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EXPAT - Expatrié, immigré, résident… Autant en apporte la guerre des appellations

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Écrit par Lepetitjournal Dakar
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 21 septembre 2017

« Expatrié, bien sûr, immigré tout autant », ce Français, directeur de publication d'un journal, se sent bien au Sénégal peu importe l'appellation qu'on lui donne. « En tout cas, ce qui est sûr, c'est que je suis toujours vu comme un Toubab », laisse-t-il entendre.

 

Résidant à Dakar depuis 1999, il y crée son entreprise individuelle, paye ses impôts comme les citoyens sénégalais et possède une carte d'identité d'étranger. Mais, sa fille née dans le pays, n'a pas le droit de sol, elle est donc italo-française. Ni expatriée, ni locale encore moins immigrante, cette dernière fait partie du lot de 250 millions de personnes vivant loin de leur pays d'origine. Soit la 5e population la plus nombreuse du monde.

En effet, ils sont nombreux les Français qui vivent à l'étranger par choix, à la recherche d'une vie meilleure, d'un climat agréable ou répondant à une opportunité professionnelle entre autre motifs. Leur nombre ne cesse d'accroître. Le chiffre des inscrits au registre au 31 décembre 2016 s'élève à 1.782.188, soit une progression de 4,16 % Par rapport à 2015. Alors que le taux de croissance était de 1,8 % entre 2014 et 2015. (Source www.diplomatie.gouv.fr)

En dehors de cette progression rapide, le débat sur le statut à leur donner est posé sous différents angles. Peut-on les qualifier d'expatriés, d'immigrés (pays d'arrivée), d'émigrés, (pays de départ) ou de résidents à  l'étranger ? Tout dépendra de la position où se situe l'observateur, et de son regard. Pour nous épargner des hypothèses identitaires consistant à dire que l'utilisation de ces termes est révélatrice d'une "hiérarchie des mots, créée dans le but de placer les Blancs au-dessus de tous les autres" développé par Mawuna, un activiste pour la renaissance africaine dans the guardian, il conviendra de convoquer la définition de ces formules auxquelles s'identifient certains français et d'autres pas.

Et là, il paraît judicieux de commencer par la définition de la formule qui paraît faire objet de consensus, en particulier le terme résident qui, selon le dictionnaire Larousse, est « celui qui réside dans un endroit autre que son pays d'origine ». En effet, tout citoyen d'un pays qui vit dans un autre peut être qualifié de résidant. C'est le cas de Jean Daniel qui, depuis deux semaine, a acquis sa carte de résidant. Travaillant pour Golden Trip, une entreprise internationale en hôtellerie de luxe, il doit séjourner quatre ans au Sénégal, le temps de finir la construction de deux hôtels. Selon le sexagénaire, l'utilisation de ces termes est parfois trop réductrice et n'obéit à aucunes règles. « Tout est en fonction des motifs du déplacement et des facilités. Certains y sont pour des raisons professionnelles. Ils ont des contrats de travail et des salaires importants », relativise ce dernier qui ne veut pas s'attarder trop sur ces considérations bien qu'il s'identifie au terme « résidant détaché pour des raisons de travail ».

Cependant, tout résidant est-il un expatrié ? Si on se réfère au dictionnaire Larousse, tout expatrié est un résidant mais, tout résidant n'est pas expatrié car ce premier spécifie que le terme s'applique à un salarié qui exerce son activité dans un autre pays que le sien.

À en croire les propos de Romain Masson, attaché audiovisuel régional à l'Ambassade de France au Sénégal, un résident demeure en permanence dans un pays dont il ne possède pas la nationalité tandis qu'un expatrié est un résident temporaire.  

Toutefois, les deux formules se recoupent si l'on se limite seulement à la définition étymologique du mot expatrié qui se résume à un individu résidant dans un autre pays que le sien. La racine du mot vient du grec exo - en dehors de - et patrida - le pays. Au sens du code de la Sécurité sociale française, tout salarié envoyé à l'étranger sans être détaché possède le statut d'expatrié, qui n'impose pas de limite de durée.

Des spécificités administratives et sémantiques qui alimentent un éternel débat sur le statut des Français de l'extérieur avec des considérations parfois identitaires. Ces dernières positionneraient le blanc dans une position « suprématiste » qui ne fait jamais de lui un émigrant ou un émigré mais plutôt un expatrié ou un résidant. « Ce qu'il faut retenir, c'est que l'immigration est motivée par la perspective d'une vie meilleure, notamment pour des raisons politiques ou économiques », a remarqué cette Française résidant au Sénégal depuis 25 ans. Ne se considérant ni comme une expatriée ni comme une résidante encore moins une immigrée ou une émigrée, cette témoin de Jéhovah qui n'a pas voulu décliner son identité se définit comme une citoyenne du monde venue de son propre gré servir une mission religieuse. 

Marame Coumba Seck (www.lepetitjournal.com/dakar) samedi 2 septembre 2017

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Publié le 1 septembre 2017, mis à jour le 21 septembre 2017

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