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Géléem Saar. Un Toubab à la sauce sénégalaise

Écrit par Pauline Autin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 janvier 2021

L’amour ne s’explique pas, il vous tombe dessus sans prévenir et il a encore frappé. La victime ?  Géléem Saar. Ce lyonnais de trente-trois ans vit depuis plus de cinq ans une romance passionnée avec une langue : le wolof. Portrait d’un toubab, professeur de wolof au Sénégal.

Pourquoi aller à la nuit tombante voir comment Géléem Saar enseigne le wolof, tiré par la manche par un ami Sénégalais qui a échangé avec le dit personnage à Dakar? On a voulu le rencontrer en se posant la question fatidique : « Est-ce que ça tient pour un portrait ? » Quand il n’est pas question de notoriété, on cherche d’autres critères tels que le potentiel d’un artiste encore tapis dans l’ombre. On peut se battre sur la ligne de l’anonyme remarquable, pompier ou chercheur, révélé par un acte courageux ou une idée d’avenir : apporter un soutien scolaire ne relève pas de l’exploit. Puis, on rencontre ces jeunes qui ont appris à ses côtés et une vague d’intrigantes louanges monte. On se dit alors qu’il faut chercher le pourquoi du comment et on creuse.

Dans son salon, aussi connu pour se transformer en salle de classe, Géléem nous fait très vite comprendre que les langues ce n’est pas chez lui une vocation. Ironiquement, l’homme bilingue en wolof ne parle que très mal l’anglais. Pourtant, son lien avec le wolof est quant à lui notable jusque dans son identité. Géléem, de son vrai nom Guilhem a découvert que son prénom signifiait chameau en wolof. Animal totem des Saar, il n’a pas fallu longtemps au jeune homme pour adopter cette nouvelle dénomination : Géléem Saar. Sa première rencontre avec le Sénégal a lieu alors que l’homme n’est encore qu’au lycée. C’était en 2003. « encore étudiant, je suis venu pour aider à la construction de la maison Senghor à Joal Fadiouth. Lors de mon passage j’’ai créé un journal de chantier en français, ce fut le début d’une histoire d’amour avec le pays et ses habitants». D’année en année, celui qui se définit comme panafricain revient au pays de la téranga pour y passer ses vacances d’été.  Le reste de l’année, sur le territoire français, l’homme côtoie la communauté sénégalaise et s’interroge. « Je me suis questionné sur la place de la langue au Sénégal. Les personnes font des entrevues en wolof, parle en wolof à la radio, mais à l’écrit, c’est le français qui prédomine. De même, les lecteurs commenteront l’article écrit en français en wolof.»

Entouré d’interlocuteurs sénégalais, apprendre le wolof est alors devenue une évidence. Géléem lit des contes, épaulé par ses amis. Petit à petit l’apprenti va se mettre à griffonner des textes ; textes qu’il présentera sous la forme de slam lors d’évènements culturels. « Au début mon wolof était très littéraire et puis j’ai mis de l’eau dans mon bissap pour acquérir le wolof pratique », s’amuse-t-il.  À force de persévérance et pratique, l’élève va devenir maître et enseigner le wolof à Lyon dans une association. « On se retrouvait tous les jeudis soirs de 18h30 à 20h  à la maison des étudiants ». Parmi ses élèves, des femmes de sénégalais qui souhaitent tout bonnement « pouvoir échanger avec leur belle-mère », mais aussi des professionnels qui naviguent entre les deux continents et même des Français d’origine sénégalaise intrigué par « la langue du pays  de Kocc Barma ». Puis, sans que rien ne le retienne vraiment en France, Géléem fait le choix de venir vivre au Sénégal. Arrivé en octobre, l’homme va proposer des cours de wolof aux expatriés et aux journalistes étrangers venus travailler dans le pays. « Bien que le français soit relativement présent au Sénégal, c’est bien le Wolof qui l’a supplanté », indique l’homme africanisé jusque dans le choix de ses vêtements.

Aujourd’hui  Géléem Saar développe son entreprise. Persuadé que le professeur ne doit pas être divinisé, sa méthode est dite « ludique ». « Je n’attends pas de mes élèves qu’ils deviennent bilingue, je souhaite leur intégration par le langage. Quand tu te présentes à un sénégalais et que tu lui dis : salam aleykoum, na nga def ? (bonjour, comment vas-tu ?) , tu décroches un sourire et l’attention de ton interlocuteur. Le but c’est de comprendre les personnes qui nous entourent et pouvoir échanger avec n’importe qui ». Pour Mathilde, 26 ans qui suit les cours avancés, « la méthode de Géléem n’est pas théorique. Ici on apprend sous forme de débats et de jeux ».  Pourtant, c’est bien à un professeur qualifié auxquels sont confrontés les élèves. « Pour moi c’est hyper important d’avoir enseigné le wolof en France cinq années durant avant de venir au Sénégal. Je ne suis pas ici pour le pays mais vraiment pour enseigner, transmettre cette langue ».  À l’avenir, Géléem n’entend pas se limiter au wolof. Pour cet homme qui a également vécu au Gabon, une passion pour les langues africaines est belle et bien en train de naître, mais son histoire d’amour avec le wolof restera, quant à elle… indétrônable.

Plus d’informations :

Session de 10 heures – 25 000 Fcfa

Trois niveaux possibles (débutant / renforcement / élevé)

https://www.facebook.com/coursdewolof/

 

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Publié le 14 juillet 2017, mis à jour le 6 janvier 2021

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