L’argent, un sujet qui, comme partout, occupe beaucoup les conversations des Indiens.
Quelques mots utiles pour participer aux échanges en tamoul :
L’argent, la monnaie |
PANAM |
பணம் |
Les pièces de monnaie |
PAISA |
பைசா |
Les billets de banque |
ROUBA NOTTU |
ரூபா நோட்டு |
Les espèces, le liquide (langue parlée) |
KAASU
|
காசு |
L’explosion des paiements numériques
Il y a quelques jours, The Hindu présentait une série de données sur les habitudes de paiement des Indiens. En deux ans, elles ont complètement été bouleversées par l’explosion des paiements numériques en ligne (ndlr : paiements que l'on réalise sur Internet ou via des réseaux de télécommunications, générés à partir soit d'un ordinateur, soit d'un téléphone mobile. Ces paiements se font sans contact par carte ou via le téléphone mobile, par porte-monnaie et portefeuilles électroniques, via des applications).
Quelques chiffres pour comprendre la révolution en marche :
- en 2019, l’argent liquide représentait 71 % des transactions commerciales, en 2021, il ne représente plus que 37 %
- Le grand gagnant est le paiement en ligne qui est passé de 4 % en 2019 à 25 % en 2021. Plus de 200 % d’augmentation !
L’Inde et la Chine, leaders mondiaux des paiements numériques
Avec la Chine, l’Inde fait figure des pionniers dans l’usage des paiements numériques.
% des échanges des ménages Données 2021 |
NUMERIQUE |
CASH |
CARTE DE CREDIT OU DE DEBIT |
Autres (Crédit à la consommation…) |
INDE |
25 % |
37 % |
36 % |
2 % |
CHINE |
54 % |
10 % |
30 % |
6 % |
ETAS-UNIS |
11 % |
11 % |
70 % |
8 % |
ALLEMAGNE |
5 % |
40 % |
45 % |
10 % |
L’augmentation fulgurante du paiement numérique en Inde est la conséquence de plusieurs facteurs :
- Les choix politiques du gouvernement Modi, amorcés en 2016 avec la démonétisation d’une grande partie des billets de banque d’alors
- L’arrivée de nouvelles technologies plus abordables pour les commerçants, en particulier pour les commerces de rue qui ne pouvaient se payer les terminaux pour cartes bancaires.
- La pandémie qui a encouragé l’usage du sans contact, pièces et billets étant source potentielle de contamination
Le développement des paiements numériques encouragé par le gouvernement
En novembre 2016, Narendra Modi informait la population que les billets de 500 et 1000 roupies ne seraient plus utilisables dès le lendemain matin. La mesure visait à lutter contre l’argent « sale » et la fraude fiscale. Les Indiens avaient jusqu’au 30 décembre de la même année pour restituer les billets supprimés dans les banques.
Le résultat a été immédiat : des queues interminables devant les banques pour déposer les billets mais aussi pour obtenir des liquidités. Dans un pays qui fonctionnait presque exclusivement avec des espèces, la démonétisation a viré à la catastrophe.
Les billets retirés de la circulation représentaient 85 % des espèces utilisées ; la disponibilité des nouvelles coupures (500 et 2000 roupies) était largement insuffisante ; les distributeurs de billets devaient être changés car le format des nouveaux billets était différent.
Pas de billet, pas d’achat. Les experts estiment que la mesure a fait perdre plus d’un point de PIB, avec une chute spectaculaire du revenu des petits commerçants.
Tout cela a mis en avant la dépendance à l’argent liquide de l’économie indienne.
Depuis, le gouvernement encourage le développement des paiements numériques considérant que c’est un moyen de mieux contrôler les flux commerciaux et par la même lutter contre la fraude.
De nombreuses sociétés se sont lancées sur ce nouveau marché. Paytm est leader, affichant plus de 20 millions de commerçants adhérents et plus de 300 millions d’utilisateurs.
Est-il si facile de changer les habitudes de toute une population aussi vite ?
A la campagne, l’argent liquide reste roi. Les Indiens sont viscéralement attachés aux billets glissés dans la poche ou le corsage. Il faut se rappeler qu’une part importante de la population n’a pas de compte bancaire. On estime qu’un Indien sur dix seulement a accès à Internet et que 250 millions d’entre eux n’ont pas de portable. Alors, la fin des billets et pièces ? pas si sûr…
La monnaie indienne, l’une des plus vieilles du monde
La roupie indienne trouverait son origine dès le VIe siècle avant notre ère. Elle serait l'une des plus anciennes au monde, avec le wen chinois (ndlr : la principale unité de compte utilisée en Chine durant la période impériale. Elle a été remplacée en 1889 par le yuan).
Son nom vient du mot sanskrit « raupya » qui signifie "argent" ou "fait d'argent". Pendant longtemps, les pièces ont été fabriquées avec ce métal. Les femmes de certaines tribus du centre du pays portent aujourd’hui des bracelets en argent faits avec d’anciennes pièces fondues.
Pendant son occupation, l’Empire britannique a maintenu la roupie comme monnaie indienne, renonçant à transformer le système monétaire en Livre sterling.
Les billets indiens d’aujourd’hui
Les billets de banque revus à la suite de la démonétisation de 2016, ont la particularité de tous présenter sur une face le portrait du Mahatma Gandhi.
Au dos, un encadré en donne la valeur dans 15 langues différentes, auxquelles s’ajoutent l’Hindi et l’Anglais qui figurent sur les deux côtés.