Cette petite revue historique se propose de vous faire découvrir les personnages historiques de Cologne et d'ailleurs qui ont marqué l'histoire de la ville. D'Agrippine la Jeune à Johann Marie Farina en passant par Napoléon, la capitale du Rhin porte encore aujourd'hui des traces de leur passage.
Il n’existe apparemment pas de date précise pour la naissance d’Albrecht von Böllstadt, futur Albert le Grand (ou Albertus Magnus en allemand), mais elle se situerait entre 1193 et 1206. Il est assez difficile de résumer la vie de celui qui a marqué Cologne par la fondation de l’école supérieure de théologie (prélude à la fondation quelques décennies après sa mort de l’université de Cologne) tant elle est multi-facettes. Aussi est-il plus simple de les aborder les unes après les autres.
Parlons tout d’abord d’Averroès (1126-1188). Il s’agit de l’un des plus grands philosophes arabes du Moyen-âge. Au travers de ses commentaires des œuvres d’Aristote, il a contribué à la diffusion de la philosophie grecque mais aussi arabe à travers l’Europe occidentale. Visiblement influencé par ses écrits, Albert le Grand a lui aussi cherché à commenter l’œuvre d’Aristote, mais avec une approche philosophique radicalement opposée à celle d’Averroès, tout en conservant toutefois cette volonté de bien séparer science et religion dans ses écrits. Albert poursuit ainsi la diffusion en Europe des idées grecques mais aussi de la pensée d’Averroès grâce à ses ouvrages critiques envers le philosophe arabe.
Albert le Grand, l’universitaire
Après des études en théologie à Paris, il devient enseignant en 1228. S’ensuit une période d’itinérance où il professe à Fribourg-en-Brisgau, à Strasbourg puis à Paris. Il réside à Paris de 1241 à 1248, et y obtient le titre de maître en théologie.
Revenu à Cologne en 1248, il y fonde l’Ecole supérieure de théologie (studium generale) qu’il dirige jusqu’en 1254. Après un hiatus de 3 ans, il y enseigne à nouveau de 1257 à 1260. Trop occupé par ses fonctions ecclésiastiques, il ne reprend l’enseignement qu’en 1264 et ne revient pas à Cologne avant 1270, où il enseignera jusqu’à la fin de ses jours.
Ses années en tant que professeur lui ont permises de transmettre ses connaissances et ses méthodes à de nombreux étudiants, dont deux rentreront dans l’Histoire :
- Saint Thomas d’Aquin (1224-1274), qui tentera de concilier la pensée chrétienne et la philosophie d’Aristote, basée sur la logique et la réflexion. Il sera l’élève d’Albert de 1245 à 1252 à Paris et à Cologne.
- Maitre Eckhart (1260-1328), qui étudiera et prêchera à Cologne. Son enseignement repose sur le rejet de toute possession afin que Dieu puisse pénétrer notre âme. Il n’est toutefois pas certain qu’Albert ait été son professeur.
Albert le Grand, l’ecclésiastique
Albert était membre de l’ordre des dominicains, donc l’une des particularités était de prêcher au sein même des villes dans des couvents et non pas de s’isoler dans un monastère, comme le font d’autres ordres. Sa carrière professorale est d’ailleurs intimement lié à l’ordre, étant donné que ses cours à Paris se sont fait au couvent des Jacobins et que la fondation de l’école de Cologne s’est faite pour le compte des dominicains de la ville.
Il occupe de 1260 à 1264 de hautes fonctions ecclésiastiques, comme évêque de Ratisbonne notamment. Il participe également au concile de Lyon en 1274 qui traitait d’une éventuelle nouvelle croisade et de la fin du grand schisme. Ni l’une ni l’autre n’auront lieu.
Albert s’est aussi distingué dans le domaine scientifique grâce à la rédaction de nombreux traités, dont la forme est inspirée par les travaux d’Aristote. On lui doit des traités encyclopédiques sur la faune, la flore et les minéraux de l’Europe occidentale ainsi que l’obtention chimique d’un arsenic pur.
On lui prête également un goût certain pour l’alchimie et la magie, ce qui lui vaudra de se voir attribuer pendant plusieurs siècles la paternité d’un grand nombre d’ouvrages alchimiques écrits sous le pseudonyme d’Albertus Magnus.
Une légende lui prête également la paternité des plans (au moins en partie) de la cathédrale actuelle de Cologne.
L'influence d'Albert le Grand fut si grande qu'il fut béatifié en 1622, canonisé en 1931 et qu'il est devenu le saint patron des scientifiques et des savants en 1941.
La nouvelle université de Cologne fondée après le départ de Napoléon, lui rendit aussi hommage en construisant un monument à son effigie et en donnant son nom à la place ou se trouve l'université actuelle.
Depuis 1931, la ville de Bonn compte un institut à son nom qui s’est donné pour mission la conservation et l'étude des documents du grand homme.
Ses restes se trouvent actuellement dans un cercueil dans l'église Sankt Andreas à Cologne.
Loic Henry (www.lepetitjournal.com/cologne) Mardi 13 septembre 2016
Sources :
Sur Albert le Grand (wiki allemand)
Sur les studium generale
Sur l'Université de Cologne
Sur Maitre Eckhart (wiki allemand)
Sur Thomas d’Aquin
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#1 HISTOIRE - Grands personnages de Cologne : Agrippine la Jeune, la fondatrice [15-59 ap JC]
#2 HISTOIRE - Grands personnages de Cologne : L'arrivée des Rois mages à Cologne [1162-1247]
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