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Vu de l’étranger : Eric Zemmour, le nouveau Trump français ?

Eric Zemmour, vu par la presse étrangère Eric Zemmour, vu par la presse étrangère
Eric Zemmour, vu par la presse étrangère
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 27 octobre 2021, mis à jour le 5 janvier 2022

Le quasi-candidat Eric Zemmour déchaîne les passions en France mais aussi à l’international. Souvent comparé à l’ancien président américain Donald Trump, le polémiste français incendie la campagne pour les présidentielles 2022.

 

Eric Zemmour n’est pas encore candidat à la présidentielle 2022 mais pour les sondages, c’est tout comme. Le polémiste qui devrait annoncer sa candidature officielle autour du 11 novembre (et par la même occasion la création de son parti Vox Populi) arriverait, en fonction des instituts de sondage, au second tour face à Emmanuel Macron ou au coude-à-coude avec sa rivale à l’extrême-droite Marine Le Pen. Alors que l’actualité française se signe aujourd’hui avec un Z, qui veut dire Zemmour, qu’en pense-t-on à l’étranger ?

 

Eric Zemmour, le Trump français ?

Pour de nombreux journaux internationaux, le parallèle entre Eric Zemmour et l’ancien président américain Donald Trump est évident. Les deux hommes s’amusent des polémiques, se jouent des médias et surtout se placent comme contre-pouvoir, face à la presse, aux minorités et aux institutions de leur pays qu’ils jugent défaillantes.

 

Comme le souligne El Pais, le titre du dernier livre d’Eric Zemmour, La France n'a pas dit son dernier mot, « sonne comme une version française du Trumpiste Make America great again ». Avant que Marc Bassets, le correspondant parisien du quotidien espagnol, ne rajoute : « Il y a quelque chose de Donald Trump chez Zemmour : sa façon de casser les codes de la politique, la fascination des médias pour lui, la nostalgie du pays qui n'a jamais existé ».

 

Pour la journaliste Isabelle Hachey du journal canadien La Presse, la comparaison avec Donald Trump fait également sens. «D’accord, l’un possède une certaine éloquence, l’autre pas. Mais la recette populiste est très semblable. Presque du copié-collé. Avant que Zemmour, deux fois condamné pour incitation à la haine raciale, ne traite les migrants mineurs de « voleurs » et de « violeurs », Trump avait traité les migrants mexicains de « criminels » et de « violeurs ». Les mêmes mots. La même haine. », écrit-elle. Le parallèle ne s’arrête pas là : « Les deux hommes sont adeptes de faits « alternatifs ». Les deux prétendent casser les codes de la politique, dire les « vraies affaires » et pourfendre l’« idéologie dominante ». Les deux sont accusés de sexisme et d’agressions sexuelles par de nombreuses femmes… On les a traités tous deux de clowns démagos. On n’a pas voulu les prendre au sérieux. Aux États-Unis, on connaît la suite… »

 

Le député des Français de l’étranger, Roland Lescure, interrogé par notre édition de New York, dresse le même tableau : « Zemmour se la joue comme Trump, c’est quelqu’un qui a une certaine notoriété, qui a fait sa carrière dans les médias, qui est un Trump à la française au sens où il se donne un vernis qui pour moi est en grande partie falsifié de culture et de connaissances historiques et pour porter finalement des messages extrêmement simplicistes, des messages de colère, de repli sur soi et qui, finalement, renferment la France plutôt que de l’ouvrir ».

 

Eric Zemmour dans le journal allemand Der Taggesspiegel
Eric Zemmour dans le journal allemand Der Taggesspiegel

 

Eric Zemmour, symbole d’une crise identitaire française ?

Le constat est avancé par de nombreux médias étrangers comme le journal belge Le Soir qui titre : « Zemmour, le révélateur d’une France en panique identitaire ». Eric Zemmour apparait pour certains médias internationaux comme la mèche d’une France déjà au bord de l’explosion, notamment sur les sujets liés à l’identité nationale et l’immigration. La France post-gilets jaunes, épuisée et divisée par la pandémie, serait-elle prête à s’embraser pour un orateur professionnel qui sait là où il faut appuyer ? Le journal allemand Der Taggesspiegel évoque « l’ascension d’un incendiaire » qui veut « interdire les noms non français et « civiliser les barbares » ». Le New York Times qualifie Eric Zemmour de « météorite » qui chamboule la scène politique française.

 

 

Dans le même temps, la Repubblica évoque le « cyclone » Zemmour. Mais est-ce que la perturbation Zemmour est réelle ou se terminera comme une tempête dans un verre d’eau ? La réponse nous vient de l’intéressé. Eric Zemmour en braquant une arme sur des journalistes pendant le salon sur la sécurité intérieure, mercredi dernier, s’est esclaffé, provocateur : « ça rigole plus là, hein ! ». Avec 16% d’intentions de vote dans le dernier sondage IPSOS pour le journal Le Monde, l’envie de rire nous est définitivement passée.

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