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François-Henri Désérable invité de la New Delhi World Book Fair

Francois-Henri DésérableFrancois-Henri Désérable
Galliwiki
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 5 avril 2023, mis à jour le 19 décembre 2023

François-Henri Désérable, jeune écrivain français qui a reçu le Grand Prix du Roman de l'Académie française pour son roman Mon maître et mon vainqueur publié en 2021, a présenté, le mardi 28 février 2023 à l’Alliance française de Bombay, le récit de son voyage en Iran fin 2022 qui sera publié en avril 2023. La rédaction l’a rencontré à l’issue de la soirée.

 

Champion de hockey sur glace, François-Henri Désérable s'est orienté dès ses 18 ans vers la littérature et a écrit quatre livres, tous publiés aux Éditions Gallimard et traduits dans plus d'une dizaine de langues. Il a reçu le Prix de la Vocation pour son livre Tu montreras ma tête au peuple, qui retrace les derniers instants des décapités de la Révolution française. Son deuxième livre, Évariste, est un roman biographique sur le mathématicien surdoué Évariste Galois. Il a ensuite publié Un certain M. Piekielny, dans lequel il retrace l'histoire d'un personnage décrit par Romain Gary dans son roman Promesse d'aube. Sa dernière publication est une histoire d'amour passionnée intitulée Mon maître et mon vainqueur, qui a reçu le Grand Prix du Roman de l'Académie française. 

 

Mon maitre et mon vainqueur de François-Henri Désérable

 

De novembre à décembre 2022, il a sillonné l’Afghanistan pendant quarante jours alors que le pays était secoué par des manifestations contre le gouvernement qui ont été et sont toujours réprimées sévèrement. 

François-Henri Désérable a fait partie de la délégation d’une vingtaine d’auteurs et illustrateurs français invités par l’Institut Français en Inde pour participer à la New Delhi World Book fair, un des grands événements littéraires de l’Inde. La France était l’invitée d’honneur en 2023.

 

 

lepetitjournal.com : Bonsoir, merci de nous accorder un peu de temps après cette présentation de votre voyage en Iran. On vous propose de commencer par la question habituelle : Etiez-vous déjà venu en Inde ?

François-Henri Désérable : Je suis venu plusieurs fois en Inde parce que ma sœur est mariée à un Indien de Delhi. Elle a longtemps vécu à Delhi et y vit encore une partie de l’année. J’ai aussi visité le Rajasthan. 

L’année dernière, j’ai participé au festival Bonjour India organisé par l’Institut français en Inde pour des événements à Delhi et j’en ai profité pour visiter ensuite Srinagar, la capitale du Cachemire. Cette année, en plus de ma participation à la New Delhi World Book fair, je suis venu à Bombay pour plusieurs conférences dans les universités locales et à l’Alliance française de Bombay. 

 

Francois-Henri Désérable à l'Alliance française de Bombay
Francois-Henri Désérable à l'Alliance française de Bombay


 

Vous êtes venu présenter votre livre sur votre voyage récent en Iran, L’usure du monde, à l’Alliance française de Bombay, pouvez-vous nous en parler ?

Tout d’abord, c’était la première fois que j’en parlais, le livre n’est pas sorti en librairie, je n’étais pas encore bien rodé !

C’est la lecture de l’ouvrage de Nicolas Bouvier, L'usage du monde, qui m’a poussé à entreprendre ce voyage en Iran qui a été ensuite retardé par la pandémie de Covid-19. Finalement, j’ai enfin obtenu mon visa et finalisé les derniers préparatifs juste au début des manifestations qui ont secoué l’Iran fin 2022. J’ai hésité mais je suis quand même parti.

