La pittoresque île de Fadiouth est située à l’extrémité sud de la Petite Côte. Cette île artificielle, constituée d’amoncellement de coquillages et reliée à la côte par un pont en bois, dégage un charme certain.
Lorsqu'on descend la Petite Côte, avant de rejoindre le Siné Saloum, on atteint Joal, un village sans grand intérêt, si l’on excepte la visite de la maison familiale de Léopold Sédar Senghor (voir encadré plus bas). En revanche, la petite île de Fadiouth mérite le détour. On y accède en traversant un pont en bois, construit en 2006 et long de 632 mètres, sans cesse emprunté par des charrettes, des hommes qui rentrent des champs, des écoliers en uniforme ou encore des femmes portant leurs bassines.
Le village d'une douzaine hectares se visite en une petite heure. 10 000 habitants y vivent, dont 90% sont chrétiens. Cette île a la particularité d'être constituée de coquilles de mollusques consommées par les chasseurs-cueilleurs de l’Antiquité au VIIème siècle, puis par les Sérères qui colonisèrent cette côte au XIème siècle. Les coquillages ont également servi de mortier pour les maisons. Lorsque le soleil tape, les petites ruelles labyrinthiques jonchées de coquillages en deviennent presque aveuglantes. Les allées sont jalonnées de petites boutiques, dont certaines enseignes reprennent avec humour les slogans de la grande distribution française : « Ecrase les prix », « La vie moins chère ».
Fadiouth est divisée en six quartiers, régis par un conseil de sages et chacun, sous la protection d’un saint ou d’une sainte. On visite son église et sa mosquée, proches l’une de l’autre et symboles de la bonne entente entre les deux communautés religieuses. On fait également une halte devant le baobab multi-centenaire et devant les maisons à palabres. La vie est ici rythmée par l’agriculture et la pêche aux poissons et aux coquillages, notamment celle des coques ramassées chaque jour pour les femmes à marée basse. Des cochons se promènent au bord du rivage.
L’autre particularité de Fadiouth est son cimetière mixte chrétien et musulman, relié à l’île par un second pont en bois. Les tombes, ensevelies de coquillages, sont plantées d’une croix blanche. De cet ilot vallonné et émaillé de nombreux baobabs, on jouit d’une belle vue à 360° sur la lagune, les petites îles environnantes et la mangrove, en direction du Siné Saloum. Il s’en dégage une atmosphère paisible et sereine.
Il est également possible de faire le tour de Fadiouth en pirogue pour visiter les greniers à mil sur pilotis et faire une incursion dans la mangrove.
Informations pratiques : la visite de l’île se fait obligatoirement en passant par le Syndicat d’initiative de Joal-Fadiouth qui propose différents types de visites par des guides professionnels : 5000 frs CFA (guide compris) + 6000 frs CFA si l’on souhaite une balade en pirogue.
La maison d’enfance de Senghor à Joal, un lieu peu connu et délaissé
Sur le chemin de Fadiouth, n’hésitez pas à vous arrêter dans la maison familiale de Léopold Sédar Senghor au cœur de Foal, qui est devenu musée et patrimoine historique classé en 1976. Elle est appelée Mbind Diogoye : en sérère, la maison du Lion, surnom donné au père de Senghor. Vous serez (bien) reçu par le conservateur des lieux, Etienne Dieng, qui prend à cœur son travail de mémoire. Malgré le peu de moyens dont il dispose, il vous racontera avec plaisir, l’histoire de ce lieu et des anecdotes familiales. Senghor est né à Joal le 9 octobre 1906, il est le 24ème fils d’un riche homme d’affaires, Diogoye Basile Senghor, qui avait 5 épouses, malgré sa conversion au christianisme. Senghor a passé une partie de son enfance dans ce lieu avant de partir faire ses études à Ngazobil puis à Dakar. La maison, construite en 1880, est composée de 3 bâtiments et certaines pièces retrace les différents moments de la vie du premier président sénégalais (sa vie politique, ses œuvres, sa poésie, ses influences…). Ce lieu aurait inspiré à Senghor les symboles du drapeau sénégalais (le lion, la couleur verte des vérandas, l’étoile au plafond, le baobab dans le jardin familial). Malheureusement, le lieu (à peine indiqué) est peu fréquenté et la maison tombe peu à peu en ruines. Déjà le bâtiment consacré à la culture sérère n'est plus ouvert au public.