Tout a commencé par un testament, celui de Ferdinand Franz Wallraf, un professeur et recteur de l'université de Cologne au XVIIIe siècle. C'est ce don qui marque le début de l'histoire du musée Wallraf-Richartz, le plus ancien de la ville et celle du Musée Ludwig, le plus prestigieux. Quel a été le destin de ces deux musées majeurs de la ville ?
1824. Ferdinand Franz Wallraf s'éteint l'âge de 76 ans, après une vie d'universitaire bien remplie, pendant laquelle il a notamment enseigné l'histoire l'école centrale de Paris. Dans son testament, il a demandé que son impressionnante collection privée soit donnée à la ville Cologne. Les chiffres sont éloquents : ce sont ainsi 13.248 livres, 3.875 journaux, 1.724 peintures, 521 lettres, ainsi qu'une large collection hétéroclite de pièces de monnaie, de minéraux, de fossiles et autres armes qui viennent enrichir le patrimoine de la ville de Cologne.
Les biens sont entreposés dans un premier temps à la Trankgasse dans l’ancien siège de l'archevêque, un bâtiment qui sera alors renommé le Wallrafanium. Un certain Matthias Joseph de Noel se voit confier la tâche de réaliser l'inventaire et est le premier conservateur de la collection Wallraf de 1827 à 1843. Entre 1843 et 1890, se sont deux peintres locaux, Johann Anton Ramboux et Johannes Wiessen, qui se retrouvent au poste de conservateur.
Une proposition modeste de Richartz
En 1854, un commerçant du nom de Heinrich Richartz propose de financer à hauteur de 100.000 Thaler (environ 450.000€*) la construction d'un bâtiment attitré pour le musée sur le site du cloitre de l'église des Minorités. La première pierre est posée l'année suivante par le roi de Prusse Friedrich-Wilhelm IV. La construction se termine six années plus tard, en 1861, après un nouvel apport de 100.000 Thaler de la part de Richartz pour terminer les travaux.
En 1862, le premier catalogue du musée est édité. Ce catalogue, qui rassemble les pièces maitresses de la collection, est de la plus haute importance pour se faire connaitre auprès des autres musées. Réussir à établir un catalogue aussi rapidement permet d'assurer une bonne visibilité pour ce musée alors tout récent.
Les années suivantes sont marquées par les achats réguliers de nouvelles œuvres, notamment du Renoir et du Van Gogh et par des agrandissements conséquents la fin du siècle, signes d'un succès certain du musée.
Quand la grande Histoire s'en mêle (1914-1945)
Les deux guerres mondiales ont contraint les conservateurs suivants à disperser leurs œuvres dans d'autres villes moins exposées comme Braunschweig et Kassel. Les œuvres sont toutefois restituées dans l'immense majorité après-guerres. Toutefois, une partie du musée est détruite lors d'un bombardement en 1943, ce qui oblige répartir les œuvres dans d'autres musées (en particulier dans ce qui deviendra le Musée Ludwig).
Quand les deux musées ne faisaient qu'un (1954-2001)
C'est sous la direction de Leopold Reidemester, alors conservateur du musée et directeur général des musées de la ville qu'un nouveau bâtiment va être construit an der Rechtschule pour accueillir un partie de la collection, mais aussi que d'autres musées de la ville se voient dotés d'une partie des biens de Wallraf (Musée de la ville par exemple).
En 1976 débute la construction du musée Wallraf-Richartz-Ludwig, qui doit accueillir les collections Wallraf, Haubrich (issue d'un don en 1954) et Ludwig (don de 1968). Seules les peintures médiévales, baroques et du XIXe siècle restent dans le nouveau bâtiment.
Le Musée ouvre en 1986 et se développe normalement jusqu'en 1994, lorsqu'un nouveau don conséquent du couple Ludwig contraint le conservateur Reiner Budde envisager la délocalisation de la collection Wallraf.
C'est ainsi que de 1998 à 2001, un nouveau bâtiment pour le musée Wallraf-Richartz voit le jour, avec comme architecte Oswald Matthias Ungers, à qui l’on doit aussi le Museum Kunstpalast de Düsseldorf.
De nos jours, le musée Wallraf-Richartz est entré dans une grande phase de travaux qui verra la construction d'un deuxième bâtiment quelques mètres de l’actuel.
Source : Anja Sicher-Albers et Sophia Ungers, Wallraf-Richartz Museum Köln, p 7-11, Dumont-Verlag, 2001
* Conversion à titre informatif basée sur un calcul approximatif tenant compte de l’inflation.
Il n’y a pas de moyen précis à notre connaissance pour convertir les Thaler en euros.