Mardi 26 janvier a lieu le Republic Day…peut être entâché par des manifestations d’agriculteurs toujours très en colère contre de nouvelles lois agricoles très controversées. Une tension qui dure depuis plusieurs mois.
Des perturbations attendues malgré des négociations
Les prochains jours peuvent être mouvementés du côté de Delhi, mais aussi dans certaines parties des États de l'Haryana, du Rajasthan et de l'Uttar Pradesh. Pourtant des discussions auraient été entamées entre les syndicats et le Gouvernement mercredi dernier. Le Gouvernement a proposé de suspendre les nouvelles lois agricoles pendant un an et demi. Si cette proposition est en discussion, les groupes d'agriculteurs ont tout de même refusé d'annuler un rassemblement organisé le jour de la République (mardi 26 janvier ndlr) ; les manifestants ont bien l'intention de se rendre à New Delhi à bord de tracteurs…
Par ailleurs, des manifestations sporadiques de solidarité avec les agriculteurs sont probables dans d'autres grands centres urbains tels que Bangalore (État du Karnataka), Chennai (État du Tamil Nadu), Hyderabad (État de Telangana), Kolkata (État du Bengale occidental) et Mumbai (État du Maharashtra). La plupart de ces événements devraient se dérouler pacifiquement.
Le combat s’essouffle un peu
Au-delà de la semaine prochaine, les experts estiment peu probable que les protestations continuent encore longtemps, entre autres car la fatigue des protestations s'installe et le soutien des communautés locales autour des lieux de rassemblement diminue. De plus, les agriculteurs commencent à se heurter à la population locale sur leur site de protestation (par exemple près de la frontière avec l'Haryana, à Shahjahanpur (Rajasthan)). Par ailleurs, le Gouvernement commence à réfléchir à intervenir de manière plus ferme, invoquant des préoccupations de sécurité nationale. En effet, deux évènements récents laissent à penser cela :
- Le groupe séparatiste sikh interdit "Sikhs pour la justice" (SFJ) a récemment annoncé qu'il récompenserait toute personne qui retirerait le drapeau indien au Fort Rouge le jour de la République ! Bien qu'il ne s'agisse que de propagande, cela pourrait discréditer la campagne de protestations et permettre au Gouvernement d’intervenir au nom de la sécurité de tous.
- L'organisation anti-terroriste National Investigation Agency (NIA) a récemment adressé une convocation à plusieurs agriculteurs dans le cadre d'une enquête sur des liens présumés avec le SFJ.
Rappel des faits et de la source des tensions
Contre quoi protestent les agriculteurs ? Trois législations sont au centre des préoccupations - le Farmers' Produce Trade And Commerce (Promotion And Facilitation) Bill ; le Farmers (Empowerment and Protection) Agreement on Price Assurance and Farm Services Bill ; et le Essential Commodities (Amendment) Bill. Ces projets de loi, adoptés en septembre 2020 visent à remplacer l'ordonnance de 2020 sur le commerce et les échanges de produits agricoles (promotion et facilitation) et l'accord des agriculteurs (autonomisation et protection) sur l'assurance des prix et l'ordonnance sur les services agricoles de 2020, promulgués le 5 juin dernier. Les manifestants voient en ces nouveaux projets de lois un véritable risque de concurrence déloyale et des restrictions d’exportations ; Ils craignent aussi, entre autres, que la disposition relative au règlement des litiges ne protège pas suffisamment les intérêts des agriculteurs (face aux commerçants). "Le gouvernement devrait adopter des lois qui punissent les acheteurs privés qui se procurent des produits agricoles en dessous des normes minimales. Cela garantira nos ventes", déclarait l'un des manifestants en septembre dernier.
Des manifestations régulières ont lieu depuis le mois de septembre, mais aussi des blocus comme celui d’Octobre dernier, où les organisations d’agriculteurs du Pendjab (au Nord de l’Inde) avaient bloqué l’ensemble des trains, gênant l’accès à des grandes villes comme New Delhi et Bombay…