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Sama Vélo, pour la promotion du vélo au Sénégal

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Photo de groupe lors de la dernière sortie de Sama Vélo
Écrit par Laure Solé
Publié le 16 mai 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

Baye Cheikh Sow a 29 ans. C’est au cours de ses études d’ingénieur en mécanique à Rennes, en France, qu’il tombe amoureux du vélo. Il décide de mettre la promotion de cette pratique écologique et économique au coeur de son quotidien.

"Pendant mes études en France, j’ai découvert le pouvoir de la petite reine, raconte Baye Cheikh Sow. A Rennes, l’abonnement aux transports en commun coûte trente euros par mois, l’abonnement vélo, trente euros par an. Le calcul a été vite fait". Le jeune étudiant a donc commencé sa vie de cycliste : "je me suis rendu compte que j’allais vite, que j’étais ponctuel, et que j’évitais les encombrements des heures de pointe dans le centre ville".

De fil en aiguille, le jeune Sénégalais découvre une association qui fait la promotion du vélo : Brest à pied et à vélo. "C’est là que je me suis radicalisé", plaisante Baye Cheikh Sow. De retour au Sénégal, son engouement pour les bicyclettes n’a que décuplé. "Les villes sont colonisées par les voitures, constate-t-il. 70% des déplacements à Dakar se font à pied, pourtant il n’y a pas de trottoirs. Il en va de même pour les vélos et autres modes de transports doux. Les Dakarois ont beau avoir envie de les utiliser, il n’y a pas les infrastructures nécessaires".

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Baye Cheikh Sow, fondateur de Sama Vélo

Le jeune homme a donc réfléchi à diverses manières de sensibiliser la population aux moyens alternatifs de se déplacer en ville. C’est en 2016 qu’il lance "Sama Vélo" : "mon vélo" en wolof. Il crée un compte twitter et fait la promotion de l’usage de la bicyclette sur les réseaux sociaux. "Il y a des études qui démontrent que la plupart des personnes habitant en zone urbaine font entre cinq et dix kilomètres par jour maximum. En ville, la voiture ne dépasse pas quatorze kilomètres par heure en moyenne, alors que le vélo peut aller jusqu’à quinze ou seize, c’est ce genre d’information que les Dakarois doivent connaître", explique t-il.

Baye Cheikh Sow a créé Sama Vélo seul. Cependant il a vite été rejoint par quatre autres sénégalais aux profils très variés : des cyclistes chevronnés comme des urbanistes avertis. Abdou et Cheikh sont urbanistes, Ousmane est graphiste et Amadou est spécialiste en mobilité urbaine. De plus, de nombreuses personnes gravitent autour de l’association mais ne sont pas actifs aussi régulièrement qu’ils le voudraient, du fait de leurs activités professionnelles.

C’est en 2018 que les cinq amis s’imposent un rythme de communication plus soutenu et s'efforcent de proposer une balade en vélo mensuelle dans la ville de Dakar. "La première première fois, au Parc Hann, nous étions deux ! La seconde fois, quatre, après cinq, six… La dernière fois nous étions dix. Ce n’est pas énorme non plus mais c’est une petite victoire", estime-t-il.

Il y a un intérêt certain pour participer aux sorties, mais beaucoup de Sénégalais n’ont pas de vélo. En général, les parcours sont toujours différents mais choisis en fonction de la qualité des paysages, des routes empruntées ainsi que des conditions de circulation. Les balades ont lieu le plus souvent le dimanche matin. "Nous partons sur une base de dix kilomètres mais nous faisons toujours bien plus. Faire dix kilomètres à vélo c’est trente minutes, c’est vite fait”, explique t-il. Lors des expéditions de Sama Vélo, le groupe essaye d’avoir un cycliste tête de file qui ne roule pas trop vite. "On prend notre temps, nous ne faisons pas la course, rassure Baye Cheikh Sow. “En général on fait deux heures de sortie, par exemple on passe par la corniche, on s’arrête, on prend une photo… et on se demande toujours : pourquoi on ne profite pas plus de Dakar?”, raconte t-il.

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"On s’arrête, on prend une photo… et on se demande toujours : pourquoi ne profite-t-on pas plus de Dakar?”

Les participants de ces sorties mensuelles sont majoritairement des hommes sénégalais, mais peu à peu le public se diversifie. "Nous avons régulièrement une femme belge et une femme hollandaise. La dernière fois, nous avons pédalé avec Absatou, première femme sénégalaise à avoir rejoint nos balades mensuelles!", raconte fièrement Baye Cheikh Sow.

“Il y a des études en cours sur la perception du vélo par les Sénégalais : le vélo est un peu considéré comme un jouet, aux antipodes de la voiture qui est au centre des préoccupations des Sénégalais”, explique t-il, “Aussi, beaucoup de Sénégalais n’ont pas appris à faire du vélo”, conclut-il.

“Le vélo est une des portes de sortie pour s’approprier nos villes en Afrique et pour qu’elles connaissent le tournant de la mobilité urbaine. Quand tu es dans une voiture, tu vas d’un point A à un point B sans forcément considérer ce qui t’entoure. En vélo, tu observes, tu penses ta ville. De plus c’est un moyen de transport efficace, économique, bon pour la santé et écologique”, estime le jeune sénégalais. “Il ne faut pas oublier que la première apparition du vélo en Afrique de l'Ouest date de 1920. En langue dioula, les premiers vélos arrivés en 1920 ont été baptisés “nèguèso", ce qui voulait dire “cheval de fer”. En brousse c’est encore un moyen de transport beaucoup utilisé”, remarque-t-il.


Infos pratiques :
Les balades mensuelles sont gratuites. Informations sur Twitter et Facebook.

laure solé
Publié le 16 mai 2019, mis à jour le 6 janvier 2021

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