Le voyage a commencé à Téhéran, puis j’ai suivi le parcours de Nicolas Bouvier jusqu’au Baloutchistan, une région située entre, à l’ouest, l’Iran, au nord, l’Afghanistan, et à l’est, le Pakistan. Je suis ensuite revenu sur Téhéran et j’ai décidé de me rendre dans le Kurdistan dans la ville de Saqueez, d’où était originaire Mahsa Amini, la jeune femme tuée par la police des mœurs parce qu’elle portait mal son voile. Et là, les gardes de la révolution m’ont contacté alors que j’étais dans un café de la ville, m’ont interrogé pendant de longues heures et m’ont ordonné de quitter la ville sous 48h et le pays sous 72h ce que j’ai fait sans hésiter !

Le titre du livre, L’usure du monde, fait référence à l’ouvrage de Nicolas Bouvier, L’usage du monde, qui m’a inspiré ce voyage. Le livre sera publié en mai 2023.

 

 

 


Les personnes présentes à cette conférence sont donc privilégiées d’avoir découvert quelques bribes du livre avant même sa publication, et en sont ravies. Voici quelques unes de leurs remarques :

"C’était très touchant, drôle par moment et très intéressant."

François-Henri Désérable a fait preuve de beaucoup de courage d’avoir continué le voyage alors que le pays était en proie à des manifestations réprimées sévèrement."


 

 

Durant la présentation, vous avez indiqué que, même si vous n’étiez pas parti avec l’idée d’en faire un livre, vous avez finalement rédigé le récit de votre voyage dès votre retour. Dans quelle catégorie classeriez-vous votre ouvrage ? Est-ce un livre politique ? 

C’est un récit de voyage qui se déroule lors d’une période éminemment politique. Mais néanmoins je l’ai écrit de façon à ce qu’on puisse le lire dans 10-15 ans sans qu’il ait perdu de son intérêt. Je voulais faire une œuvre littéraire, pas un livre de journaliste. J’espère avoir réussi. 

Je me suis aussi posé la question de ma légitimité en tant que Français de passage pour écrire sur l’Iran, mais l’ouvrage sur la révolution de 1979, Le Shah, de Richard Kapuczinski, un journaliste polonais, m’a convaincu. C’est un très beau livre sur ce sujet et peut-être le plus beau à mes yeux.

 

Je pense que le fait d’être étranger, d’écrire sur un pays que je ne connaissais pas et que je voyais pour la première fois m’a permis d’avoir un regard dépourvu du moindre préjugé. 

Avant de partir pour ce voyage, j’ai aussi lu beaucoup de livres sur l’Iran d’auteurs iraniens et français et en particulier Je vous écris de Téhéran de Delphine Minoui et des récits de voyage dont Vers Ispahan de Pierre Loti. De nombreux ouvrages de la littérature iranienne sont traduits en français même si celle-ci n’est pas encore très lue en France. 

 


François-Henri Désérable a aussi raconté en exclusivité une partie de son voyage dans le Journal du Dimanche dans un article réservé aux abonnés : Après 40 jours en Iran, l'écrivain Francois-Henri-Désérable raconte l'usure d'un monde.


 

 

Quels sont vos projets après la publication de votre livre sur l’Iran ?

Un projet sur le vin !!! En Iran, la ville de Chira est le berceau du cépage Syrah qui n’est plus produit sur place. Je l’ai visitée.

Si on compare l’ouvrage de Nicolas Bouvier, L’usage du monde, au livre que je vais publier, l’évolution de l’Iran vers le conservatisme est frappante : dans son récit, Bouvier décrit les troquets et les verres qu’il boit alors qu’aujourd’hui, boire de l’alcool en Iran est passible de quelques coups de fouet et les gens s’y risquent assez peu.

 

Mais, de manière surprenante, lors de la coupe du monde de football au Qatar, le jour de la défaite de l’Iran contre les États Unis, le patron du café dans lequel j’étais, a sorti une bouteille d’Arak et a trinqué… à la défaite de son pays. 

 

J’ai aussi un livre en attente de publication, un récit de voyage en Amérique du Sud, qui a été retardé pour permettre la publication de mon ouvrage sur l’Iran.

 

 

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