Édition internationale

Françoise Sturbaut, la proviseure en Argentine qui avait soif d'aventure

Il y a toujours un peu de nostalgie lorsque nous franchissons les portes d’une école. Le bruit, l’odeur, l’ambiance, le lycée franco-argentin Jean Mermoz de Buenos Aires, ne déroge pas à cette règle. Dans son bureau, la proviseure enjouée nous accueille avec le sourire. L’écrivain, Jorge Louis Borges avait répondu une fois à un journaliste : "Que voulez-vous que je dise de moi ? Je ne sais rien de moi ! Je ne sais même pas la date de ma mort." Heureusement pour nous, Françoise Sturbaut se prête, elle, au jeu des questions-réponses, ouf…

Françoise Sturbaut, proviseure du lycée franco-argentin Jean MermozFrançoise Sturbaut, proviseure du lycée franco-argentin Jean Mermoz
Françoise Sturbaut, proviseure du lycée franco-argentin Jean Mermoz ©AD
Écrit par Amaury Lhermitte
Publié le 21 mai 2025, mis à jour le 9 juin 2025

Un saut dans l'inconnu

En août prochain, Françoise Sturbaut fêtera ses 2 ans en Argentine. En 2023, elle sauta le pas, en devenant proviseure du lycée franco-argentin Jean Mermoz "je n’avais plus d’obligation. Mes enfants sont adultes, mes parents sont morts donc je suis libre pour pouvoir venir sans avoir la pression d’abandonner mes proches. J’ai postulé puis ça s’est enclenchée très vite." A 64 ans, Françoise Sturbaut, installée en région parisienne, estimait que c’était le bon moment pour découvrir une nouvelle culture et un nouveau pays "je n’ai jamais mis les pieds en Amérique du Sud" une première donc, pour la passionnée de littérature. L’ancienne professeure de lettres modernes a toujours été fascinée par l’Amérique du Sud et particulièrement l’Argentine : "j’avais adoré dans mes cours d’espagnol, la littérature hispano-américaine et en particulier Borges. Pour moi, l’Argentine était synonyme de ces grands auteurs-là." Un choix qui fait sens pour Françoise, malgré la barrière de la langue. Depuis, elle arrive à bien lire l’espagnol, le parle un peu et le comprend globalement : "je prends toujours des cours !" De toute façon, au lycée, il faut parler français. C’est une volonté de l’établissement où 80 % des élèves sont argentins. La sonnerie de la récréation retentit.

 

 

Lycée franco-argentin Jean Mermoz
crédit : Alice Dubernet

 

Buenos Aires, une évidence 

Originaire de Saint-Etienne, Françoise Sturbaut s’est installée dans le Rhône avant de vivre en région parisienne "j’aime vraiment les villes !" Baignée dès le plus jeune âge dans la culture foot, la proviseure n’a pas été trop dépaysée en venant en Argentine. "Quand on arrive, on a vraiment l’impression d’arriver dans une ville européenne puis petit à petit, on découvre les différences." L’ancienne présidente de la ligue de l’enseignement (jusqu’en janvier 2024) voulait sortir de sa zone de confort et découvrir une autre culture. En-dehors de son travail, elle adore "aller au théâtre, au ciné, à l’opéra, voir des ballets, des expositions, c’est pour ça que Buenos Aires me convient pleinement et je ne suis pas déçue." Épanouie dans sa nouvelle vie argentine, Françoise a l’habitude de recevoir la visite de ses enfants durant l’été. Même si, elle a l’habitude de rentrer deux fois par an en France "pendant les fêtes de fin d’année, et 3 semaines en juillet" la visite de ses proches faits toujours du bien, "on en profite pour visiter le pays." Heureuse, vivre seule loin de son pays reste un défi de taille. Il faut se construire un entourage, et forcément, ça prend du temps, "ça se fait petit à petit. Dans 3 ans, je pleurerais sûrement toutes les larmes de mon corps."

lycée franco-argentin jean mermoz
crédit : Alice Dubernet

 

Objectif rester cinq ans en Argentine

Une nouvelle sonnerie retentit, c’est la fin de la récréation. L’objectif pour Françoise Sturbaut, c’est de rester cinq ans avant de rentrer en France, "on signe un contrat de 3 ans, renouvelable 1 an, puis de nouveau renouvelable 1 an, donc en général, on reste 5 ans, c’est ce que je veux." Totalement épanouie dans son travail, elle rêvait enfant de devenir chercheuse en mathématiques, puis journaliste avant de devenir institutrice, "ensuite, j’ai eu envie d’évoluer, j’ai repris les études, j’ai fait une fac de lettres puis j’ai passé tous les diplômes de l’enseignement." La proviseure du lycée franco-argentin Jean Mermoz, connaît tous les échelons de l’enseignement. Idéal ici puisque l’établissement accueille des enfants de 2 ans jusqu’au baccalauréat. La stéphanoise d’origine reconnaît tout de même qu’elle avait plus d’autonomie en France qu’ici. Le lycée est un service public pour la France, mais privé sur place. Il faut donc être capable de composer entre les deux modes de fonctionnement. Attachée à la culture, la proviseure a tout de même pu mettre en place une option cinéma audiovisuel et espère en faire une spécialité dès l’année prochaine. Ambitieuse, Françoise a bien conscience d’être une privilégiée surtout dans ce pays, pendant ces 3 prochaines années, elle veut "profiter pleinement, découvrir plein de choses que je n’aurai pas connu, j’aime bien découvrir de nouveaux auteurs argentins, il y a beaucoup de femmes écrivaines aussi, j’aime découvrir, c’est un vrai bonheur." 

Il y a 2 ans, Françoise Sturbaut est sortie des sentiers battus. Sans regret, elle a sauté dans l’inconnu pour allier travail et plaisir.

"Seul le bonheur est sans mystère, car il se justifie par lui-même."

Jorge Louis Borges, Le rapport de Brodie.
 

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