Le Ministre Délégué du commerce extérieur et des Français de l'étranger, Laurent Saint-Martin est en visite à Buenos Aires du vendredi 27 juin au dimanche 29 juin 2025, avant de partir au Brésil. Lors de cette visite, il a signé un accord pour l'exploitation des minerais argentins mais aussi visiter l'entreprise Sanofi de la province de Buenos Aires. Le Ministre a répondu aux questions du Petit Journal à l'occasion de sa visite dans le Barrio Mugica (ex - Villa 31).


Le Petit Journal : pourquoi cette visite à Buenos Aires et cette signature sur l'accord pour l'exploitation des minerais en Argentine était-elle importante ?
Laurent Saint-Martin : nous sommes dans un moment clé où la France a besoin de diversifier ses partenariats commerciaux mais aussi culturels, dans un monde qui se fragmente où les puissances proposent une nouvelle donne internationale. Dans la continuité de la visite du président de la République à l'automne dernier, il était important que la France puisse montrer à l'Argentine sa volonté de continuer des accords plus approfondis. C'est ce qu'on a fait notamment avec les matériaux et les minéraux critiques. Je suis venu avec une délégation d'entreprise, tout secteur d'activité, qui ont des intérêts pour investir en Argentine.
Pourquoi l'Argentine ?
C'est un pays qui a beaucoup de ressources et beaucoup de talents. C'est un pays qui sait investir dans des secteurs-clés tels que l'énergie. C'est un pays qui a fait le choix de l'énergie, notamment les énergies renouvelables. Donc nous avons beaucoup de stratégies communes à mettre en place. Ici, nous effectuons un suivi avec les entreprises pour connaître leur potentiel et savoir comment nous pouvons travailler ensemble. Nous avons augmenté de 43 % nos investissements français en Argentine en seulement un an. C'est un pays qui fait une véritable révolution économique donc nous verrons les résultats dans les prochaines années, mais il y a une volonté de rendre l'Argentine plus attractive et les entreprises françaises répondent présentes.
Que répondez-vous aux argentins qui s'inquiètent de vendre des ressources sans recevoir en retour de la part de puissances étrangères, comme la France ?
Il y aura beaucoup d'emplois locaux qui seront créés avec tous ces projets-là. Ça ne se fait pas en quelques semaines, ce sont des projets de plusieurs années. La dynamique est bonne et doit être poursuivie, c'est sûr qu'il faut créer une richesse locale. Par exemple, l'entreprise Sanofi, que nous avons visitée, ne compte que des employés argentins, c'est une création de richesse qui va directement au pays, à la population, c'est très positif. Si une partie des groupes français peuvent y participer, c'est très bien.
La politique argentine de Milei a fait un grand virage vers l'extrême droite, il y a eu des cas de répressions, pourquoi investir dans un pays qui a fait un virage comme celui-là et pas ailleurs ?
La question d'investissement des entreprises, c'est d'abord s'assurer de la stabilité de l'investissement. Que le climat fiscal, climat réglementaire, ou le droit du travail soit stabilisé. Pour l'instant, les mesures mises en place en Argentine vont rassurer les entrepreneurs par rapport notamment à des années d'instabilités chroniques. Après, nous ne sommes pas obligés d'être en accord sur un certain nombre de points, notamment sur les valeurs sociétales ou sur les différences appréciations politiques pour faire des affaires ensemble. Heureusement que les entreprises françaises n'attendent pas que ce soit toujours dans des pays avec qui les chefs d'Etat sont en accords. Surtout pour investir, parce que sinon cela réduirait beaucoup le champ d'action. Je ne suis pas là pour faire de l'ingérence, les Argentins ont voté pour un président qui applique son programme, c'est une démocratie. Je rappelle que nous ne sommes pas obligés de partager ce programme en intégralité. Cela reste un programme qui attire l'investissement et les chiffres le démontrent pour le moment, nous verrons si cela se confirme dans les prochaines années.
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