Les Parsis sont les adeptes du parsisme, confession dérivée du zoroastrisme. Ils constituent l'une des deux communautés zoroastriennes (l'autre étant celle des Iranis) ayant quitté le monde iranien pour s'installer principalement en Inde.
La majorité des Parsis vivent dans les états du Gujarat et du Maharashtra (principalement à Bombay). Malgré sa petite taille (environ 70 000 personnes selon le dernier recensement de 2011), la communauté est très influente sur le plan économique en Inde : à titre d’exemple, la famille Tata est parsi. C’est pourquoi Navroz, le nouvel an parsi, qui est généralement le 16 août, est un jour férié dans le Maharashtra.
En 2019, une Parsie, habitant à Mumbai, racontait à la rédaction les traditions du nouvel an dans sa famille.
“Il y a 25-30 ans, ma famille était une très grande famille qui comptait des grandes tantes, des grands oncles et de nombreux cousins. Quand j’étais enfant, j’attendais le nouvel an avec impatience. Les célébrations étaient toujours les mêmes et j’aimais cette routine. Nous n’étions pas une famille très religieuse même si nous sommes issus d’une famille de prêtres.
Les festivités étaient plutôt concentrées sur la bonne chère (beaucoup de nourriture …) et la bonne compagnie.
Nous portions de nouveaux vêtements et le matin, nous allions au temple (“agiary”) pour prier. Ma mère tenait la main de mon frère et la mienne et nous guidait vers la lampe à huile (“diya”) et nous faisions un voeu ou une prière. J’aimais surtout jouer avec le chien du prêtre et regarder les poissons et les tortues nager dans le bassin du temple.
Enfin, nous donnions de petites enveloppes avec de l’argent comme présents aux prêtres.
Un de mes grands oncles nous invitait au Ripon Club pour le déjeuner. A l’époque, le club, situé dans le quartier de Fort (à Kala Ghoda) était réservé aux hommes. Les femmes n’y étaient admises que certains jours pour des occasions particulières. C’est pourquoi j’adorais y aller, c’était un peu comme pénétrer dans un endroit interdit.
Le déjeuner du nouvel an était fastueux et comprenait tous les plats les plus réputés de la cuisine parsie comme, par exemple le Marghi na farcha ou poulet farcha et les sweet sev (vermicelles sucrés).
Mais, pour moi, le plus excitant était de pouvoir me promener dans le club : des rampes en marbre aux meubles en bois de teck et de palissandre en passant par les fauteuils confortables dans lesquels les vieux membres dormaient en se cachant derrière leur journal, tout m’inspirait déférence et admiration.
Le soir, nous nous retrouvions chez mon arrière grand-mère. Elle était décédée depuis longtemps mais mes grands oncles occupaient sa maison. Avant le diner, nous prenions l’apéritif : c’est indispensable dans une maison parsie ! Je me souviens d’éclats de rire, de moqueries gentilles et du brouhaha des conversations. Mes oncles racontaient les mêmes histoires chaque année, mais tout le monde écoutait et riait. Il y avait beaucoup de joie et bien-être dans ces moments, mais aussi beaucoup à manger : j’avais toujours l’impression que les cuisiniers ne s'arrêteraient jamais de préparer des snacks.
Dans la soirée, un des cousins de ma mère se mettait au piano puis ma grande tante nous appelait dans sa chambre et nous donnait un cadeau et nous bénissait.
Ensuite, attirés par la bonne odeur d’épices et de sucré qui s’échappait de la cuisine, nous passions dans la salle à manger pour déguster les plats traditionnels parsis préparés à la maison. Il y en avait tellement qu’ils couvraient toute la table pourtant grande. Nous ne nous asseyions jamais à table, nous nous servions simplement et repartions dans le salon avec notre assiette bien remplie.
Ma famille est bien plus petite aujourd’hui, les personnes âgées de l’époque sont décédées et beaucoup d’autres membres sont partis vivre à l’étranger, mais nous continuons à fêter le nouvel an, seulement avec moins de faste. Ma mère, une bonne amie et moi allons diner dans un restaurant. Même si nous ne nous préoccupons plus de nous vêtir de nouveaux vêtements, nous continuons à décorer le sol de la maison de dessins à la craie et d’une guirlande de fleurs sur la porte et autour des photos des membres de la famille qui ne sont plus parmi nous.
Pour moi, le nouvel an est synonyme de renouveau. Personne n’envoie plus de cartes de vœux de nos jours, mais nous échangeons des messages et des coups de fil. C’était traditionnellement un événement familial, c’est aujourd’hui plus une occasion de sortie au restaurant. Je pense que c’est inéluctable quand les familles se réduisent."
De nombreux restaurants de Mumbai proposent un menu spécial pour Navroz, le nouvel an parsi pendant plusieurs jours avant et après l'évènement. Il est conseillé de réserver.