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La politique migratoire du Danemark

Le palais de Christiansborg siège du parlement danois, appelé aussi BorgenLe palais de Christiansborg siège du parlement danois, appelé aussi Borgen
©commons-wikimedia
Écrit par Joëlle Borgida
Publié le 16 mai 2021, mis à jour le 28 septembre 2023

Le gouvernement danois de centre-gauche au pouvoir depuis juin 2019 poursuit une politique d’immigration, parmi les plus restrictives d’Europe, déjà menée auparavant par le précédent gouvernement de centre-droit allié à l’extrême droite.

 

Zéro demandeur d’asile

La Première ministre, Mette Frederiksen, a clairement annoncé son objectif à atteindre : "zéro demandeur d’asile".

Partant du constat qu’immigration et intégration ne fonctionnaient pas, La Première ministre a expliqué  qu’il fallait 

nous assurer que peu de gens viennent dans notre pays, sinon notre cohésion sociale ne peut prévaloir.

 

Le pays compte actuellement 20 000 réfugiés sur son sol, il avait accueilli, comme beaucoup d’autres États européens, de nombreux réfugiés ces dernières années. Mais le gouvernement danois met en place tout un arsenal de mesures dans le but de décourager les réfugiés à venir au Danemark.

En 2020, 1500 personnes seulement auraient demandé l'asile au Danemark ; ce chiffre le plus bas depuis 20 ans s’expliquerait surtout par la pandémie du coronavirus.

 

 

La situation des réfugiés syriens

Le Danemark étudie depuis juin 2020 les dossiers de plus de mille réfugiés syriens et s’apprête à renvoyer plus de cent personnes estimant que désormais la Syrie est  redevenue « sûre ».  Le Danemark est le premier pays européen à procéder au renvoi de ressortissants syriens dans leur pays.

Plus de 200 d’entre eux ont déjà perdu leur permis de séjour et même si les réfugiés ne seraient pas forcés de partir, ceux qui  le refuseraient seraient alors placés dans des centres sans possibilité ni de travailler, ni de se former.

Des rassemblements  auront lieu à partir du 18 mai devant le parlement danois pour protester contre cette situation.

 

Le Danemark veut sous-traiter ses demandes d’asile à des pays d’Afrique

Une loi est en cours d’adoption au parlement afin d’externaliser l’accueil des demandeurs d’asile à des pays africains. Des négociations ont lieu actuellement avec la Tunisie, l’Erythrée, l'Egypte ou le Rwanda qui semble être bien placé.

Mattias Tesfaye, ministre de l’immigration qui est lui-même fils d’immigré éthiopien, s’est  d’ailleurs récemment rendu à Kigali pour discuter d’une coopération en matière d’asile entre les gouvernements danois et rwandais.

Les empreintes digitales des migrants  seraient prises à leur arrivée au Danemark, un dossier serait ouvert puis ces demandeurs d’asile seraient envoyés dans le pays d’Afrique chargé de s’occuper de la suite du processus.

Si l’asile est accepté, le réfugié reste alors sur place et s’il est débouté, le pays l’expulsera.  Seules les personnes malades seraient sujet à un autre traitement.

Ce procédé onéreux est déjà pratiqué par l’Australie. Le coût pour un réfugié en centre de rétention au Danemark est de 40 000 euros mais il serait le double en ayant recours à cette sous-traitance.

 

Une loi pour limiter à 30% la part de la population d’origine non-occidentale

Cette loi a pour vocation à limiter à 30% d’ici 2031 la part de population d’origine « non-occidentale » dans les quartiers sensibles.

D’après l’institut danois de statistiques, 11 % de la population danoise qui compte 5,8 millions d’habitants sont étrangers, et 58 % de ces étrangers viendraient d’un pays considéré comme « non-occidental ».

La loi en vigueur, depuis 3 ans avait été mise en place par le gouvernement précédent qui avait fixé le ratio à l’époque à 50%. Le gouvernement de Mette Frederiksen a remplacé le terme « ghetto » qui avait été alors choisi pour nommer ces quartiers et qui avait fait polémique par celui de “sociétés parallèles”.

Etaient considérés comme « ghetto », les quartiers de plus de 1000 personnes où plus de la moitié de la population était d’origine « non-occidentale », et qui correspondaient aussi à deux voire plus des quatre critères suivants :

- plus de 40 % des personnes vivant dans ces zones n’ont ni travail ni formation.

- plus de 60 % des 39-50 ans n’ont pas reçu d’éducation au delà du niveau collège.

- une criminalité trois fois plus importante que la moyenne nationale.

- des revenus bruts inférieurs de 55 % à la moyenne régionale.

La liste établie à partir de ces conditions est revue chaque année. 15 quartiers y sont répertoriés et 25 sont considérés comme « exposés ».

Les délits dans ces quartiers sont punis deux fois plus sévèrement, la crèche y est obligatoire pour les enfants de plus d’un an sous peine de suppression des allocations familiales.

La démolition des logements sociaux et le relogement des habitants d’origine africaine, asiatique, du Moyen-Orient ou des Balkans serait un des moyens pour parvenir à ce quota de 30% par quartier.

Par ailleurs, les règles de naturalisation ont été durcies et le financement des mosquées très encadré pour éviter que de donner à des puissances comme la Turquie ou le Qatar des moyens de pression au sein du pays.

 

Le ministre de l’Intérieur et du Logement, Kaare Dybvad Bek, qui s’est exprimé sur la question estime que le Danemark a dix ans pour arriver à un équilibre entre immigration, intégration et bien vivre ensemble.

Les politiciens de gauche comme de droite considèrent que l’intégration doit être stricte car chaque résident au Danemark bénéficie d’avantages sociaux comme l’accès à la santé ou à l’éducation.

 

 

 

 

 

 

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