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AFE - Être un élu français du bout du monde

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 4 avril 2013, mis à jour le 4 avril 2013

Philippe Fabry est membre élu de l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE) pour la circonscription électorale de New Delhi qui couvre des territoires aussi différents et éloignés que l'Afghanistan, le Bangladesh, l'Inde, l'Iran, les Maldives, le Népal, le Pakistan et Sri Lanka? Certains de ces pays inquiètent, évoquent les combats ou la pauvreté, d'autres symbolisent les plages tropicales ou une certaine spiritualité orientale et font rêver. C'est cette diversité et cet éloignement qui caractérisent la mission de la majorité des élus de l'assemblée. J'ai rencontré Philippe Fabry au Quai d'Orsay à l'occasion de la remise des trophées des Français de l'étranger. Rencontre.

Quelle est la réalité de l'expatriation dans votre circonscription ?

Très contrastée. Et il convient de ne pas oublier que l'expatriation ne concerne pas seulement ceux qui partent ponctuellement à l'étranger un contrat de travail en poche, pour une de nos grandes sociétés françaises. Ceux-là sont devenus presque l'exception et sont choyés par leurs entreprises. Ils bénéficient en général de nombreux avantages : couverture sociale, cotisations de retraite, frais de scolarités pour les enfants, billets d'avion annuels pour les vacances en France, etc. Trop souvent, lorsqu'on parle d'expatriation, c'est ce profil qui vient à l'esprit. Mais ce n'est pas le seul. Autre point, le statut d'expatrié évoque parfois l'évasion fiscale et la vie douce dans un ailleurs que l'on croit meilleur que le quotidien en France. Or, la réalité est très différente. Nombreux sont ceux qui sont partis seuls, sur un coup de tête ou de c?ur ou simplement pour l'aventure. Ils ont souvent « essayé » plusieurs pays avant de s'installer dans l'un d'entre eux. Très intégrés, l'expatriation comporte toutefois pour eux plus de risques. Ils sont vulnérables, souvent isolés voire marginalisés. Au moindre « pépin », la situation de ces Français vivant hors de notre pays peut devenir dramatique en raison de leur éloignement et parfois de leur solitude.

La circonscription de New Delhi se caractérise par son immense taille géographique et une répartition très inégale de la population française. Il y a une relative concentration de Français en Inde dans les régions de Delhi, de Bombay voire de plus en plus de Bangalore  ou même dans une moindre mesure au Bangladesh en raison des opportunités professionnelles liées à l'industrie du textile ; ou encore à Téhéran en raison du pétrole. Mais il en va tout autrement pour le Népal, le Pakistan ou l'Afghanistan où l'on trouve des Français venus pour des raisons personnelles, pour travailler dans le monde de l'humanitaire ou pour la « spiritualité » que l'on dit y trouver.

Qu'est-ce que l'Assemblée des Français de l'étranger ?

L'Assemblée des Français de l'étranger d'aujourd'hui (ex CSFE) a été crée en 2004 mais son origine remonte à 1948. Elle a progressivement évolué jusqu'à sa forme actuelle avec notamment l'adoption en 1982 de l'élection de ses membres au suffrage universel direct. Elle compte 12 personnalités désignées, 155 conseillers élus et 52 circonscriptions. Elle est « chargée de donner au Gouvernement des avis sur les questions et projets intéressant les Français établis hors de France et le développement de la présence française à l'étranger ». Elle interpelle le gouvernement sur les questions relatives à l'enseignement des enfants des Français de l'étranger, leurs droits, leur situation sociale, leurs problèmes économiques ou leur fiscalité. C'est aussi le collège électoral pour l'élection des 12 sénateurs représentant les Français de l'étranger au Sénat.

L'AFE va encore évoluer et être profondément réformée prochainement par une loi qui est en cours de discussion au parlement. Il est à noter que la France est un des rares pays à s'être pourvu d'une Assemblée pour ses ressortissants à l'étranger (ce n'est pas le cas de l'Allemagne, de l'Angleterre ou des États-Unis).

Quel est le rôle d'un élu ?

Il porte le nom de « conseiller » et il est élu par l'ensemble des Français présents dans sa circonscription. Pour se présenter il faut :

- En premier lieu, être résident dans un des pays de la circonscription lorsqu'il y en a plusieurs ou dans le pays de la circonscription lorsqu'elle n'en comporte qu'un comme c'est le cas de l'Allemagne, du Canada, d'Israël ou du Maroc. Il n'y a aucune condition de durée de résidence dans la circonscription mais le candidat doit y être officiellement installé en se souvenant qu'il est parfois très difficile dans certains pays d'obtenir un visa de résident ;

- Il faut ensuite connaître suffisamment les pays de la circonscription et les Français qui y résident pour comprendre les problèmes spécifiques de chacun et bien sûr, il faut être motivé pour défendre leurs droits et leur venir en aide ; 

Les difficultés rencontrées par les Français résidants hors de France sont d'ordre général, c'est à dire partagés avec le reste de notre communauté expatriée ou d'ordre individuel. Dans le premier cas, elles concernent par exemple la législation, qui n'est pas toujours pensée en tenant compte de leur problématique spécifique, la fiscalité, la couverture sociale, etc. Dans le deuxième cas, ce sont des difficultés que rencontrent certains de nos compatriotes dont le parcourt souvent atypique, peut être ponctué conjoncturellement de problèmes particuliers. Souvent isolés, éloignés, ayant parfois perdu le contact avec nos autorités consulaires et notre communauté, ce sont des compatriotes auxquels on doit porter une attention particulière, à un moment donné.

Que pouvez-vous dire au sujet du rayonnement de la France à l'étranger ?

Il est intéressant de noter que si le Français est très critique à l'égard de son pays et de sa société lorsqu'il est en France (ce qui d'ailleurs le pousse parfois à partir), il en devient souvent un ardent défenseur après avoir vécu longtemps à l'étranger et comparé plusieurs systèmes et plusieurs sociétés. Quant à la langue française, elle garde une partie de son aura et reste l'alternative à l'anglais la plus prisée. Pour preuve, le succès rencontré par les Alliances Françaises implantées dans le monde entier.

Qu'aimeriez-vous dire en conclusion ?

Il me semble que, quelle que soit sa situation et a fortiori quand elle est difficile voire dramatique, un Français de l'étranger doit pouvoir jouir des mêmes droits et de la même assistance qu'un Français vivant en Lozère ou en Picardie. C'est ce combat pour l'égalité et la solidarité qui doit nous animer au quotidien.

Propos recueillis par Nathalie Vogelsinger-Martinez, Coach certifiée (www.lepetitjournal.com) vendredi 5 avril 2013

En savoir plus:

Le blog de Nathalie Martinez

Le site de Nathalie Martinez

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Publié le 4 avril 2013, mis à jour le 4 avril 2013

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