Les Nizams d’Hyderabad ont régné sur l’état princier du Deccan du 18e au 20e siècle et sur huit générations, fluctuant de pouvoir et de puissance au cours du temps. Les incroyables richesses des Nizams provenaient des fabuleux diamants de la mine de Golgonda, de leurs vastes terres agricoles et du commerce des perles. Une grande partie des revenus fonciers venait des tributs offerts par les vassals et par les taxes extorquées aux paysans.
Hyderabad, un État princier vaste
Au sommet de sa gloire, le Nizam régnait sur environ 215 000 km2 de terres avec plus ou moins 15 millions de personnes. La majorité d’entre eux étaient hindous, mais le Nizam, sa famille et l’élite sont des musulmans sunnites.
Les Nizams d’Hyderabad, des vassaux fidèles
Ils sont fidèles à l’empire Moghol à Delhi puis au Raj britannique soutenant sa Majesté lors de l’insurrection de 1857 au contraire de tous les autres États princiers musulmans. L’État d’Hyderabad a été le siège de nombreuses intrigues entre les Français et les Anglais, chacun ayant amassé de grosses fortunes au passage. Un certain nombre d’occidentaux ont épousé des princesses de l’aristocratie locale et la vie multiculturelle d’Hyderabad cache bien des histoires d’amours et nombre de familles mixtes. Le destin des uns croise celui des autres, mais l’intérêt de tous est le même: le pouvoir sur cette partie essentielle de l’Inde entre le Nord et le Sud.
Toutefois dès 1926, le Nizam est sous tutelle du Raj Britannique et est dépourvu de toute autorité réelle. (Malgré cela les Nizams soutiendront financièrement les Anglais pendant les 2 guerres mondiales et financeront même deux escadrons de la RAF).
Un nizam régnant sur un peuple rural illettré et affamé
Quand le 7ème Nizam Osman Ali Khan est intronisé en 1911, l’avenir lui paraît souriant : son état princier est l’un des plus vastes du Raj, il a encore sa propre monnaie, son propre réseau ferré et postal, ses caves sont remplies de diamants, d’émeraudes, de perles, d’or et d’argent … et il accumule aussi d’importants revenus fonciers.
Ses sujets, eux, vivent sous son joug autoritaire et féodal créant de profondes tensions sociales et laissant le peuple rural illettré et affamé.
Le Nizam Osman Ali Khan, l’homme le plus riche du monde
Cela n’empêche pas le Nizam Osman Ali Khan d’être déclaré l’homme le plus riche du monde dans les années 30 au moment où il cherche à marier ses deux fils dont son héritier, l’aîné, le prince Azam. Les deux princes ont une éducation plutôt sommaire, mais leur richesse fait tourner les têtes. Finalement, le 12 Novembre 1931 a lieu à Nice un double mariage : les deux princes indiens épouseront deux princesses ottomanes vivant en exil en France depuis la chute du Sultanat Ottoman en 1918.
Le prince héritier Azam épouse la princesse Durru Shevar, fille unique du dernier Sultan Abdul Mejid et un parti “en or”. En effet, Durru Shevar a reçu une éducation raffinée, elle est très éduquée, elle parle couramment turc, français et anglais. Elle est musicienne, poète, élégante, très belle et de lignée prestigieuse.
De fille de Sultan régnant sur l’empire musulman le plus puissant du monde à exilée loin de chez elle, son destin l’emmène vers une nouvelle patrie, l’Inde, pour devenir la femme d’un prince richissime scellant ainsi l’union de deux illustres dynasties musulmanes.
En décembre 1931, les deux couples princiers quittent l’Europe en bateau pour rejoindre Bombay puis Hyderabad. Et qui est à bord de ce navire ? Le Mahatma Gandhi en personne !
Chacun voudrait se rencontrer mais impossible aux princes de descendre en 3eme classe où était Gandhi et celui-ci refuse de monter en 1ère. Finalement ce sera dans les salons de 2nde classe que la rencontre au sommet aura lieu. Que se sont-ils dit ? Nul ne le sait ...
L’empreinte de Durru Shevar sur Hyderabad
À Hyderabad, la jeune mariée Durru Shevar apprend vite l’urdu, puis, avec son élégance, son intelligence et son énergie, elle va moderniser la cour du Nizam et la ville toute entière. Avec passion, elle œuvre pour les femmes et l’éducation, elle fait construire un hôpital pour les femmes et un autre pour les enfants, une université pour jeunes filles, un aéroport … Elle est secondée avec enthousiasme par sa belle sœur et cousine Niloufer réputée pour sa beauté et son élégance sophistiquée.
Les deux princesses ottomanes vivant hors du purdah ont à leur façon révolutionné la vie quotidienne de leurs sujets.
Du mariage plutôt malheureux d’Azam et de Durru Shevar sont nés deux fils dont le prince Mukarram Jah qui sera le dernier Nizam d’Hyderabad ... à suivre !