Premier créateur de jeux vidéo cambodgien, le studio Sabay Osja entend combiner culture cambodgienne et mécaniques de jeux populaires. Après avoir créé de nombreuses applications pour mobiles, il souhaite désormais s'attaquer au marché des consoles et ordinateurs.
Enfant, Yok Chivalry rêvait de pouvoir jouer à des jeux vidéo cambodgiens, où l’action se passerait dans les temples d’Angkor et aurait pour toile de fond l’histoire et la culture khmères. C’est désormais chose faite pour le co-fondateur et directeur créatif de Sabay Osja, le premier studio de développement de jeux vidéo cambodgien.
Fondé en 2011 par quatre passionnés, le studio qui compte désormais 15 employés, peut se prévaloir du développement de nombreuses applications de jeux vidéo sur smartphone, et a gagné de nombreux prix dans des salons internationaux.
En sept ans, le studio a développé plus d’une vingtaine de jeux et applications pour smartphones. L'une de ses originalités réside dans sa capacité à allier la culture cambodgienne à des mécaniques de jeux ayant fait leurs preuves auprès de joueurs du monde entier. Un des jeux les plus populaires de Sabay Osja est Asva the Monkey, dans lequel le héros, un singe originaire des forêts aux alentours de Siem Reap, doit se déplacer de tableau en tableau pour rejoindre les temples d’Angkor. Asva the Monkey était devenue l’application de jeu mobile la plus téléchargée au Cambodge lors de sa sortie en 2012. Un succès qui a valu à l’entreprise plusieurs distinctions dans des salons de jeux vidéo à Singapour, en Thaïlande et au Vietnam notamment. Sabay Osja a été invité à participer à la Game Developers Conference à San Francisco, une consécration dans le milieu vidéoludique.
« A travers nos applications, nous souhaitons pouvoir mettre en avant l’identité, l’histoire et le patrimoine du Cambodge tout en rendant les jeux appréciables pour le public international, aussi bien occidental qu’asiatique », indique Yok Chivalry. « Beaucoup de joueurs cambodgiens nous disent qu’ils sont fiers de l’existence d’un studio tel que le nôtre à Phnom Penh. »
Le studio a récemment décidé de sortir de sa zone de confort en se lançant dans le développement d’un jeu destiné au marché des consoles et PC. Angkor: Rise of Heroes est un jeu d’aventure en 3D dont l’action a lieu à l’apogée de l’empire khmer. Le joueur, qui pourra notamment contrôler un adepte du bokator, devra vaincre un puissant démon ayant volé le cristal sacré du temple de la lumière, au sommet du mont Kulen. Le jeu, qui tente de s’inspirer de licences à succès telles que Devil May Cry ou God of War, n’en est pour l’instant qu’au stade de démonstration avec un seul niveau complètement fonctionnel, destiné à inciter des éditeurs de jeux vidéo à investir dans ce projet.
Mais selon Yok Chivalry, il est encore difficile pour les éditeurs de croire à la viabilité d’un projet porté par une équipe cambodgienne, et il est beaucoup plus difficile de sortir un jeu pour les consoles. « Les kits de développement pour les consoles sont très difficiles à obtenir. Il est plus simple de développer un jeu sur PC, mais la distribution des jeux sur ordinateur coûte très cher, les plateformes d’achat prélèvent jusqu’à 40% du prix de vente. »
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Yok Chivalry reste néanmoins optimiste quant à l’avenir du jeu vidéo au Cambodge. L’explosion des achats de smartphones a permis à de très nombreux Cambodgiens d’avoir un premier contact avec l’univers vidéoludique, notamment hors de la capitale. Le marché des consoles de salon et du jeu sur PC commence néanmoins à émerger, et les consommateurs ne jouent plus seulement à des jeux piratés, mais les achètent aussi dans le cadre de circuits de distribution classiques.
Pour Yok Chivalry, l'un des principaux défis qu’a surmontés le studio est l’absence de ressources humaines qualifiées au Cambodge. « Nous avons commencé à recruter des gens férus de jeux vidéo, qui étaient prêts à s’investir pleinement, jusqu’à se former eux-mêmes sur internet. » Afin de pallier ce manque de travailleurs qualifiés, Sabay Osja a lancé une formation de développement de jeux vidéos, assurée par ses employés. Une quinzaine d’étudiants se sont déjà inscrits, et le début des cours est prévu en novembre.