Le 7 novembre 2020, le président des Etats-Unis a enfin été déterminé : C’est Joe Biden, le représentant des démocrates qui a remporté les élections. Tour d’horizon des journaux allemands.
Des élections difficiles aux Etats Unis
Joe Biden a officiellement remporté les élections présidentielles des Etats Unis d’Amérique. Ce résultat est la fin d’une période sous haute tension dans un pays profondément divisé. Cependant, les élections ne semblent pas complètement se terminer face au déni d’échec de Donald Trump. Le président sortant a tenté de saisir la cour suprême en prétextant une fraude massive lors des élections à son encontre par le biais des votes par correspondance. Donald Trump n’a jusqu’ici exposé aucune preuve mais ses déclarations perturbent grandement les élections et ce, depuis le début : l’ancien président avait affirmé que s’il perdait, cela ne pouvait qu’être dû à des élections truquées. Dans les faits, Joe Biden a de son côté 290 grands électeurs contre 214 pour Trump, sachant que la majorité se situe à 270 électeurs.
L’Allemagne porte un grand intérêt à l’élection américaine
Die Zeit et le Frankfurter Allgemeine Zeitung ont relevé un grand intérêt des téléspectateurs allemands pour les élections américaines. En effet, l’audimat de certaines chaînes d’info a explosé le jour de l’élection de Joe Biden. Par exemple le Tagesschau a atteint 15,4 millions de téléspectateurs et une part de marché de 45,5 %. Cet engouement pour les élections américaines traduit un véritable suspense en ce qui concerne la future situation internationale et la relation germano-américaine pour les 4 prochaines années.
Inquiétude pour la démocratie
Dans la presse allemande, c’est un soulagement relatif qui domine. Joe Biden sort gagnant de l’élection mais jusqu’à quel point ? Le Spiegel rapporte les déclarations de Niels Annen, ministre adjoint des Affaires étrangères allemandes, qui s’inquiétait avant les résultats d’une longue saga de litiges juridiques et de recomptages dans différents États, à l'issue de laquelle, dans le meilleur des cas, un vainqueur affaibli des élections pourrait prendre la présidence : « Nous avons déjà exprimé nos préoccupations quant à l'intégrité du processus électoral pendant la campagne. Nous attendons de nos proches partenaires et alliés en particulier qu'ils acceptent et respectent les principes de base des élections démocratiques. »
Face à la volonté de Trump à vouloir arrêter le décomptage des votes, le journal Die Zeit donne la parole à l'expert en affaires étrangères de gauche Gregor Gysi : « C'est vraiment antidémocratique, il n’a rendu service ni à lui-même, ni à son pays, ni à l'humanité ». Le leader de gauche Bernd Riexinger s’est aussi exprimé : « Trump a exprimé tout son mandat par son mépris de la démocratie. La machinerie de Trump, composée de fausses nouvelles et d'intimidation, est déjà en marche, en plus des appels flagrants à la violence de ses partisans. La situation est extrêmement dangereuse. »
Le Süddeutsche Zeitung s’inquiète aussi de la transition entre les 2 mandats présidentiels, le journal précise que Joe Biden est bien le nouveau président des Etats Unis mais qu’il n’est pas encore en fonction officiellement. La victoire difficilement obtenue par Biden annonce 4 années avec son lot de défi : selon le Süddeutsche Zeitung, Trump a terni la démocratie américaine, pour le plus grand plaisir des leaders autoritaires de l’Europe de l’Est, et Joe Biden a la lourde tâche de réparer les pots cassés.
La situation internationale et la position de l’Allemagne
Le Frankfurter allgemeine Zeitung s’était inquiété pour l’économie allemande, sur les exportations notamment qui auraient été affectées par un second mandat de Trump. Mais globalement, les politiciens allemands sont soulagés de la victoire de Joe Biden. Dans le journal Die Welt, Johann Wadephul, vice-président du CDU, affirmait que l’Allemagne n’était pas suffisamment préparée à encaisser un second mandat de Trump. Conclusion : le pire scénario a été évité.
Dans le journal Die Zeit, Norbert Röttgen, expert en politique étrangère de la CDU, évalue lui aussi les problèmes internationaux évitées grâce à la défaite de Donald Trump : l’OTAN, par exemple, a pu encaisser 4 ans de trumpisme mais pour 8 ans, qui sait ce qui aurait pu arriver ?
Le Tageschau acquiesce et ajoute que les accords de Paris ont aussi été un grand enjeu dans les élections américaines. L’Allemagne s’était beaucoup engagée dans ses accords pour l’environnement avec l’Union européenne et l’élection de Joe Biden remet en quelque sorte les compteurs à zéro. Le journal ajoute qu’il y a d’autres domaines où la politique américaine pourrait s’adoucir : l’accord nucléaire avec l’Iran et le retour à l’OMS par exemple.
Le principal avantage de l’élection de Joe Biden est le fait que les Etats-Unis vont cesser d’être un acteur international imprévisible et donc dangereux, souligne le Tageschau. Le journal rappelle notamment les décisions que Donald Trump avait pris à l’encontre de l’Allemagne en retirant plusieurs dizaines de millier de soldats américains du sol allemand. « C’est la fin d’une nervosité permanente » déclare le Tageschau.
Joe Biden, un président plus arrangeant
Le Tageschau affirme que Biden serait un président plus européen et surtout loin du mouvement « l’anti-Merkel » prôné par Donald Trump. Le journal reste cependant nuancé : « L'Allemagne et l'Europe pourraient à nouveau dormir un peu plus tranquillement sous un président démocratique, M. Biden - mais tomber dans un sommeil profond serait probablement une erreur au vu d'une Amérique profondément divisée. »
Le journal Bild rejoint la même position et reste méfiant : Il rappelle que plus de soixante-dix millions d'Américains voulaient que Donald Trump remplisse un second mandat et que l’Allemagne n’est pas non plus à l’abri de la menace populiste. Le nombre de personnes qui se sentent repoussées, indésirables, incomprises et déconnectées des élites du capital, de la politique, de l'économie et des médias augmente rapidement et il ne faut surtout pas les négliger. D’après le journal, il est encore trop tôt pour dire si Trump était un épisode ou un signe avant-coureur et c’est justement pour cette raison qu’il faut rester prudent.