visa moins de douze ans en France, quand son DVD était interdit aux moins de dix-huit ans en Allemagne.

Rebelote ce mois-ci avec Spring Breakers, film américain au casting très "adolescent". Interdit aux moins de dix-huit ans en Allemagne et dans de nombreux pays, c'est en France que la décision de la commission de classification des films fait parler d'elle. En effet, celle-ci  n'a interdit l'accès aux salles qu'aux moins de douze ans, faisant primer le second degré du film de genre à l'univers hyper-sexualisé et drogué du film.

Comment expliquer ces disparités ? A l'heure où certains gouvernements européens prônent une plus grande harmonisation des système sociaux ou fiscaux, il serait intéressant de savoir si de telles mesures de rapprochement sont à l'ordre du jour dans le domaine de la protection de la jeunesse.

Cécile Trion (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) Vendredi 8 mars 2013

 

lepetitjournal.com hambourg
Publié le 8 mars 2013, mis à jour le 8 mars 2013

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