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Trois peintres de rue innocentés « d’insulte à la religion »

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La composition mise en cause par des intégristes bouddhistes à Myitkyina
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 22 juillet 2020, mis à jour le 23 juillet 2020

Les trois artistes accusés par le gouvernement kachin « d’insulte à la religion » ont finalement été acquittés et ont pu sortir de prison le 17 juillet dernier, après y avoir quand même croupi durant plus de trois mois avant d’être en définitive reconnus innocents !

Lepetitjournal.com Birmanie avait conté la triste anecdote en son temps : un groupe de trois artistes de rues de Myitkyina, menés par le peintre Zayar Hnaung, avait réalisé une peinture murale allégorique représentant des soignants essayant de tirer la planète Terre des griffes de la Mort et de son coronavirus. Les artistes voulaient susciter une prise de conscience des risques de l’épidémie de coronavirus. Malheureusement pour eux, quelques mal-pensants ont trouvé que la couleur du manteau de la Mort était celle de la robe des moines bouddhistes birmans et que donc les peintres laissaient entendre que les moines répandaient la maladie. Une vision indigente mais qui a convaincu la Direction régionale des affaires religieuses de les inculper pour « insulte à la religion », selon l’article 295(a) du Code pénal, qui prévoit une peine maximale de deux ans de prison.

Les artistes se sont défendus depuis le début en expliquant à qui voulait les entendre que la couleur en question était un rouge symbolisant le sang et donc la mort et qu’ils avaient juste voulu « interpeller les passants, les éduquer, leur montrer les ravages de la Mort sur le Monde avec son virus ». Mais la culture iconographique du directeur régional des affaires religieuses laisse manifestement à désirer, sa vue aussi peut-être car malgré les exemples d’œuvres similaires dans le monde qui lui ont été présentés, il n’a pas voulu retirer sa plainte au nom de l’état de Kachin. Peut-être aussi parce que le Kachin compte un tiers d’habitants à se réclamer de confessions chrétiennes et que la religion devient un terrain politique avec les élections qui arrivent le 8 novembre 2020...

La raison l’a quand même emporté et après la bagatelle de 12 auditions en cour pendant les trois derniers mois, le tribunal a finalement statué que « la couleur de la peinture n’est pas celle d’une robe de moine et que les peintres n’ont pas cherché à se moquer du bouddhisme ». En conséquence, les trois artistes ont été relâchés. « C’est une décision juste » s’est contentée de conclure l’avocate des peintres.

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