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À Chiang Mai, le travail communautaire solution alternative à la précarité du Covid

Des benevoles du Chiang Mai Trust viennent en aide aux demunis du covidDes benevoles du Chiang Mai Trust viennent en aide aux demunis du covid
Catherine Vanesse - Sous la houlette de l'association Chiang Mai Trust, un groupe de bénévole tente d'apporter une aide à ceux qui ont perdu leur emploi à cause du Covid-19
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 21 juin 2021, mis à jour le 23 juin 2021

Pour aider les victimes de la crise du Covid à Chiang Mai, un groupe de bénévoles propose aux plus démunis de travailler au service de leur communauté en vue d’impulser une dynamique vertueuse

Depuis le début de la troisième poussée épidémique de Sars-Cov-2, le patron du bar musical Northgate Jazz Co-op, Pharadon “Por” Phonamnuai a lancé une nouvelle initiative solidaire avec d’autres amis pour venir en aide aux personnes les plus précaires, victimes des restrictions sanitaires contre le coronavirus qui ont mis au chômage temporaire ou définitif des dizaines de milliers de personnes.

À la différence de la période de confinement d'avril à juin 2020, il n’y a pas eu cette année autant de campagnes de distribution de nourriture.

Dès lors, pour aider les habitants de Chiang Mai, Por, à travers son association Chiang Mai Trust, a mis en place un système par lequel il verse un salaire journalier en échange de travaux pour améliorer le quotidien de la communauté : nettoyage des égouts, des canaux et des allées, tri des déchets, aménagement de potagers urbains, etc. 

 

Une personne travaille pour améliorer l'urbanisme
En échange de travaux au sein de leur communauté, chaque personne gagne 250 bahts par jour. Photo Pharadon Phonamnuai

 

"100.000 sans-emplois"

“Depuis le début de cette troisième vague, j’estime que 100.000 personnes ont perdu leur emploi, dont au moins 40.000 travailleurs migrants! L’année dernière, nous avions mis en place 24 cuisines communautaires dans lesquelles des bénévoles préparaient et distribuaient gratuitement des repas. Cette année, parce que nous allons devoir apprendre à vivre avec le Covid, nous voulions venir avec une solution durable”, explique l’activiste.

Pour connaître et comprendre les besoins, les membres de l’association Chiang Mai Trust ont sondé les chefs des différentes communautés de Chiang Mai avant de se concentrer sur trois d’entre elles sur les 94 communautés que compte la ville. 

 

travailleurs voirie chiang mai
Dans le futur, Chiang Mai Trust aimerait avoir un soutien de la municipalité, surtout pour les travaux d'entretien et d'aménagement. Photo Pharadon Phonamnuai

 

“Dans la première phase, nous avons aidé une quinzaine de personnes qui vivent dans des sortes de bidonvilles derrière le centre commercial de Kad Suan Keaw, au nord-ouest de la ville. Nous leur donnions 250 bahts (6,70 euros, ndlr) par jour pour leur travail. C’était un peu un test pour évaluer si nous pourrions étendre le projet à d’autres lieux, mais avec ce système, nous ne sommes pas encore indépendants et nous n’offrons pas cette indépendance aux gens, car nous dépendons encore des dons”, ajoute Por. 

Au total, depuis le début du mois d’avril, près d’une quarantaine de famille a pu bénéficier d’un revenu pour quelques jours.

Potagers communautaires

Avec le soutien du Chiang Mai Arts and Cultural Museum et de l’université de Chiang Mai, Chiang Mai Trust, a démarré son initiative sur fonds propres avant de recevoir un financement de 20.000 bahts par mois pour un an du Rotary Club de Chiang Mai. Mais comme le confie Por, la somme ne suffit pas à payer un salaire journalier.

Il prévoit donc de se tourner vers des projets de potagers communautaires. La municipalité vient d’autoriser l’exploitation par la population d’un terrain d’un demi-rai (800 m2) à proximité du Lanna Hospital, au nord de la ville. 

Avec l’aide des architectes du Studio JaiBaan, qui avait été à l’initiative du premier potager urbain de Chiang Mai, Chiang Mai Trust est en train de construire les plans pour aménager un potager dont les membres de la communauté prendraient soin en cultivant des légumes pour leur propre usage. Une campagne d’appel aux dons pour recevoir des graines leur a permis de récolter un certain nombre de fruits et légumes en devenir. 

 

Pharadon “Por” Phonamnuai
Saxophoniste, propriétaire du bar Northgate Jazz Co-op et créateur de la boisson à base de riz YoRice, Pharadon “Por” Phonamnuai est à la fois un homme d'affaires mais aussi un activiste mû par un besoin d'aider la communauté de Chiang Mai. Photo Catherine Vanesse

 

“L’argent que nous avons reçu va nous permettre de lancer de nouveaux projets, surtout qu’il s’agit d’un financement sur du moyen terme. J’aimerais que d’autres potagers urbains voient le jour, afin que la population puisse s’aider elle-même, mais aussi pour que cela puisse servir d’exemple et que nous obtenions de l’aide des autorités, ne serait-ce que nous perrmettre d’utiliser des terrains publics inexploités”, commente le musicien. 

Même s’il est lui-même particulièrement affecté par les mesures de restrictions pour lutter contre l’épidémie du coronavirus puisque son bar qui accueillait régulièrement 70 musiciens, Por reste positif et voit cette période une opportunité pour initier un changement. “Après le Covid-19, la vie ne sera plus la même, il y aura toujours un risque d’avoir de nouvelles vagues, l’économie ne va pas redémarrer avant un moment donc nous devons penser la communauté autrement et nous aider les uns les autres. Le gouvernement, lui, ne va sans doute rien changer. Il faut donc continuer à créer même si ce ne sont que de petites initiatives”, conclut-il.

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