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Copenhague sauvée des eaux

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©COWI, TREDJE NATUR og Arkitema
Écrit par Amélie B.
Publié le 3 mars 2021, mis à jour le 22 avril 2022

Inondable et submersible, Copenhague fait partie de ces territoires dont il était écrit qu’ils seraient sous les eaux à l’horizon 2100...c’était sans compter le savoir-faire et l’innovation des Danois.

 

Les ambitions du Danemark en matière climatique et environnementale sont bien connues : recyclage des déchets, objectif carbone neutre, développement des énergies renouvelables… Une autre des ses ambitions et non des moindres est de sauver et valoriser son territoire qui se trouve être inondable par les précipitations et submersible par la mer.

Pour mesurer l’enjeu de ce projet, voici un outil de simulation des zones submergées en fonction de la hausse du niveau de la mer :  coastal climate.

 

La Venise Scandinave

La ville de Copenhague n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne la reprise de territoires sur la mer. De nombreux quartiers historiques sont le fruit de dépôts de remblais de construction (Christianshavn par exemple). Les quartiers plus récents de Nordhavn et Sydhavn ont été bâtis avec des technologies très innovantes d’emprise au sol sur des terres submergées. Havnevigen et sa plage est sans doute un bel exemple de ce concept.

 

Le nouveau Dubaï

Lynetteholm Copenhague île artificielle
©COWI, TREDJE NATUR og Arkitema

 

Un rêve fou est aussi en train de devenir réalité : lynetteholm une gigantesque île artificielle entre les quartiers de Nordhavn et de Refshaleoen. Située à l’entrée du port, elle constituera une protection contre la montée du niveau de la mer et le déchaînement des tempêtes du nord. D’une surface de 2,8 km2, elle abritera 35’000 habitants et autant d'emplois, et sera desservie par le métro et reliée à l'autoroute vers la Suède. Ce projet répond aux 4 défis majeurs auxquels la ville devra faire face : lutte contre le réchauffement climatique, maintien du développement économique, réponse à la pression démographique (160 000 habitants de plus à l’horizon 2050 et congestion de la ville), recyclage des excédents de terre issus de la construction de bâtiments et du métro (utilisés comme remblais).

 

Lynetteholm Copenhague montée eaux île
©COWI, TREDJE NATUR og Arkitema

 

Copenhague-les-eaux

Mais la ville doit aussi se prémunir de précipitations de plus en plus intenses et donc de risques d'inondation, amplifiés par l’urbanisation qui imperméabilise les surfaces naturelles autrefois absorbantes. La ville fait l’objet d’un plan à grande échelle sur le sujet. Les efforts effectués dans ce domaine sont tels que les prix de l’immobilier ont doublé en 10 ans révélant la confiance des investisseurs et assureurs et ce malgré une situation géographique des plus exposées. 

Un premier choix stratégique est de privilégier l'absorption des précipitations par les sols. Cette option constitue un double avantage : éviter des travaux pharaoniques d’installation de canalisations géantes en sous-sol ainsi que la saturation régulière des stations d’épuration. L’objectif est de récupérer 80% de l’eau de pluie par absorption et canaliser les seuls 20% restants vers les cloaques. 

 

Comment ça marche ?

A l’échelle d’une habitation, un système de “fascine” draine l’eau de pluie (propre) directement vers le sol et les nappes phréatiques. 

 

A l’échelle de la ville, l’objectif est également de réguler les précipitations d’eau vers le milieu naturel lors des épisodes orageux violents et de courte durée par stockage temporaire dans des zones d’étalement (bassins, toitures végétalisées, jardins) et de les restituer lentement par des canalisations calibrées. Le principe est de créer des espaces urbains non bâtis et propres capables de récupérer, stocker et absorber l’eau, évitant qu'elle aboutisse dans nos caves. L’ingéniosité réside dans le fait d’utiliser des espaces qui ont déjà une autre fonction.

 

Les places de jeux sont typiquement prévues à cet effet. Conçues en contrebas, elles se transforment mécaniquement en bassin de rétention en cas de fortes précipitations. Elles sont équipées de petits conteneurs souterrains, invisibles pour les usagers, sortes de réservoirs facilitant le drainage.

 

Le Enghave park à Vesterbro a été réaménagé avec cet objectif et constitue désormais un bassin de rétention d’eau de 22 600 m3 en cas d’épisode de précipitation intense. Il contient aussi un réservoir de 2000m3 en sous-sol dans lequel se déversent les eaux de pluies régulières du quartier voisin de Carlsberg. Ce second réservoir servant par exemple à l’arrosage des arbres de la ville.

Enghave plads Copenhague réservoir eau
vue de drone ©Maria Astrid Busse Rasmussen

 

Enghave Plads Copenhague
Enghave Plads ©Joëlle Borgida 

 

La cour du Lycée français Prins Henrik récemment rénovée a été aménagée sur ce principe. La place Ofelia aussi, protégeant Amalienborg et sa souveraine famille d’avoir les pieds dans l’eau. 

 

En observant votre quartier, vous remarquerez ces espaces (places, aires de jeux, pistes cyclables, parcs, fossés) dans lesquels l’eau pourrait s’accumuler. 

 

Ces techniques douces de maîtrise des eaux permettent aussi la décantation des matières en suspension et une meilleure dépollution par la filtration naturelle des sols mais impliquent la multiplication des zones en eaux soumises à des règles sanitaires  et augmentent les frais d’entretien des ouvrages.

 

Grundfos et Danfoss, pionnières en matière de “water technology”, sont danoises. Les entreprises danoises du secteur opèrent à tous les niveaux de l'industrie de l'eau : qu'il s'agisse des eaux souterraines, de l'eau potable, du réseau, des eaux usées, des problèmes d'eaux urbaines, etc. Qualité, efficacité énergétique et rentabilité font de ces “danish cleantech companies” des spécialistes internationaux à haut niveau de savoir-faire et d'expérience.

 

 

Nous remercions Emmanuel Ratton, ingénieur civil qui a participé au plan climat de Copenhague, de nous avoir aidés à la préparation de cet article. 

 


 

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