Le 9 novembre dernier, une étudiante de 19 ans, est retrouvée pendue dans sa chambre d’hôtel à Chennai. Elle était en 1ère année de sciences humaines au sein du renommé Indian Institute of Technology Madras. C’est le 5ème suicide de l’année lié à l’IIT Madras…
Les causes du suicide restent floues
Abdul Latheef, le père de Fathima, parle d’une note dans son téléphone portable mettant en cause un ou des professeurs. Il ajoute avoir vu sur les vidéos de surveillance sa fille pleurer tous les soirs au réfectoire. « Il y a un mystère derrière la mort de ma fille. (…) J'ai des documents qui contiennent des détails sur le harcèlement infligé à ma fille pour prouver le cas. Je veux que justice soit faite pour Fathima. C'était une fille innocente et intelligente. Trois professeurs en sont responsables. Je veux une enquête du CBI », a-t-il demandé publiquement. « Je suis prêt à aller devant la Cour suprême pour intenter une action en justice s'il n'y a pas d'enquête équitable. » La famille de la jeune fille s’est donc rapprochée cette semaine du Ministre du Kerala, Pinarayi Vijayan, revendiquant de probables humiliations et discriminations de caste de membres du corps professoral, entrainant ainsi leur fille à se tuer. L’enquête a été transférée à la Direction Centrale du Crime.
La semaine dernière, des membres de la Students' Federation of India (SFI) ont protesté devant le campus de l'IIT, exigeant une enquête sur la mort de Fathima Latheef. En plus de présenter des pétitions à l'administration, des associations étudiantes ont organisé la semaine dernière des manifestations sur le campus alors même que le hashtag #JusticeForFathima était en vogue sur Twitter. De leur côté, les partis politiques (comme DMK) ont exigé jeudi dernier que le gouvernement du Tamil Nadu ordonne une véritable enquête sur le suicide de l’étudiante.
L’IIT Madras au cœur de la controverse
Face à la controverse grandissante, l’IIT Madras a publié une déclaration en fin de semaine dernière, indiquant que « Les étudiants, le corps professoral, le personnel et les résidents de l'IIT-Madras sont profondément attristés et extrêmement troublés par le décès malheureux et inopportun de notre étudiante, Fathima Latheef, et par les événements qui se sont produits par la suite. (…) Les médias sociaux, même avant la fin de l'enquête policière, sont en train de démoraliser gravement les étudiants, les membres du corps professoral (…) Tout cela ternit la réputation de l'institut. (…) Nous continuons de (…) fournir tous les efforts nécessaires pour assurer le bien-être physique et mental de nos étudiants, de nos professeurs et de notre personnel. Nous réaffirmons que nous coopérons pleinement à l'enquête policière »
Mais depuis le décès de Fathima, des voix se lèvent pour dénoncer une vague de suicides au sein du prestigieux Institut. C’est en effet le 5ème suicide en un an : Un étudiant de dernière année en génie océanique s'est suicidé en septembre dernier. Plus tôt, en janvier 2019, un étudiant de 1ère année s'est tué dans sa chambre. En décembre 2018, Aditi Simha, professeur assistant à l'IIT, s'est donné la mort dans les locaux du personnel du campus…Face à ces drames, l'IIT Madras a-t-il pris des mesures spéciales ? Récemment, des représentants des étudiants ont déclaré que l'administration de l'institut avait ignoré une demande de longue date d'entreprendre une étude sur le nombre croissant de suicides et de problèmes de santé mentale sur le campus.
De nombreuses questions se posent aujourd'hui : est-ce qu'une atmosphère d’institution universitaire renommée peut amener à des suicides ? Comment de brillants étudiants, aux bons résultats, peuvent-ils arriver à de tels gestes désespérés ? Est-ce le fait d'individu(s) malveillant(s), ou cela met-il en lumière des failles de l'ensemble du système ? A ce jour, difficile de trouver des réponses, l’enquête et des études approfondies pourront peut-être en apporter dans les jours, semaines, ou mois à venir…