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Ganesh, le dieu hindou à tête d’éléphant, aussi vénéré au Japon

une statue de la version japonaise de Ganeshune statue de la version japonaise de Ganesh
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 17 septembre 2021, mis à jour le 19 décembre 2023

On trouve dans l’art des des pays d'Asie du Sud-Est(Indonésie, Cambodge, Thaïlande, Birmanie, Malaisie, Laos, Vietnam) des représentations de Ganesh (Ganesha), le dieu à tête d'éléphant si populaire en Inde, qui sont souvent pour les Indiens, inhabituelles et spectaculaires. Ganesh est aussi présent au Sri Lanka, en Chine, en Afghanistan, au Népal, en Mongolie et même au Mexique. Au Japon, plus de 250 temples sont dédiés au dieu Ganesh, qui s’est diffusé sous plusieurs formes, "Kangiten", "Shoten", "Ganabachi" (Ganapathy) ou "Binayakaten".

 

Ganesha était une divinité particulièrement vénérée par les commerçants et les marchands, qui quittaient l'Inde à la recherche de nouveaux produits à vendre. Autour du Xème siècle, des réseaux d'échange se sont formés, entrainant la création de guildes commerciales et une résurgence de la circulation monétaire et les représentations de Ganesh se sont ainsi diffusées en Asie du sud-est puis plus loin, jusqu’au Japon.
 

Le culte de Ganesh introduit au Japon avec le bouddhisme shingon 

Le culte de Kangiten (Ganesh) est apparu au Japon aux alentours des XVIIIème et IXème siècles de notre ère, dans le cadre du bouddhisme "Shingon" ou "Mantra". Il s'agissait d'une forme tantrique de bouddhisme apparue à Odisha, en Inde, qui s'est ensuite propagée en Chine, puis au Japon. 

C'est un érudit japonais nommé Kukai (774-835 de notre ère) qui a fondé le bouddhisme Shingon au Japon. Fonctionnaire et érudit à la cour impériale, Kukai s'est rendu en Chine en 804 pour y apprendre le bouddhisme tantrique venu d'Inde. Il y a rencontré un érudit bouddhiste gandharien réputé, Pranja, ancien étudiant de l'université de Nalanda, qui a introduit plusieurs textes bouddhistes importants en Chine.

Kukai revient au Japon dix ans plus tard et introduit plusieurs divinités hindoues ainsi que les enseignements du bouddhisme tantrique dans le panthéon japonais. Ganesha a été introduit initialement comme une divinité mineure dans le bouddhisme Shingon. 

 

Shoten, Kangiten… , les formes de Ganesh au Japon

Le dieu qui élimine les obstacles, communément appelé Shōten, est la forme est la plus similaire en termes de signification du populaire Gaṇesha hindou. Elle sert de divinité protectrice qui accorde fortune et richesse. Cependant, cette forme médiocre n'a pas pu acquérir une popularité suffisante pour gagner une place dans le panthéon japonais en tant que divinité indépendante.

La forme plus ésotérique de Kangiten, qui est la résultante de plusieurs interactions uniques entre les sphères religieuses et culturelles très différentes de l'Inde, du Tibet, de la Chine et du Japon, devint un dieu indépendant au cours de ce que l'on appelle la "période Heian" (794-1185 de notre ère), considérée comme un "âge d'or classique" dans l'histoire du Japon. L'un des plus anciens textes concernant son culte, le Sho Kangiten Shikiho ou "Rituel de Sho Kangiten", composé vers 861 de notre ère, décrit en détail différents rituels tantriques.

 

Representations du dieu Kangiten au Japon


 

Dans l'iconographie japonaise, Ganesha dans sa forme Kangiten était représenté enlacé à une femelle éléphant, sa "Shakti" ou "énergie féminine". Dans le bouddhisme tantrique, les dieux sont fréquemment représentés dans une étreinte érotique avec des déesses, signifiant l'union des énergies masculine et féminine. Il s'agit d'une forme ésotérique secrète du dieu dérivée du culte tantrique basé sur la doctrine du yoga qui prône l'union de l'individu avec l'esprit universel.

