Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Un éléphant braconné dans le parc national d’Alaungdaw Kathapa

éléphant tué Birmanieéléphant tué Birmanie
Écrit par Julia Guinamard
Publié le 25 mai 2020, mis à jour le 6 juillet 2020

Un éléphant a été retrouvé mort le 13 mai au parc national d’Alaungdaw Kathapa, à l’ouest de Monywa, dans la région de Sagaing. C’est un villageois qui a alerté les autorités locales après avoir trouvé le cadavre du pachyderme criblé de quatre balles. Les autorités locales écartent la possibilité de personnes ayant tiré pour se défendre – il arrive que les éléphants deviennent très agressifs et dangereux – et affirment que le braconnage ne fait aucun doute : « Les tueurs ont coupé les défenses et les ont emportées. Ils ont même coupé les ongles des quatre pattes et éviscéré l'éléphant ». Trouvé près d’une rivière, l’animal a probablement été piégé alors qu’il se désaltérait.

La Direction des forêts estime que l’éléphant avait 20 ans. L’espérance de vie des éléphants d’Asie se situe entre 40 ans et 60 ans et leur maturité sexuelle est aux alentours de 14 ans. A 20 ans, il s’agissait donc d’un animal en pleine force de l’âge qui aurait du pouvoir se reproduire pendant au moins 20 ans. Chaque disparition de jeunes mâles comme celui-là est donc alarmante pour le futur de l’espèce à l’état sauvage.

Une enquête a été ouverte par les autorités d’Alaungdaw Kathapa dans les villages environnants. Le chasseur, s’il est trouvé, risque jusqu’à trois de prison selon la loi sur la conservation de la biodiversité des zones protégées passée en 2018. La loi prévoit également une récompense de trois millions de kyats (environ 2 000 €) pour toute dénonciation.

Le WWF au secours des éléphants

Depuis 2017, le World Wildlife Fund (WWF) forme des rangers à lutter contre le braconnage d’éléphants. Au-delà de la formation, l’organisation non-gouvernementale (ONG) couvre les frais de nourriture et d’équipement de ces gardes, ainsi que la mise en place de caméras de surveillance. Au parc national Alaungdaw Kathapa, d’une superficie de 1 400 kilomètres-carrés, 24 rangers assurent la sécurité. Depuis 2018, WWF a lancé une campagne « Des voix pour les MoMos », MoMo étant le nom d’un célèbre pachyderme du zoo de Yangon. Le but est d’inciter les consommateurs à ne plus utiliser les produits dérivés d’éléphants.

Ces initiatives jumelées avec la loi sur la conservation de la biodiversité des zones protégées semblent produire des résultats positifs. En 2018, quatorze éléphants ont été tués contre 59 en 2017, un bon indicateur des effets de la campagne de WWF. Le biologiste Saw Htoo Tha Po nuance toutefois : « Peut-être y a-t-il simplement moins d’éléphants à braconner ».

Les produits dérivés d’éléphants, un marché fructueux

Les éléphants sont chassés pour leur ivoire, mais aussi pour leurs organes, comme la peau qui selon la médecine chinoise a des vertus médicales, notamment pour lutter contre l’eczéma. Le commerce d’organes d’éléphant, contrairement à l’ivoire où seuls les mâles ont des défenses, n’est pas soumis à une logique d’âge ou de sexe. Cela pose d’autant plus de problèmes quant à leur préservation.

Les produits dérivés d’éléphants se retrouvent sur les marchés birmans, mais souvent aux frontières avec la Chine ou la Thaïlande, deux pays grands consommateurs. Il en est ainsi de la ville de Mong La, dans l’état de Shan, frontalière de la Chine et où le trafic d’animaux est abondant. En Chine, un kilo de peau d’éléphant se vend 240 € et le prix d’une défense, selon sa taille et son poids, peut s’élever à plusieurs milliers d’euros. Les pachydermes sont aussi capturés pour être envoyés en Thaïlande pour le tourisme.

Les éléphants ont un rôle primordial dans l’écosystème forestier. Des centaines d’espèces dépendent de leur activité pour accéder à l’eau ou à la nourriture. Le braconnage n’est pas la seule menace qui plane sur les pachydermes, l’abattage illégal de bois, l’extension des cultures et des routes réduisent leur territoire et par extension leurs chances de survie. Espèce menacée et placée sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, la population actuelle d’éléphants en Birmanie est estimée entre 1600 et 2000 individus contre 10 000 dans les années 1940, selon la Direction des forêts.

Flash infos