Tous les samedis, parents et enfants de 2 à 8 ans se pressent devant la porte du local de la Chimera, à Villa Crespo. Tous issus de familles franco-hispanophones, ils participent à un atelier de jeux, lectures, ou encore yoga. L’objectif ? Faire vivre la langue et la culture française pour ces enfants bilingues, submergés par l’espagnol au quotidien. Rencontre avec celles qui donnent vie à l’association Arc-en-ciel.


Un reportage de Clara Monteiro et Chloé Roulet.
“Holà !” ; “Bonjour !” lancent les enfants pour accueillir les visiteurs au local culturel Chimera Arte. Dans un français fluide, une petite fille de 6 ans, se présente, un empanada dans une main, un croissant dans l’autre. Elle reprend ensuite la conversation en espagnol avec une autre fillette. À l’association Club Social ARC-EN-CIEL, les enfants ont bien compris qu’ils pouvaient assumer pleinement leur double culture franco-argentine. Tous les samedis, ces familles biculturelles se rejoignent dans le quartier de Villa Crespo pour des ateliers ludiques et éducatifs en français. Au programme : comptines, lectures, jeux, coloriages, écriture et même yoga !
L'initiative part d’un constat : Aude, dite “Dodo”, est mariée à un Uruguayen. Maman d’une petite fille alors âgée de 2 ans, elle endosse toute la charge de la transmission linguistique et culturelle de son pays natal, la France, à sa fille. Elle cherche alors à réunir plusieurs familles qui sont dans la même situation qu’elle. L’objectif est de faire communauté pour proposer aux enfants un environnement qui leur ressemble, au-delà de leur cocon familial. Sur les réseaux sociaux, Aude lance une bouteille à la mer : rendez-vous au parc les samedis après-midi. Au total, cinq mamans répondent à l’appel et se rejoignent au parc Centenario. Au fur et à mesure, de nouvelles familles prennent part à l'initiative. Aude décide en 2022 d’officialiser le collectif et créer l’association Club Social ARC-EN-CIEL.
"J’ai envie que ma fille comprenne qu’elle n’est pas seule"
Pour Caroline Vicq, coordinatrice de l’ARC-EN-CIEL, l’association se résume en trois piliers : le livre, les rencontres entre familles et le jeu. Les livres sont principalement des dons des familles. Des rencontres, car le collectif est avant tout un club social : en Argentine, les familles d’un même quartier avaient l’habitude de se réunir pour discuter, faire du sport ou un asado. Et bien sûr, il s’agit de jouer. La maman de Célia, 5 ans et demi, s’extasie : "J’ai trouvé cette initiative super ! C’est un engagement fort car c’est tous les samedis. Mais j’ai envie que ma fille comprenne qu’elle n’est pas seule. Le Club Social ARC-EN-CIEL est aussi important pour les parents, pour se soutenir.” Pour Aude, la présidente, le rôle des parents est primordial : “Avec une heure par semaine d’activités en français, on ne prétend pas changer la réalité des enfants. Mais parler à des copains de leur âge en français, ça légitime la langue. Je ne voulais pas que ma fille se sente mal entre deux cultures”, elle qui confie s’être toujours sentie écartelée entre l’Argentine et la France. Son credo ? “L’union fait la force”. Aujourd’hui, une trentaine de familles franco-hispanophones déposent leur enfant au local Chimera Arte tous les samedis. Un chiffre que l’association a l’ambition d’augmenter, selon Caroline : “Il y aurait 500 familles françaises à Buenos Aires avec des enfants de 0 à 8 ans. Si vous n'avez pas envie de placer leurs enfants au lycée français Mermoz, loin et coûteux, l’association s’adresse à vous”.
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