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Les effets collatéraux du confinement

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Écrit par Elisabeth Tinseau
Publié le 17 mai 2020, mis à jour le 18 mai 2020

 

Déjà fin mars le gouvernement groenlandais avait annoncé l'interdiction de la vente d'alcool dans sa capitale Nuuk et sa région pendant le confinement pour limiter les violences. "Dans une situation aussi particulière, nous devons prendre de nombreuses précautions pour éviter l'infection. Mais le coeur de ma décision est de protéger les enfants, ils doivent avoir un foyer sûr", a expliqué le chef du gouvernement groenlandais Kim Kielsen.

Mais, partout dans le monde, les médias ont fait le même constat et relayé que le confinement rimait avec une hausse des violences domestiques, à la fois conjugales et sur les enfants. Des personnalités françaises ont aussi largement dénoncé ce fléau, recrudescent en cette période de stress et d'insécurité pour les familles.

Pour les expatriés notamment, souvent isolés, le risque de violences est aussi particulièrement accru et reste tabou.

 

Isabelle Tiné, coach, ex-expat à Singapour, séparée de retour à Nantes, et Magdalena Chaland, psychologue et coach, expatriée aux Etats-Unis animent depuis novembre 2016, avec la coach Nadège Bourdin le groupe Expats Nanas Séparées Divorcées, qui compte plus de 650 membres pour apporter conseil et soutien aux femmes qui vivent des séparations difficiles à l’étranger avec parfois des cas de violences conjugales. Depuis le 8 mars, 100 nouvelles demandes d´adhésion au groupe ont été enregistrées...

Isabelle Tiné nous livre dans cette lettre son ressenti sur la situation actuelle et tire la sonnette d'alarme.

 

 

Le confinement se termine, mais les violences, elles, ne vont pas s'arrêter..., par Isabelle TINE

 

 

Pourquoi je vous écris cela sans détours?

Parce que cela fait 3 ans que j'administre un groupe de Femmes expatriées séparées, qui va franchir les 700 membres.

J'ai connaisssance de nombreux cas de violences conjugales qui ont lieu à l'étranger. A la différence de la France, il n'y a aucun chiffre sur les séparations en expatriation et encore moins sur la violence conjugale....

Pendant, le confinement, toutes les associations mondiales sont unanimes, les violences ont augmenté au sein des foyers....

En France, la campagne de prévention a été intense:

- numéros de téléphone d'urgence visibles,

- renforcement des écoutants,

- élargissement des plages horaires d'écoute,

- lieux mis à la disposition des femmes victimes de violence,

- point relais d'information dans les pharmacies et centres commerciaux.

C'est beaucoup de travail de la part des bénévoles, des travailleurs sociaux.

 

Pourquoi, je vous écris?

 

Parce que mon coeur saigne, il pleure depuis vendredi....(Pas que depuis vendredi, mais ce fut la goutte d'eau qui a fait déborder le vase....)

Pendant le confinement, je guettais les annonces faites pour les expatriés, les expatriés victimes de violence......

Effectivement, des enveloppes ont été débloquées pour les bourses scolaires.

 

Et...la suite?

 

J'attendais les annonces pour les numéros d'urgence à l'étranger (France victimes). Certes, des cellules d'écoute ont été mises en place dans les ambassades.

Mais j'aimerais que ces écoutes soient présentes toute l'année, pas seulement en temps de crise....

Durant le confinement (français), j'ai été informée de cas de violences conjugales à l'étranger.

Combien ? Que cela soit un ou plusieurs, 1 seul, c'est déjà de trop !

Le dernier cas, vendredi...

Un de ceux qui pourrait faire prendre un aller-retour à n'importe qui, pour aller chercher une femme en urgence....

Elle est loin, très loin. Mais la distance m'a montré que ce soit en Europe ou plus à l'international, les femmes expatriées, sont démunies, perdues, seules.

Avec mes petits moyens, je relaie auprès des autres professionnels.

Je fais ma part de colibri.

Je relaie les deux numéros d'urgence sur les différents groupes d'expatriés.

Je participe à des articles, des podcasts pour informer, prévenir les femmes.

Le dernier podcast, sur Expat Heroes, sur les séparations et violences, a fait l'objet de 1005 téléchargements dès la première semaine de diffusion. Cristina Felipe Araujo , la podcasteuse, n'avait jamais enregistré ce score....

Triste statistique....Je ne m'en réjouis  pas.....Mais si cela peut faire prendre conscience à 1 seule femme de sa situation, de préparer son expatriation, et bien, cela me satisfera....

 

https://expat-heroes.com/separation-ou-violences-en-expat/

 

Mais il y a encore du travail à faire...

 

- Prise de conscience de la responsabilité des entreprises qui envoient les familles à l'étranger. Et oui, derrière chaque salarié, il y a un homme, une femme, des enfants....des âmes, des coeurs, des personnes qui ont des émotions....

L'expatriation n'est pas qu'une question d'argent...

 

- L'Etat, les institutions ont aussi leur part de responsabilité. Nombre de fois où des femmes en séparation m'ont dit "le consulat ne peut rien faire pour moi"...

 

- Les communautés françaises d'expatriés, également....Comme si la séparation était une grande maladie en expatriation....

Peur, rejet, solitude, malveillance...

Plus facile d'aider des étrangers, de jouer au néocolonialiste que de tendre la main à sa voisine, collègue, connaissance française....

 

Pour l'instant, mon coeur saigne, pleure.....Rien, comparé à certaines souffrances de ces femmes françaises....

 

Il y a peu, c'était la fête des mères dans de nombreux pays... Alors je pense à ces mamans qui sont coupées de leurs enfants...

Et je n'oublie pas les papas, qui souffrent aussi.

 

Si l'expatriation fait rêver, certaines réalités le font un peu moins.... Expatriez-vous certes, mais en toute connaissance de cause!

 

 

 

 

Nous remercions infiniment Isabelle Tiné pour cette lettre.

Si vous souhaitez prendre contact avec elle : expatseparees@gmail.com;

Groupe Facebook Expats Nanas Séparées Divorcées: lien 

https://mobile.inspq.qc.ca/violence-conjugale/victimes

 

 

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