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Entretien avec M. Gautier Mignot, Ambassadeur de France en Colombie

Ambassadeur France Bogota ColombieAmbassadeur France Bogota Colombie
Écrit par Alexandre Octave BEDDOCK
Publié le 13 mars 2019, mis à jour le 18 juin 2019

lepetitjournal.com : Comment devient-on ambassadeur ?

Monsieur Gautier Mignot, Ambassadeur de France en Colombie : Il existe deux façons différentes : être diplomate de carrière, et candidater sur les postes disponibles. Après une série d’entretiens, une proposition est faite par le Ministre (des Affaires Etrangères) au Président de la République. Cela a été mon cas.

On peut aussi être nommé ambassadeur sans être de la carrière, mais toujours en ayant une expérience en matière internationale.

 

Où étiez-vous ambassadeur avant ?

C’est la première fois que j’occupe la fonction. Auparavant, j’étais numéro 2 de l’ambassade de France à Dakar, au Sénégal entre 2009 à 2013. Avant je travaillais à Bruxelles auprès des Institutions Européennes pour le Ministère des Affaires Etrangères.

 

Comment décririez-vous votre métier à un enfant ?

C’est ce que j’ai fait pas plus tard qu’hier au lycée français de Medellin auprès d’élèves de CP ! L’Ambassadeur, c’est quelqu’un qui représente son pays dans un autre pays. Je représente la France en Colombie.

 

Ambassade france Colombie
Petit-déjeuner de travail

Comment se déroule la journée de travail d’un Ambassadeur ?

Elle commence souvent avec un petit déjeuner, comme ce matin avec vous. Puis des réunions à l’ambassade, ou à l’extérieur. En ce moment je suis souvent au Congrès colombien pour faire ratifier l’accord sur la double-imposition. Le soir, nous participons à des événements, ou des réceptions. Il y a également beaucoup de réceptions ici (à la Résidence de l’Ambassadeur), près de 150 événements par an.


Près d’un tiers de mon temps, je suis en province (colombienne). Je rentre tout juste de 4 jours dans le Choco colombien. C’est important pour moi de sortir de “Catchacolandia » et représenter la France dans tout le pays, même les endroits les plus reculés.

 

Vous rentrez souvent en France ? Quels sont vos rapports avec les institutions ?

En moyenne : 3 fois par an. Nous sommes en contact continu avec la direction « Amériques » du Quai d’Orsay, parfois directement avec le ministre, notamment quand quelque chose d’important se produit, par exemple une visite ministérielle, voire présidentielle. Nous espérons d’ailleurs que ce sera le cas dans quelques mois.

 

Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’Ambassadeur ?

Il y en a beaucoup. Les meilleurs sont les déplacements en province. Un jour j’ai visité Neira, un petit municipio, près de Manizales. Nous y avons reçu un accueil incroyable. Il y avait des enfants avec des drapeaux français, et des danses folkloriques. Cela m'a rappelé un passage du livre de Ernest Bourgarel, l’Ambassadeur français en Colombie à la fin du 19e siècle. Il y décrivait la même chaleur humaine. A la différence que mon illustre prédécesseur était arrivé en âne et non en 4x4 (rires).

 

De quoi êtes-vous le plus fier en tant qu’ambassadeur ?

Ce n’est pas tant de la fierté mais plutôt le sentiment du devoir accompli et la satisfaction qui en découle. Cela me tenait à cœur d’obtenir de Paris que l’on revalorise les plus bas salaires de l’Ambassade en Colombie. Ainsi que de défendre la mémoire de Julie, jeune Française venue faire du volontariat en Colombie, victime de l’attentat du centre commercial Andino en juin dernier, avec l’instauration du Prix Julie Huyn. Il a ete remis le 27 juin dernier et a récompense une jeune colombienne  realisant une mission de benevolat .

 

Quels sont vos objectifs ?

Nous essayons de faire avancer le dossier de la double-imposition pour ne plus être taxé à la fois en France et en Colombie. Il est très attendu, à juste titre, par nos concitoyens expatriés en Colombie. Comme chez nous, les méandres administratifs allongent les délais : après l’accord du Congrès, il faudra qu’il soit ensuite révisé par la Cour Suprême. S’il n’est pas appliqué en 2019, ce sera pour 2020 !

 

Qu’aimez-vous dans votre métier ?

Le changement. Nous voyageons en voyant ce que l’on ne verrait pas en tant que touriste. Nous rencontrons des gens formidables. On change de métier tous les trois ans, en vivant des contextes très différents. Ce n’est pas un seul métier, ce sont des dizaines !

 

Qu’aimez-vous en Colombie ?

Tout, la littérature, les musiques, les danses !  Et évidemment cet état d’esprit colombien, marqué par l’amabilité et la politesse, que l’on verrait parfois comme de l'obséquiosité, mais qui est très agréable, alors que nous, sommes parfois “brusques” dans nos rapports. J’admire ces gens qui arrive à rester allegre quelles que soient les circonstances.

 

Votre danse préférée ?

Le Vallenato !

 

Qu’est-ce que vous regretterez quand vous quitterez la Colombie ?

Certainement la petite arepita au petit-déjeuner.

 

Qu’est-ce qu’il manque à Bogota ?

Un métro ! Nous espérons que c’est pour bientôt, et nous allons essayer d’y participer. Nos entreprises sont très intéressées : en France nous avons l’expertise et l’expérience de ces projets, tant sur le roulant, que sur l’infrastructure et le gros œuvre.

 

Qu’est-ce qu’il manque en Colombie ?

L’égalité. L’égalité entre les gens et entre les territoires.


Avez-vous un message pour les Français de Colombie ?
Je suis très heureux de les rencontrer régulièrement, et j’ai hâte de les recevoir pour notre fête annuelle du 14 juillet. Je veux aussi leur dire que nous avons beaucoup de chance de vivre dans ce pays magnifique qu’est la Colombie.

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Publié le 13 mars 2019, mis à jour le 18 juin 2019

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