 

Tout comme le Ganesha indien, Kangiten était à l'origine un dieu malveillant qui pouvait créer des obstacles et qu'il fallait donc vénérer pour éviter les problèmes. Au fil du temps, il a évolué pour devenir un dieu japonais de la joie et de la félicité, prié par les marchands pour la richesse et la réussite financière. 

 

Contrairement à son homologue hindou, dont l'image est exposée en public, Kangiten est considéré comme trop sacré pour être vu et ses idoles sont généralement conservées dans une boîte en bois. Les rituels qui lui sont consacrés sont exécutés par des moines qualifiés, hors de la vue du public, et les dévots laïcs sont découragés de vénérer les représentations iconographiques du dieu chez eux.


 

attributs de Kangiten Shoten
Ornements avec les attributs de Kangiten : radis daikon et bourse


 

Comme le Ganesha indien, le dieu Kangiten a une défense brisée et des attributs dont un radis et une hache selon les besoins. Le radis daikon est un substitut japonais à la canne à sucre et aux sucreries indiennes et symbolise la fertilité et la prospérité, le sucre ne pouvant être cultivé que dans des régions fertiles.

 

Dans sa forme Vajra-Vinayaka, outre l'un des trois éléments mentionnés ci-dessus, il porte le Vajra, c'est-à-dire la foudre. Dans une autre forme connue sous le nom de Kaku-zen-cho, il a trois têtes, chacune ayant trois yeux. Il tient une épée, un radis, un sceptre et un bourse de pièces.


Comme en Inde, durant les rituels, des sucreries en forme de bourse de pièce sont offertes au dieu, les kangidan ("brioche de la félicité"), une friandise dérivée du modak indien.
 

sucreries : modak et kangidan
Modak (à gauche) - Kangidan (à droite)

 

 

Le temple Hozanji, un des centres du culte de Kangiten

Le centre le plus actif du culte de Kangiten est le temple Hozanji, sur le versant oriental du mont Ikoma, juste à l'extérieur d'Osaka, dans le sud du Japon. On dit qu'il a été fondé par un moine japonais charismatique du XVIIe siècle nommé Tankai (1629-1716 de notre ère), également connu sous le nom de "Hozan". 

 

Selon la légende fondatrice, Tankai était en quête spirituelle de "Siddhis" ou de pouvoirs surnaturels, mais Kangiten ne cessait de lui mettre des bâtons dans les roues et Tankai échouait sans cesse. On raconte que vers 1678, le maître de Tankai lui a révélé l'existence du mont Ikoma, un lieu miraculeux qui n'est ni un rêve ni une réalité. Pour apaiser le dieu éléphant, Tankai promit de faire une idole du "deva à tête d'éléphant" et d'en faire le gardien de la montagne. En retour, Tankai demande une bénédiction : "...vous me protégez et vous m'aidez à atteindre le siddhi".


 

temple hozanji japon
Temple de Hozanji au Japon - @Ignis

 

Tankai et ses disciples construisirent le complexe du temple en 1680 de notre ère, et il fut connu sous le nom de Hozanji. Le temple abriterait une image en bronze doré de Kangiten datant de la période Heian, mais elle est aujourd'hui cachée de manière permanente sous un couvercle phallique. Les marchands de la ville d'Osaka vénérèrent Kangiten pour la richesse et la prospérité et Hozanji est devenu un complexe de temple très riche. 

 

En raison de sa grande popularité, le premier téléphérique japonais y a été construit en 1918.


 

Aujourd’hui, les commerçants et les marchands vénèrent encore le dieu Kangiten sous sa forme plus populaire de Shoten pour la richesse matérielle, ainsi que les jeunes couples qui recherchent des relations réussies. Les offrandes doivent toujours inclure des kangidan (les sucreries en forme de bourse de pièces), des fruits tels que des grenades ou des radis et du saké ou du vin, afin de recevoir en retour la richesse matérielle et le succès en amour.


 

 

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