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LES GRANDS-PARENTS – Si loin, si proches

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 février 2018

C'est évident, l'expatriation renforce les liens à l'intérieur du premier cercle familial. Parents et enfants doivent s'épauler pour démarrer une nouvelle vie, ailleurs, loin de leurs racines culturelles. Mais qu'en est-il du second cercle familial ? Les  grands parents ont bien souvent les yeux qui brillent de bonheur et de nostalgie en pensant à leurs petits enfants voyageurs tandis que la seconde génération attend les grandes vacances chez papy et mamie avec, comme chaque année, une certaine  impatience

La place des grands parents est importante dans le développement des enfants, quel que ce soit leur âge. Amour, écoute, mémoire, confiance, plaisir... sont autant de valeurs que transmettent les grands parents à leurs petits enfants. Mais pas facile de continuer à tisser une relation inter générationnelle à des centaines voire des milliers de kilomètres…


Pourquoi garder le contact ?

Courrier électronique, Skype, Facebook… Voilà des outils qui ont véritablement révolutionné la vie des familles expatriées et forcément les liens entre grands parents et petits enfants. Car comme le précise Christophe Allanic, psychologue clinicien "il est important pour les enfants qu'ils puissent garder un contact avec leurs oncles et tantes, leurs grands-parents, etc. Garder un lien  « physique » avec la famille pendant l'expatriation les aide à se situer dans la filiation, dans les générations, à garder une place dans leur famille élargie." Et d'ajouter : " une rupture importante avec la famille peut avoir des conséquences sur eux (notamment sur le plan scolaire). Par ailleurs, [le contact avec la famille] atténuera le sentiment de décalage et d'isolement que peuvent ressentir certains expatriés."


Loin des yeux, plus près du cœur ?

Alors qu'à une distance de quelques kilomètres, les petits enfants ne passent que rarement rendre visite à leurs grands parents (AFP) , l'expatriation rend les relations plus intenses. Il faut en quelque sorte rattraper le temps perdu et profiter au maximum de l'instant présent. Pour Caroline de Bangkok, "il est évident que jamais je ne passerais deux semaine de vacances chez mes parents avec les enfants si je n'habitais pas à des milliers de kilomètres. Nous ne rentrons en France qu'une fois par an, alors il me semble important que mes enfants puissent se faire gâter par leur papy et leur mamie à cette occasion !"
Olivier, quant à lui, fixe des rendez vous sur skype avec ses parents toutes les semaines, généralement le dimanche soir, afin que ses garçons puissent raconter ce qu'ils ont fait pendant la semaine à leurs grands parents.
Pour Flores, grand-mère expatriée, il y a un réel avantage à vivre à l'étranger. " Avec nos enfants un processus c'est mis en place tout seul, nous leurs donnons nos dates et ils s'organisent pour passer un maximum de temps avec nous et souvent dès notre arrivée en France. Ils sont tous là pour nous accueillir et restent avec nous. En serait-il de même si nous étions là toute l'année ? Pas sur, ils passeraient nous faire un petit coucou et basta. (…). Les séparations, l'éloignement, les moments de cafard ont créé un lien familial très fort. On se retrouve pour profiter les uns des autres. Nous faisons des choses que nous ne ferions pas si nous étions toute l'année près d'eux, pas de conflits, de jalousie, nous profitons un maximum d'être ensemble et c'est formidable."

La venue des grands parents

Pour le psychologue Christophe Allanic, il semble essentiel que "la famille de l'expatrié puisse partager, ne serait-ce qu'un temps, la vie de l'expatrié en lui rendant visite (…) afin d'atténuer  le sentiment de décalage et d'isolement que peuvent ressentir certains enfants d'expatriés ".  Andrée est de retour de chez sa fille expatriée depuis presque deux ans et, pour elle, ce voyage a été essentiel : "Désormais, je sais dans quel environnement vivent mes petits enfants. Je peux les imaginer en train de jouer dans leur chambre, les questionner sur les personnes qui partagent leur vie au quotidien. Et lorsqu'ils me parlent de leur école, je situe où l'action se déroule ! Cela change tout dans mes relations avec eux !". Coté petits enfants, la venue des grands parents a été un vrai évènement festif, avec une réelle prise de conscience du décalage : "N'aie pas peur mamie, tu vas voir c'est facile de monter sur un éléphant m'ont-ils dit lorsque nous sommes partis en week-end ensemble ! Ils étaient tellement heureux de me protéger et de me montrer que eux avaient déjà fait ça…", raconte Andrée.


Loin des yeux, loin du cœur ?

Malheureusement, la distance peut aussi éloigner les gens. Les familles finissent par vivre dans deux mondes complètement parallèles. Cassandre témoigne " Au début c'était tout rose et puis "loin des yeux, loin du cœur" ... Les différences se sont installées, un peu de rancune aidant pour avoir quitté le pays, conflit de culture. Après de nombreuses années installée hors de France, je sens une certaine indifférence en fait, et je me sens un peu au ban de ma famille car nous avons de moins en moins de points communs mais ça doit être normal !  Je retourne de moins en moins en France. Mes enfants aimeraient y aller de temps en temps mais des piques lancées de temps à autre ne m'encouragent pas à les laisser partir, même si ils sont bien assez grands pour décider par eux-mêmes. Nous aimerions rester proches de nos parents mais ils ne nous donnent pas l'occasion de leur prouver que nous n'avons pas changé (…) J'ai décidé d'en prendre mon parti et de n'agir que pour ma propre famille en priorité."
Cet éloignement peut provoquer beaucoup de souffrance et générer chez les enfants de l'incompréhension comme le raconte Chamtpana : " Tout s'est bien passé pendant 15 ans avec mes parents, indifférence quasi totale de la part de mes sœurs et puis crac ma petite sœur a décidé de ne plus nous parler à la suite du très grave tremblement de terre de 1999 (très sympa!). Et le reste de la famille a suivi ! Résultat plus de famille en France, plus de racines. Un mari et des enfants extrêmement choqués sans parler de ma souffrance personnelle. 11 ans après, ma mère devenue veuve se plaint de ne pas nous voir mais comment recréer des liens qui ont été si brutalement et cruellement déchirés ?".

Claire Largillière (www.lepetitjournal.com) lundi 16 mai 2011

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